Orion était seul, le boulot était fini et il avait envie d'aller faire un tour. Il avait de plus de plus de crises d'angoisse. Il doutait de tout et surtout de lui même. Son passé lui revenait en pleine figure et il doutait même de sa famille. Quand il était en crise, il pensait que sa famille avait voulu qu'Orion soit témoin de ce meurtre et qu'il s'éloigne. Peut être qu'il n'avait pas été voulu après tout. Mais aujourd'hui, il était à peu près calme. Il n'avait pas du faire de la paperasse et ça le changeait de faire du terrain. Pourtant les alentours n'apaisaient pas la colère qui commençait à monter à lui. Jusqu'à présent, seule sa colocataire, Astra arrivait à le percer et à comprendre pourquoi il était comme ça. Orion ne se comprenait plus lui même. Il leva la tête et il vit une fille qui lui ressemblait. Il fronça les sourcils, il savait que sa famille était là alors il se doutait bien que c'était l'une de ses soeurs. Il se rapprocha alors et reconnut sa soeur Beth. Sa grande soeur. Il avait toujours été proche d'elle petit, puis petit à petit il s'était éloigné. De la voir plus âgée, le choqua. Peut être qu'il réalisait enfin qu'il s'était passé cinq ans depuis sa dernière fugue. Il se mit à sa hauteur et il lança:

"Hello Beth... nice to see you after all this time... "

Le visage fermé, l'air mi perdu et mi en colère, il fixait sa soeur. Il était tellement heureux de la revoir. Mais en même temps, il était en colère de la retrouver ici, et non au Texas. Ses émotions se mélangeaient en lui et il préféra croiser les bras.

"Do you remember me? Or maybe you pretended I was dead... I know it would be better for you all... and I know I left... But I prefered run away instead of hurting one of you..."

L'heure des explications avait sonné et Orion avait curieusement déballé son sac. Maintenant, il ne va rien dire. Il sait que s'il parle, il allait regretter ses mots.

Tu te balades, c’est ton moment à toi. Tu as enfilé tes chaussures, tu as pris ton sac à dos et ton vieux baladeur avant de te mettre en marche. Cela fait cinq ans que tu es à Liberty, tu commences à connaître les sentiers aux alentours. Cette minuscule petite ville est devenue ta maison, si différente de ta vie au Texas, plus sombre, moins lumineuse mais aussi bien plus riche sans que tu ne saches très bien pourquoi. Tu allumes ton baladeur et une mélodie jouée au piano retentit. Tu télécharges tout ce que tu trouves dans l’espoir de tomber sur la perle rare, le prochain morceau qui viendra se rajouter à la longue liste de partitions que tu joues tous les soirs dans ce piano bar rassemblant les plus riches de la ville. Une façade, tu le sais. Tu sais que Liberty est rongée de nombreux maux et pourtant, comme les autres tu fermes les yeux préférant te bercer dans cette vie paisible au milieu de la nature. Tu n’as pas de reproches à faire aux autres, toi aussi tu vis dans le secret, un secret qui te ronge mais qui te fait vivre aussi et qui te fait vibrer à cet instant précis. Chaque mélodie, chaque note fait apparaître une image puis une autre. Des corps qui se collent, s’enlacent à un rythme qui s’accélère. Tu sens ta respiration s’accélérer, tu ne vois presque plus où tu avances alors tu t’arrêtes, tu te laisses submerger par les images de ces corps que tu as croisés et à qui tu donnes vie dans des situations qui en feraient rougir plus d’un. Tu sens la chaleur dans ton bas ventre, il n’en faut pas beaucoup, il n’en faut jamais beaucoup mais un bruit surgit soudain te faisant perdre le fil. Tu lâches le baladeur qui tombe sur le sol parsemé de mousse et tu te retournes au moment où cette vois te dit : « Hello Beth... nice to see you after all this time... » Tu rêves, ce n’est pas possible. Tu ne comprends pas. Cet homme ressemble à ton frère qui a disparu un jour sans donner de nouvelles cinq années auparavant. Tu te pinces mais non, c’est la réalité. Ton esprit devient une feuille blanche, tu ne comprends pas ce qui se passe. « Do you remember me? Or maybe you pretended I was dead... I know it would be better for you all... and I know I left... But I prefered run away instead of hurting one of you... » Il doit bien être ton frère, celui que tu étais persuadée d’avoir perdu pour toujours sans jamais avoir compris pourquoi, ce qui l’avait poussé à partir. Tu ne comprends pas et tu sens la colère monter. Prétendre qu’il était mort ? Vous n’aviez jamais fait ça, c’était lui qui était parti. « What the hell are you doing here Orion ? » Peut-être qu’il se vexera mais franchement tu ne comprends pas. Tu n’arrives pas à réaliser qu’il est là, c’est trop pour toi. « Nobody pretended you were dead. We looked for you for months and you never called so we moved on what other choice did we have ? » C’était peut-être cruel mais il n’avait pas le droit de tous vous condamner avec son choix, il ne pouvait pas espérer que vous alliez vous être arrêté de vivre pour l’attendre. « How long have you been here ? » Tu ne sais pas pourquoi tu lui demandes mais tu veux savoir, tu veux savoir s’il est venu ici pour vous retrouver ou pas.

Sa soeur lui faisait face et Orion se sentit mal soudainement. C'était douloureux de revoir le visage de Beth, cinq ans après. Orion avait mal très agi en partant sans dire pourquoi mais il n'avait pas le choix. Il n'allait pas très bien à l'époque. D'ailleurs ça ne s'arrangeait pas mais il avait besoin de sa famille. Elle lui demandait ce qu'il faisait ici. Il se le demandait aussi. Il faisait quoi à Liberty? Pourquoi ici? Pourquoi dans la même ville que dans sa famille? Ca faisait trop de questions pour Orion. Il soupira et il répondit: "I work here... I live here now... But I'm not ready to see our family.... You would not understand why I left... " Beth lui expliquait que personne n'avait prétendu qu'il était mort. Cela le confortait un peu. Mais Orion ne pouvait pas dire à sa soeur qu'un tueur le poursuivait depuis ses 13 ans, que quand il craquait trop il fuguait et qu'il avait voulu leur faire du mal le jour de sa remise des diplômes parce qu'il n'était pas bien. C'était trop d'informations d'un coup pour sa soeur. Pourtant Orion se brisait en mille morceau intérieurement. Qu'est ce qu'il n'aurait pas donné pour que sa soeur le prenne dans ses bras et le rassure. Mais c'était aussi froid que la glace, leur relation. "I have to leave... For you own safety.... You can't imagine what's happening in my life since I'm 13... Since this night I came from school ...late." Orion s'énervait, on aurait dit un adolescent qui se justifiait d'une sortie non autorisée. Les larmes lui montèrent aux yeux et il se mit à trembler comme d'habitude. "I came here three months ago.. after the school ended..I'm a detective now..." Il était nerveux, et il ne savait plus quoi dire à sa soeur.