[a lot on my mind]

alaric, est un loup solitaire. on le voit à peine. il passe dans les couloirs tel un fantôme. vide d’espoir et de vie. il a perdu toute confiance qu’il a eu autrefois en l’humanité. il se laisse vivre, s’adonne à la solitude. peut-être un peu trop. sa sœur lui rend parfois visite et le sermonne. la vie seule ce n’est pas une vie qu’elle lui dit. il le sait ça, il en a conscience. les jours défilent, il ne voit pas le temps passer. à moitié dans son monde, à moitié avec le monde réel. il a fui son ancienne vie pour s’installer là où les souvenirs sont les moindres.

sa femme est une garce, enfin son ex-femme. il se le répète pour se rassurer, pour se convaincre qu’il a été à la hauteur de cette dernière. elle a anéanti le reste d’humanité qui créchait en lui. ou peut-être, peut-être que les choses ont été problématiques dès le départ. peut-être parce qu’il est né dans les chiottes d’un foyer pour sans abris. qu’il a grandi dans ce foyer avec sa soeur, qu’il s’est lié d’amitié avec les autres gosses aux différents destins merdiques. peut-être parce que sa mère est l’une des femmes les plus fortes qu’il connaissent mais qui a quand même décidé de se donner la mort devant son fils, fatiguée de se battre, fatiguée de trouver des solutions. sa mère l’a peut-être éduqué mais se sont ses amis qui l’ont fait grandir. c’est en s’entourant bien qu’il est devenu l’homme qu’il est aujourd’hui.

il a pensé pouvoir sortir la tête de ce merdier quelques minutes, en étudiant et en offrant une belle vie à sa jumelle. se marier bâtir un foyer et vivre comme tout le monde, normalement. sortir de la pénombre et crier que lui aussi avait le droit au bonheur. c’est un grand romantique alaric. il se souvient encore de sa rencontre avec sa femme. une femme comme il en avait jamais vu. une femme aux courbes qui réussissaient à le rendre doux. cette voix suave, cette façon de penser qu’elle avait. une femme avec laquelle il s’imaginait avoir des enfants, ses enfants. mais elle s’est tirée, avec un type mieux que lui, un type à son opposé. un type à la vie excitante. alors depuis il a vrillé. au départ, il manquait les gros repas de retrouvailles avec ses amis. puis il a coupé tout contact. pas même des coups de fil, ou des sms. plus rien. le néant. il a tout brulé, littéralement, enflammant leurs photos de souvenir, tout souvenir le reliant à cette femme. jetant son alliance aux chiottes, tirant la chasse et s’apercevoir qu’elle n’a pas bougé. la ramassant comme un idiot la remettre et se dire que c’est le destin. déprimant, alaric est complétement déprimant. lui parler en serait très ennuyeux, peut-être pire qu’avant et peut-être même que son ex-femme n’avait pas tort. et puis il s’en tape, il n’a jamais demandé à personne de vivre avec, de le supporter ou de l’écouter.

sauf quand sa petite tête se réveille et qu’elle pointe ses yeux vers lui. ouais une gamine de dix-sept ans, pas majeure. un bébé. un petit bout qu’il s’amuse à détailler lorsqu’il en a l’occasion. il en oublie presque sa solitude. elle a ce quelque chose, cet optimisme, cette envie de vivre et de s’épanouir. un papillon à en devenir. il lui sourit lorsqu’elle daigne lever la tête puis il reprend son cours.
et il en perd la tête, du moins c’est ce qu’il se dit.

elle est belle et il a l’impression de devenir ce type pervers dont toutes les écoles parlent. alors lorsqu’elle le regarde la plupart du temps il détourne le regard. il l’évite. peine à corriger ses copies sans penser à autre chose qu’au fait qu’elle est mineure.

un homme reste un homme…

rho et puis c’est n’importe quoi… !