Nolan Williams a écrit:

Il est un peu saoul, ce doit être pour ça qu'il agit comme un pauvre imbécile, qu'il cherche à la blesser pour qu'une fois à terre, Ethel ne puisse plus jamais l'atteindre. Il est comme ça, Nolan, une véritable bête furieuse qui se cache derrière son regard du type paumé et parfois bienveillant. Mais au fond, il est noir et toxique. Ses doigts se calment légèrement lorsqu'elle l'envoie chier et la bête finit par lâcher sa victime. C'est bon, t'vas pas te barrer comme ça, c'est ridicule. T'es ridicule. Comme s'il en avait pas déjà assez dit comme ça, comme s'il avait pas déjà été assez désagréable. Nolan se mord alors l'intérieur de la joue, il s'en veut un peu, quand même, c'est certain, mais pas assez pour s'excuser. Ethel … il souffle son prénom entre ses lèvres, comme pour tenter de se reconnecter au monde, de quitter ce cercle vicieux dans lequel il se perd un peu plus chaque jour. Sa carcasse imposante se rapproche d'elle alors qu'il la coince entre lui et la voiture. Il sent, son torse, épouser celui de son amie alors que ses yeux s'ancrent dans les siens. Son souffle brûlant s'échoue sur sa joue et une part de lui sait pertinemment qu'il a le dessus physiquement, qu'il pourrait la brutaliser et puis se barrer. T'sais bien que j'suis qu'un con, qu't'as bien fait d'en épouser un autre qu'moi. Il rit un peu contre son visage, ses lèvres à quelques centimètres des siennes. J't'ai épargné tout ça. Ce comportement de merde qu'il peut avoir, son instabilité chronique, sa violence, sa méchanceté, tout. Pourtant, l'une de ses mains se redresse et c'est là que ses phalanges effleurent doucement la bouche d'Ethel qui devient la plus belle chose de Liberty à ses yeux. Pars pas, tu m'manques déjà assez comme ça. Il dit ça alors qu'il la voit le plus souvent possible. Quand il dit tu me manques, il parle de son corps, de leurs baisers enflammés d'autrefois, de leurs moments charnels passés sous les draps et de leurs discussions interminables après ça. Dans son ivresse, le respect que Nolan lui porte subsiste, c'est pour cette raison qu'il continue de fixer ses lèvres, de les effleurer du bout des doigts sans l'embrasser. Il veut pas la perdre, seulement la retrouver.

Il fini par te lâcher, mais ses paroles elle, ne te laissent pas en paix. Il renchérit, encore. Il t’enfonce, encore. Tu es ridicule Ethel. Tu le regarde, désabusé, dégouté de son comportement de ses mots, auxquels tu n’as jamais eu droit. Jamais tu ne l’as vu comme ça, aussi sombre, en plus de dix ans d’amitié. Tu aurais dû, peut être. Mais toi, tu fais partie de ceux qui l’apprécient tel qu’il est. T’efforçant de toujours voir le positif chez lui. Nolan qui a toujours pris soin de toi. Sauf que ce soir, il brise tout le portrait idyllique tu as pu construire. Il te fait mal. Sacrément mal. Tu t’apprêtes à renchérir, aussi acerbe que lui, aussi blessante, peut être, mais il murmure ton prénom, avant de s’approcher. Près. Trop près. Beaucoup trop près. Si bien que tu recules jusqu’à ta voiture, y calant ton dos tandis que torse vient contre l tien. Que toute sa haute stature te domine complètement, sans te laisser l’espoir d’y échapper. Tu sens son souffle contre ta peau, frémissant des souvenirs brulant d’un passé enterré. Ses paroles, ton cœur qui se serre alors que tu devrais tenter de s’échapper à ses bras, à ses filets, à tout son corps plaquer contre le tien, sans y parvenir. Tes yeux viennent chercher les siens alors que ses doigts effleurent tes lèvres. Ta colère, ta peine, mêlé à autre chose d’indéchiffrable. L’envie de la haïr, de le détester et pourtant. Les yeux encore humides et les entrailles nouées. « Arrête de dire n’importe quoi, t’as des dizaines de nanas, une que t’as foutu enceinte, pourquoi je te manquerais ? La mère de famille à la vie merdique… » Finis-tu par murmurer, rappelant ses paroles. Tu sais que tu marques un point, même si tu te souviens de tout. De votre passé. Nolan qui a été là lorsque tous t’ont abandonné. Nolan qui t’a aimé, en quelque sorte, l’espace de quelques nuits. Des conversations trop longues, à refaire le monde en enchainant les cigarettes et les verres. Des nuits passées l’un contre l’autre, dans une espèce de bulle affectueuse qui t’a permis de sortir la tête de l’eau. Vous ne cherchiez rien, sinon l’affection de l’autre, l’espace d’un instant éphémères. C’est tout ça dont tu te souviens. Son soutien. Son regard brillant. Ses sourires. Ses rires, aussi. Différent avec toi. Tu déglutis, parce que malgré tout, il est trop proche. Trop proche pour ton propre bien et ta lente dépression.

