La soirée est plus froide que les précédentes. La nuit est tombée depuis quelques heures, rafraichissant la ville d’un vent presque glacial. Pourtant, Miles a souhaité que nous nous retrouvions à notre endroit favoris : près du lac. Mes parents rechignent légèrement avant de me laisser sortir, comme toujours, mais ils ne sont que trop faibles devant mon bonheur naissant. Jamais un homme ne m’a regardé comme il le fait, jamais personne n’a jamais réellement porté son attention sur moi. Je serais prête à parier que peu de gens me connaissance à lycée, hormis comme étant cette fille bizarre et solitaire. Miles est un homme bien, un homme qui prend soin de moi et qui me plait terriblement. Mais ce soir, les choses ne se passent pas comme d’habitude. En marchant, mains dans la main, nous tombons sur une scène plutôt étrange. Rapidement, je comprends ce qu’il se passe mais Miles m’entraine dans une course folle. « Attends ! Je veux leur parler ! » Je suis rapidement essoufflée, et nos mains s’abandonnent. Miles semble terrifier et je regagne mon domicile sans un regard. La seule chose qu’il me dit est qu’il refuse de dire à quiconque ce que nous venons de voir. Ma déception est énorme, si bien que je fonds en larmes après avoir regagné ma chambre.
Les jours passent et Miles ne me regarde plus. Je me sens comme une inconnue, terriblement seule. Il me manque, c’est indéniable mais il a été clair avec moi : pas un mot, plus un mot. En allant raconter notre petite escapade au journal local, j’ai gâché notre histoire et suis passée pour une cinglée dans toute la ville. Et en arrivant au lycée ce jour là, des hommes m’attendaient. Mes parents étaient là, impuissants et meurtris. J’ai rapidement compris ce qu’il se passait en voyant la gêne sur le visage de Miles. Sans parler des affiches, à mon effigie. « Je ne suis pas folle ! Dis leur, Miles ! Dis leur je t’en supplie ! » Mes yeux se noient dans des larmes épaisses, tandis que des tremblements s’invitent sur tout mon corps. « Mademoiselle, vous allez venir avec nous. Tout ira bien, vous verrez, on vous emmène dans une maison où l’on va bien prendre soin de vous. » Et c’est ce jour là que j’ai définitivement perdu goût à la vie et confiance envers les humains.

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Je ne suis pas folle. Enfermée dans cette prison moderne, je ne cesse de me dire que je n’ai rien à faire ici. Je suis enfermée comme un vulgaire animal, comme un danger. Je sais pourtant ce que j’ai vu, je ne suis pas folle. Son visage ne cesse de hanter mon esprit. Ce visage si sournois, si nerveux à l’idée que les gens découvrent notre rendez-vous secret. Comment a-t’il pu me faire ça ? Je pensais être importante, je pensais que notre relation était spéciale. Il n’a jamais souhaité que les gens sachent, sans se soucier du mal que cela pouvait me faire. J’ai accepté, parce que je n’étais qu’une pauvre idiote aveuglée par ses sentiments, mais je le regrette désormais. Il s’est moqué de moi, il n’a jamais ressenti le moindre sentiment à mon égard. Je ne connaissais pas ce genre de douleur, capable de vous faire hurler de colère. La trahison est une chose horrible, mais elle est souvent accompagnée par la peine, digne d’un chagrin d’amour. Nous étions si beaux, si heureux mais tout n’était qu’une triste façade. Un jeu sordide auquel il a dû prendre du plaisir à jouer. Maintenant que je suis enfermée, je ne peux plus l’aimer. Je n’en ai plus le droit, ni même l’envie. Je lui en veux tellement que je lui souhaite le pire, que je rêve de vengeance. Je ne suis pas cette cinglée qu’il pense avoir berné facilement. Je vais lui regretter de s’être moqué de moi, je me fais la promesse de lui faire connaître la même douleur quand je serais dehors. Quand je serais sortie de ce trou. Et mon plan commence maintenant… J’attrape le cachet posé sur mon chevet et le balance par la fenêtre, en prenant une grande inspiration. Je n’ai pas besoin de ça, je ne veux pas que ces fichus médecins contrôle mes faits et gestes. Je dois faire croire que tout va bien, que je suis capable de m’en sortir seule. Que je ne suis pas folle comme ils le prétendent, tous…