[a lot on my mind]
les jupes bariolées, les pieds qui disparaissent sous les voiles, bohémienne improvisée. pancarte levée haut, ongles manucurés à la va-vite qui entourent le bout de bois. « relâchez les pandas du zoo ! » qu’elle a noté. tessaly, elle est en tête de file. tessaly, elle a pas besoin de micro ou de ce truc agaçant qui modifie la voix et qui la fait porter plus. elle gueule dans les rues de liberty.
« les pandas, libérés, les pandas, relâchés, les pandas, les bébés ! »
slogan un peu ringuard, un peu nul, réfléchi trop rapidement. slogan que tous ses amis de fortune, que tous les écolos, commencent à scander.
tessaly, elle ouvre toujours trop sa bouche. tessaly, elle craint personne, surtout pas les lobbies. et puis quand elle a fini, quand la manifestation prend fin – les policiers apprécient moyen moyen quand les manifestants commencent à en faire trop, à faire du tapage – tessaly elle retourne chez elle, juste à côté du cinéma en plein air, et elle lance un cd très années 70 sur son baladeur.
elle préfère son walkman tessaly, avec la cassette qu’il faut rembobiner grâce à un stylo… mais elle en a plus. la dernière a rendu l’âme, la bande a été vomie par le petit bout de plastique.
tessaly, à la nuit tombée, elle s’incruste parmi les quelques amoureux du vieux cinéma pour regarder. mais tessaly elle est toute seule souvent… les amoureux regardent dans leurs voitures tandis qu’elle achète des pop-corns, les réchauffe dans son p’tit cabanon qui paie pas de mine et revient s’abîmer la rétine devant ces vieilles bobines. et des fois y’a sasha qui arrive, sasha qu’elle peut pas s’empêcher de regarder avec un sourire.
elle aimerait bien que sasha il quitte un peu tout ça… tout ça, c’est la secte. tout ça, c’est les belles paroles qu’il entonne dans la tête des fidèles, sasha qui s’improvise gourou, sasha qui joue à des jeux qu’il comprend pas, qu’il maîtrise pas. sasha, il est trop innocent pour tout ça… sasha, il risque d’y perdre sa flamme, de perdre sa voie lactée… de tout perdre.
alors tessaly, elle s'éloigne de son rôle mystique (d'après les fanatiques), elle retrouve la terre ferme sous ses pieds. il faut, les autres sont tous des illuminés.

tessaly, elle a toujours été fascinée par la lecture de la vie d'autrui dans les lignes de la main. quand elle était encore petite fille, les cheveux frisés jonchés au-dessus du crâne, elle passait de longs moments à regarder maman prendre la main d'un inconnu et à lui prédire des choses que tessaly ne comprenait pas. un avenir radieux, un amour bientôt à portée de doigts et de lèvres, de l'argent qui coule à flot... maman, elle avait cette aura mystique qui fascinait tessaly. ☄ c'est pas bien d'avoir des préférences dans ses enfants et c'est pas bien d'avoir des préférences dans ses parents... mais tessaly, ça a toujours été maman sa préférée. papa il est plus discret. maman, c'est esmeralda qui fait bouger toutes les têtes en même temps que les volants de sa jupe. tessaly, elle a toujours eu envie d'être belle comme elle, avec sa peau laiteuse et caramélisée, ni trop claire ni trop foncée, avec ses yeux d'un marron profond. maman, elle est trop jolie. ☄ pour tessaly, le plus important, c'est sasha. ensuite, y'a la planète. la planète, on en a qu'une, c'est important de la préserver. alors elle manifeste souvent, elle fait attention à tout... tessaly, elle aime tout le monde. les animaux, ça la débecte d'en manger, surtout étant donné les traitements qu'ils subissent avant de mourir. s'ils étaient tués sans souffrir, tessaly n'y verrait pas vraiment d'inconvénient (c'est humain, c'est pour se nourrir...) mais la souffrance animale lui donne des nausées. tessaly, elle est végane... et ça fait quelques temps maintenant qu'elle s'est affaiblie. ☄ des fois, tessaly, elle est un peu sauvage. avec son caractère qui se baigne dans les flammes, avec son dégoût de l'humanité... parce que les hommes sont immoraux, que les hommes détruisent tout. y'a pas besoin. tessaly, c'est un peu la hippie qui pourrait vivre d'amour et d'eau fraîche (et de bédos). ça la dérangerait pas de vivre dans une roulotte et de se débrouiller avec le strict minimum... mais la société est capitaliste, hein ? faut tout défoncer pour réussir à se hisser. tessaly, elle crache sur ça et elle déteste les gens qui ne pensent qu'à l'argent. tessaly, elle cherche les gens vrais, les gens qui savent, les gens qui savent aimer et apprécier les choses telles qu'elles sont, la vie telle qu'elle est. ☄ tessaly, au fond, elle n'est qu'amour. elle passe son temps en manifestations pour faire ouvrir les yeux aux gens trop cons qui sont pas capables d'envisager la vie comme quelque chose de joli, qui se prennent la tête avec des conneries. tessaly, elle dit que les gens ont le droit de s'aimer indépendamment de leur sexe (parce que c'est l'amour qui est beau, pas ce qu'on en fait), elle dit que la planète y'a que ça de vrai, que les animaux faut les aider et les protéger... et même les plantes, elles ressentent des choses ! on peut pas se servir sans remercier, sans y penser. ☄ tessaly, elle a pleins de plantes dans l'truc improvisé dans lequel elle vit, au drive-in. c'est une genre de cabane mais sur le sol, avec l'eau courante, un système bien fichu et avec des énergies renouvelables. tessaly, elle aime les arbres, les plantes, les fleurs, la vie. ☄ elle est souvent vêtue de couleurs bariolées et de formes abstraites, dans le style desigal mais version cheap.