Maximilian sourit, pour la première fois depuis longtemps. Les yeux fermés, il inspire profondément et sent ses épaules se détendre, presque bercé par l'odeur familière. Les bras de sa mère sont noués autour de sa taille et il sent la tête de celle-ci contre son épaule: il a beau être immense, on voit qu'ils portent les mêmes gènes vu leur taille. De son côté, il la serre fort quelques secondes avant de se reculer. Il regarde autour de lui, encore planté dans l'entrée de la maison immense dans laquelle il a grandi. Maintenant trop habitué à son petit loft, il se sent comme exposé ici, et beaucoup moins en sécurité qu'avant. "Je suis si contente de te voir, mon chéri." A nouveau, Maximilian sourit. Lui aussi, il est content de la voir: après de longs mois, ça n'a rien d'étonnant. "Allez, ne reste pas là! Viens t'installer: tu as bien quelques minutes à m'accorder!" Elle l'attrape par le bras et il est encore une fois surpris par sa force, alors qu'il se laisse entraîner jusqu'au salon sans rien dire. Elle le fait s'assoire dans le canapé aussi large que grand, mais qui ne prend pas un quart de la pièce à vivre, et file lui chercher un café qu'elle lui fourre ensuite dans le creux des mains.  "Alors...Comment tu vas? On dirait que tu as maigri." Maximilian lève les yeux au ciel avant d'avaler une gorgée de café. "Je vais bien. Et non, j'ai pas maigri en seulement quelques semaines, mère." Cette fois, c'est elle qui roules des yeux tout en prenant place dans un fauteuil hors de prix face à lui. "Anya n'est pas là?", demande-t-il ensuite. "Elle est encore à l'école, mais la nounou ne va pas tarder à revenir avec elle." Maximilian se renfrogne légèrement: il aurait voulu voir sa soeur tout de suite. Elle lui manque beaucoup et il est toujours très triste de ne pas pouvoir autrement que quand le maître de maison est en voyage d'affaires pendant plusieurs jours.  "Mais tu vas l'attendre, n'est-ce pas?" "Bien sûr, je ne suis pas pressé." Voir sa mère sourire lui réchauffe le coeur. Ce même coeur qui semblait être figé, glacé et emmuré depuis des années.  "Reste dîner, et même dormir si tu veux. Ton père...ton père ne rentrera pas avant au moins la fin de la semaine." La jeune homme soupire, et secoue la tête. "C'est gentil mère, mais je bosse tôt demain. Je resterai pour dîner et le temps de coucher Anastasia, mais je partirais ensuite." Les lèvres pincées, il regarde sa mère se pencher en avant et attraper ses mains, qu'elles serre doucement.  "Je continue d'essayer de lui parler, tu sais...mais tu connais ton père, il est..." "Le roi des cons? Oui, j'étais au courant." Il ne se formalise pas de son regard réprobateur. Il sait parfaitement que l'amour n'existe absolument plus au sein de couple que forment encore ses parents, et ce depuis longtemps. Depuis bien avant qu'il fasse son coming out et qu'il soit viré de la maison. Bien avant même que Anastasia ne soit conçue. Pourtant, ils restent ensembles malgré tout et ça, Maximilian a du mal à le comprendre. Il adore sa mère et se dit qu'elle mériterait tellement mieux qu'un type qui considère les femmes comme de simples objets et qui a renié son fils à cause de ses préférences. "Ton père n'a pas que des défauts, tu sais." Max secoue la tête à nouveau. "N'essaie pas de l'excuser. Je te rappelle qu'on est obligés de se voir seulement une fois toutes les cinq ou six semaines, dans son dos parce qu'on sait tous les deux qu'il criserait à mort en sachant que je remets les pieds ici?" Elle ne répond pas, mais il sait qu'il a raison. Soudain, la porte d'entrée s'ouvre et se ferme. Des pas se font immédiatement entendre le long de l'entrée et du couloir, puis dans le salon. Un cri perçant brise enfin le silence et Maximilian se lève, un immense sourire étirant ses lèvres. Anastasia cours aussi vite que ses petits jambes d'enfant le lui permettent, ses longs cheveux bruns aux légères boucles se balançant sur ses épaules et dans son dos. Elle saute dans les bras de son frère qui la rattrape au vol avant de la soulever comme si elle n'était qu'une brindille, qu'une plume légère. Elle noue immédiatement ses bras autour de son cou et le serre si fort qu'il en perd presque son souffle, mais il rit tout de même. Ici, il n'est plus chez lui depuis longtemps. Mais finalement, aux côtés de sa mère et sa soeur, il se sent à nouveau comme à la maison.