- jouons.
- jouons.
- au roi du silence.
- le premier qui se fait choper a perdu.
- t'as déjà perdu.
- c'est donc toi le roi.
- j'préférais les princes qui pouvaient fricoter avec les princesses.
- c'est donc toi le roi.
- maintenant ?
- bientôt.

- bayek !
le souffle est court.
- c'est terminé.
- terminé ?
- il a été arrêté.
- quand ?
- y'a une heure.
le souffle s'arrête.

- et tu sais où il va finir ?
- purgatoire.
- et tu sais où toi tu vas finir ?
- j'y suis déjà.
- où ?
- en enfer.

papa a toujours su mentir.
- mon fils n'a rien à voir avec cette histoire. de moi il porte seulement le nom, pas les erreurs. mon fils est innocent.
papa a toujours su très bien mentir.
- mon fils.

- tes billets.
un temps.
- t'aurais plus raison de m'les foutre au fond d'la gorge que de m'les mettre dans la main.
il rit.
- vieillesse rime pas avec sagesse hein...
il s'approche. il se penche. il glisse les doigts sous le menton - il regarde, admire peut-être, vole un baiser des soleils du qatar. il fait bagages.
- t'as l'air tout l'temps triste adonis. sauf quand tu dors.
les épaules se haussent, il regarde par-dessus, referme les quelques boutons de sa chemise froissée.
- on dirait qu't'es mort.
oeillade rapide sur les ébats consommés, en témoignent les draps souillés, dessinnant dunes et crevasses formées par les corps échoués. la main qui passe dans les cheveux, le soupir léger et les bras qui s'étirent, cherchent l'accord du ciel.
- tu sais où m'trouver.
les cils papillonnent, miment l'insouciance d'une biche alors que le corps disparaît, fuit les lieux. les mains se mettent à fouiller - sortent un paquet de cigarettes, une qui termine dans son bec qu'il allume. fumée qui flotte dans les couloirs - à trouver, trouver quelque part dans le noir, derrière le clignement d'un oeil, dans l'espace entre deux doigts.