Elle se cherche des excuses Ethel pour le fuir, pour fuir la vie en général. Elle se cache derrière son quotidien bien rangé et un mari plein de frics. Elle se cache derrière ses mômes et un Bruce qui ne reviendra certainement plus jamais la rejoindre. Elle se cache et lui, ça le rend triste de voir une femme de sa trempe gâcher sa propre existence. Il la regarde, fronce les sourcils, enlève ses doigts de son visage mais reste proche d'elle. Son bras se tend pour prendre appui sur la voiture tout en gardant son visage proche du sien. Il est plus sage cette fois, ses mots l'aident à pas tomber dans une débilité profonde. Si c'était une gamine comme Olga, Nolan lui aurait déjà sauté certainement au cou, aurait cherché à la détruire mais cette fois, c'est une femme qui lui fait face. Une femme qui en a bavé, qui en a vu, qui ne se démontera pour rien au monde face à lui. Bah alors putain ? C'est pas parce que j'ai de quoi baiser que j'ai pas envie de toi, que j'veux pas me retrouver un peu avec toi. Il est excédé par ce qu'elle dit alors il se recule un peu, lâche le contact avec la voiture et s'éloigne d'elle de quelques pas. On dirait qu't'as oublié, nos soirées d'avant, nos excès à deux et le retour à la vie dès le lendemain matin. Il s'énerve un peu mais parvient à se contenir parce que Nolan sait que ce n'est pas la solution avec Ethel, qu'il vaut mieux parler au lieu de gueuler. Tu me manques parce que je t'aime espèce de conne. Qu'il crache avec une insulte pour qu'elle comprenne bien. Il l'aime, bien sûr qu'il l'aime, qu'elle devrait pas en douter une seule seconde. Ethel est sa meilleure amie et ça, toutes les grossesses du monde ne suffiraient pas à le lui arracher.

