Maman. Le premier mot à s'échapper de tes lèvres, à glisser hors de toi, dans un murmure, comme dans une expiration. C'était sûrement un signe. Ton père répète qu'il aurait du s'en douter, savoir lire le signe que c'était. Mais tu lui as toujours appartenu. Tu as toujours été le fils de ta mère. Tu n'existes qu'à travers ce lien qui vous rattache.

Darko. C'est le nom qu'elle t'a choisis. Parce qu'à ses yeux, t'es un enfant divin. T'es un cadeau des dieux. T'es tellement précieux. Ton père aurait voulu t'appeler Alexander. Et elle a hésité, parce que tu aurais pu être Grand, toi aussi. Mais elle avait peur que tu te sentes trop américain. Alors, il a cédé. (Comme s'il avait le choix). Tout comme il a fini par te céder. Et ce n'est sûrement pas de sa faute, si lui n'y lit qu'un mauvais présage, quelque chose de sombre, de trop ténébreux. Il aurait sûrement voulu te voir glorieux, lui aussi. Mais t'es arrivé comme une tâche d'encre de chine sur ses précieux manuscrits.

T'es unique. Elle te le répète depuis que t'es apparu dans son ventre. T'es leur unique descendance, leur unique famille. T'es l'unique récipient de toute leur haine, leurs attentes, leurs frustrations. Des fois, tu te dis que tu vas exploser.