Bien sur que tu cherches à le mettre en face de ses vérités. Tu ne veux pas être une énième nuit sur un tableau de chasse plus long que le bras. Tu ne veux pas être juste une erreur, alors qu’il se destine à autre chose. À une autre vie. À un autre futur. Toi, qui n’a que cette horrible sensation d’être aspirer vers le fond. Qui n’a eu que pour pleurer ses propres larmes et ses propres déboires. Toi qui tente de t’en sortir, relever la tête pour fuir l’insipide quotidien mais qui encore une fois, te heurte à un mur. Alors oui, dans le fond, tu sais que tu n’as pas le droit de lui manquer, comme il dit. Qu’il mérite mieux que tout tes malheurs et tes éternelles insatisfactions. Il est proche de toi, trop proche, mais tu ne bouges pas. Jusqu’à ce qu’il s’éloigne, de quelques pas. Se scandalise même, de tes mots. Tu ne vois plus dans son raisonnement que le pur besoin physique alors que déjà, il se recule de quelques pas pour renchérir. Pourtant toi, tu demeures appuyée contre ta voiture. Tu ne bouges pas, tu l’écoutes, jusqu’à ce qu’il marque un point à son tour. Oui vos soirées, vos nuits, vos excès l’espace d’un moment éphémère loin de la tristesse de vos quotidiens. Ces soirées à refaire le monde, à le voir en couleurs, au lieu de l’éternel noir et blanc. Tu la sens la peine, te prendre d’assaut. Tu la sens la mélancolie des jours passés. Peut être que tu aurais dû choisir autrement, à l’époque. Ne pas l’écouter. Rester buter à vouloir embrasser une autre vie. Il s’énerve mais ses dernières paroles te figent littéralement sur place, alors que tu venais de te redresser. Tu sens même les larmes venir rouler sur tes joues alors que tu le fixes, incapable de totalement assimiler. Le choc. La déclaration, sous le coup de la colère, de l’alcool aussi, peut être. Pourtant tout sonne sincère. Tout sonne vrai. Alors tu n’écoutes que ton instinct, surement idiot, impulsif. Ton cœur qui s’emballe alors que tu t’approches, prend sa main dans la tienne, le forçant à se tourner vers toi alors que ton autre main agrippe son t-shirt pour le rapprocher de toi et poser tes lèvres sur les siennes. Scellant le mystique d’une soirée inattendu, presque hors du temps. Scellant tout ce que tu peux ressentir en toi à cet instant. Ce torrent de sensation qui t’emporte, te noie, complètement. Est-ce que c’est ça en vérité Ethel ? Est-ce que c’est pour ça que tu réagis aussi vivement ? Parce qu’au fond, toi aussi, tu n’as jamais cessé de le regarder différemment d’un simple ami ? Trop de questions, mais ton instinct qui te guide. Tes pensées qui disparaissent pour ne laisser que la chaleur de l’instant et la douceur arrachée à trop de violence et de ressentiment. « Je n’ai jamais oublié… » Voilà ce que tu devrais lui murmurer.

Il a le regard dur, les sourcils froncés, la colère qu'il sent présente dans chaque parcelle de son corps. Ethel ne dit rien, Nolan est persuadé qu'elle va se barrer pour retourner dans sa magnifique maison puant un bonheur qui n'en est pas un. Pourtant, son cœur s'emballe lorsqu'il la sent revenir contre lui, attraper sa main, le forcer à se retourner, à lui faire face. Il tente de chercher une réponse dans ses yeux mais la brune ne lui laisse pas le temps de réagir parce qu'elle n'hésite pas, à venir chercher ses lèvres, à l'embrasser d'un amour qu'il n'avait plus eu l'occasion de goûter ces dernières années. Pendant un instant, le fermier se laisse aller à cette facilité, la tête pleine de souvenirs et d'autres fantasmes encore inavoués. Sa main se pose sur la fine nuque d'Ethel pour prolonger le baiser, profiter de ce moment privilégié entre eux parce qu'il sait que cela ne durera pas. Elle, mariée, lui, bientôt père. S'il marque une pause, ce n'est que pour essayer de se raisonner. Non, de la raisonner elle parce que lui ne s'arrêtera pas. Il se connaît, n'est rien de plus qu'une bête prête à partager un moment charnel dés qu'on peut lui en donner l'occasion. Encore plus avec Ethel avec qui il partage un lien si unique. T'es sûr de de ce que tu veux ? Qu'il murmure d'une voix grave avant de l'embrasser à nouveau, un peu plus brutalement cette fois. Sa main vient déjà se frayer un chemin sous son chemisier pour caresser sa peau. Il a envie d'elle d'une force qui dépasse toute sa raison, qui l'empêche de réfléchir correctement à un point où il sent déjà la fièvre le prendre aux tripes. De là où ils sont, le cinéma plein air masque leur présence. Ses lèvres descendent dans son cou et épousent doucement son décolleté qu'il embrasse avec un désir palpable. Le plus triste dans cette histoire, c'est qu'ils ont même plus un endroit pour se retrouver tous les deux, leur passion est à la rue.

Tu n’as pas réfléchi. Tu n’as pas cherché à interroger ta conscience ou ta raison. Tu n’as écouté que ton cœur, qui pulse dans ta poitrine à un rythme effrayant. Totalement enivré par l’instant. Déjà il t’interroge, te demande si c’est ce que tu veux. Tu ne prononces pas un mot, tu te contentes d’hocher la tête à la positive. Oui, si tu n’écoutes que tes sentiments, que la magie de l’instant, c’est ce que tu veux. Loin de ton quotidien trop sombre. De Chris trop autoritaire face à tes choix de vie. Du retour de Bruce qui t’a chamboulé. Lui qui ne voudra probablement plus jamais de toi, de celle que tu es devenu. Alors tu t’abandonnes à tes sentiments. À celui qui a toujours pris de soin. Pas juste de ton corps, mais bel et bien de ton cœur. De toi, de tes rêves. Qui t’a toujours poussé vers le meilleur, pourtant loin de ses bras. Son baiser se fait plus brutal, plus intense et toi, tu t’abandonnes complètement. Tu n’écoutes plus rien autre que toi même, pour une fois. Il n’est plus question de ce que tu es censé faire, pour le bien commun. Il n’est question que de toi, que de lui, pour qui tu sens tout ton être se réchauffer. Bruler. Ses lèvres qui déjà, caresse ton cou, ta peau. Sa main qui se glisse contre toi et te fais frémir. Tes mains qui se perdent dans son dos, tes yeux qui se ferment. Tu t’enivres de l’instant, jusqu’à récupérer sa main pour l’entrainer vers ton imposant SUV. Tes yeux se perdent dans les siens. Tu sais que de là, personne ne peut vous voir. Le parking perdu dans le nuit, loin des éclairages et des curieux. Juste vous deux, perdus dans un moment d’égarement. Tu ne sais même pas ce que tu fais, mais la seule certitude qui en découle, c’est que c’est ce que tu veux. Lui que tu veux. Lui qui depuis plus de dix ans, ne t’a jamais abandonné. Toujours à veiller sur toi. Tu l’attires de nouveau contre toi alors que ton dos heurte doucement la portière passager. Tes lèvres qui viennent chercher les siennes, une nouvelle fois, qui scellent ta réponse et ton envie. Ton corps qui s’accroche au sien, tes bras passant autour de sa nuque, ta main dans ses cheveux blond. Tu le pousses doucement, pour que vous vous reculiez et que tu ouvres la portière de ta voiture. Tes lèvres s’écartent doucement des siennes alors que tes yeux clairs se perdent dans les siens. Est-ce que tu as besoin de parler ? De lui dire quelque chose ? Non, l’instant se suffit à lui même. Vos regard se suffisent à eux même. Vos gestes parlent pour vous. Alors tu t’engouffres à l’arrière de ta voiture, sans rien dire, en prenant juste sa main dans la tienne, pour l’inciter à te suivre.

C'est complètement con ce qu'il est en train de lui faire parce qu'il sait absolument pas où vont les mener cette histoire. Fin si, Nolan va coucher avec elle pour mieux la laisser tomber, parce que c'est l'unique chose qu'il sait faire, l'unique connerie dont il est capable. Ses pupilles alcoolisées se plantent dans celles d'Ethel qui n'essaie même pas de le stopper et les faire redescendre sur terre alors la bête grimpe dans la bagnole, prête à lui voler tout ce qu'elle pourra gratter. Brute, sûr de lui, ses mains se posent sur le corps de la brune tandis que ses lèvres cherchent les siennes. Il se sent déjà solide dans son boxer et s'assoit à l'arrière en baissant légèrement son pantalon. Pressé, ses mains se posent contre la taille d'Ethel qu'il ramène sur lui. Leurs torses se rencontrent, s'épousent un instant alors qu'il plonge son visage contre sa poitrine pour l'embrasser. Nolan râle un peu mais parvient après quelques tentatives à baisser le pantalon de son amie -elle qui porte sans arrêt des robes, quelle foutue idée de ne pas en mettre le seul soir où il a décidé de coucher avec-. Ses mains intrusives se perdent contre ses fesses et remontent le long de son dos alors qu'il la réclame un peu plus en venant l'embrasser. Cela faisait si longtemps qu'il ne s'était plus retrouvé qu'il avait oublié à quel point cela peut être enivrant, à quel point il peut tenir à elle. Enfermés dans cette voiture, il sait qu'une fois leur bulle éclatée, les deux regretteront leurs choix mais sur le moment, Nolan a la sensation d'être dans un état second et de ne pas pouvoir décrocher de cette drogue là : Ethel.