n'hésitez pas à privilégier les personnages plus vieux, les pré-définis et à participer au topic en commun I love you
-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal

you're my everything (liam)  :: (générique de fin) :: dead end :: v1
Invité
Invité
Anonymous
should i stay or should i go ?

you're my everything (liam) Empty
Mer 5 Avr - 18:48
Invité
A mesure qu'ils s'éloignent, à mesure que claquent les lourdes portes derrière eux, Faye sent son palpitant se délivrer d'un poids fantôme, invisible jusqu'à ce qu'il disparaisse. Comme une éponge, sous la force de ses doigts enlacés à ceux de son frère, de son absolu, son coeur s'allège, se libère des litres de goudron noir ténèbres qui l'asphyxiait jusqu'alors. Il bat plus fort, résonne dans ses tempes, jusqu'à la pulpe de ses doigts alors que les semelles de plomb de Faye se font plus légères. Les couloirs labyrinthiques se succèdent dans une valse entêtantes qu'elle se montre trop distraite pour suivre, toute occupée à couler sur le visage de son frère un regard colibri. Des yeux papillons qui battent frénétiquement des paupières comme s'ils craignaient que le mirage s'estompe trop vite, sans que les opales ambrées de Faye ne pèsent plus lourd qu'une plume contre sa peau d'albâtre, privée de la morsure du soleil pendant trop longtemps. Il y a une nuée de bourdons, dans son crâne, alors que la dernière porte se dessine et qu'un rai de soleil tatoue des arabesques folles sur leurs pieds désireux de franchir cette étape. Faye sent les insectes vrombir dans ses tempes et tâcher ses prunelles de noir alors que son souffle se raréfie dans ses poumons. Elle a peur, pétrie d'une crainte irrationnelle, celle qu'on lui arrache son frère une fois encore, celle qu'ils changent d'avis, cette masse informe qu'elle est incapable de nommer et qu'ils décident de le forcer à pénétrer à nouveau dans une cellule grise et terne. Elle suffoque à l'intérieur, Faye, entend des voix qui n'existent pas, le bruit de détonations fantômes qui font battre son coeur comme un dératé au creux de sa poitrine. Comme lorsqu'elle était là-bas pétrie d'une peur bleue aussi palpable que des termites sous sa peau. Bientôt, ce sera la crise, celle de l'angoisse innommable, celle qui la prend sans prévenir depuis un an et la force à s'étouffer de pilules. C'est son instinct de préservation jamais détruit qui la pousse en avant, qui les pousse à l'extérieur. Elle accélère le pas, Faye, ses foulées gracieuses qui semblent souvent flotter tant elles frôlent seulement le sol comme elle se contente d'effleurer les gens. Et enfin, ils sont dehors, après des dernières palabres qui lui parviennent déformées, stridentes, inaudibles.
La serre douloureuse qui comprimait ses poumons libère sa prise et Faye tombe dans ses bras. Elle le serre fort, trop fort, elle le serre à s'en exploser le coeur, à devenir une extension de son âme, à vivre en lui pour toujours, logée dans un recoin de son palpitant où elle serait si bien. « Tu m'as tellement manqué... » qu'elle souffle comme un aveu contre l'épiderme tendre de sa nuque, ses doigts de fée glissés dans sa crinière hirsute. Tout s'apaise en elle, le soleil remplace la tempête et Liam chasse ses démons, comme toujours. Il est là et elle revit comme un bouton de rose privé d'eau, contre la chaleur de son corps, entre ses bras. Neuf ans. Personne ne peut commencer à comprendre la douleur de l'absence, lorsqu'elle est ponctuée d'autant de saisons. Rien, absolument rien, n'avait su suturer la plaie du manque de lui, d'un frère, d'un repère, d'un phare. De la seule foutue personne qui avait composé son univers entier pendant des années. Faye ne saurait dire combien de temps elle reste ainsi, en silence, prête à absorber toute sa peine, à réparer tout ce qui a été brisé par la prison et l'enfermement. Longtemps, sans doute. Bercée par les battements entêtants de leurs coeurs à l'unisson, par le souffle moins erratique qu'à l'accoutumée de Liam, Faye laisse le temps couler sur eux sans les atteindre. La magie de l'instant est complète mais finalement, le besoin de le contempler, encore, se fait plus fort et elle se détache à regret pour plonger ses yeux chatoyants sur les traits d'adulescent de Liam, bientôt rejoints par ses phalanges à la douceur pétale. Elle l'observe avec une tendresse ineffable, une dévotion de croyant et en filigrane se superposent celui qu'il est et celui qu'il fut, qui l'a quittée trop brusquement. Il a encore les traits juvéniles, Liam, comme si la prison l'avait empêché de s'épanouir tout à fait, il ressemble toujours à l'adolescent bouillonnant de vie, têtu et dissipé qui savait tant colorer son monde teinté de gris. Seul son regard diffère et fait monter des marées de sel à ses pupilles, bouleversant ses prunelles limpides en une constellation brouillée. Mais Faye, elle s'est promis de ne pas pleurer, pas devant lui. Pas aujourd'hui. Alors elle verrouille l'ombre du chagrin à l'intérieur, serre ses dents d'opaline et esquisse un sourire vibrant du bonheur brut, indicible, d'être près de lui. Et elle se le jure, Faye, elle fera tout, absolument tout pour rendre à ses iris délavés leur éclat d'antan, celui que rien ni personne ne pouvait altérer car Liam, il ne faisait pas dans le malheur. Jamais. Il était plus fort que ça, il était plus fort qu'elle et que cette famille désaxée. Peut-être parce que le sang vicié du père ne coulait pas dans ses veines, ou du moins, c'est ce qu'elle a toujours cru, peut-être parce qu'il possédait cette force prodigieuse, cette vitalité contagieuse, une soif de vivre au-dessus des lois. Peut-être. Et peu importe au fond, elle le reconstruira, même si elle doit bousiller ses propres fondations pour réparer les siennes. « J'ai tellement pensé à ce moment, tu sais. Tous les jours. Tous les soirs. Tout le temps. Je me suis imaginée cette scène des dizaines et des dizaines de fois et pourtant, y a rien, absolument rien qui compare avec ce que je ressens maintenant. » Sa voix de berceuse, douce et rauque, peine à trouver les mots pour qualifier l'allégresse qui l'étreint et la fait se sentir vivante, indubitablement vivante, pour la première fois depuis ... depuis sa captivité. Ses doigts viennent doucement chercher sa main, sa peau, incapable de priver son épiderme d'une mémoire sensorielle qui n'oublie jamais rien. Faye relève doucement son visage de poupée sur lui, nimbé d'une forme d'ivresse et d'insouciance qui ne s'imprime jamais sur ses traits toujours graves. « C'est quoi, la première chose que tu rêvais de faire en sortant d'ici ? On a tout le temps du monde, on peut aller où il te plaira, c'est le premier jour du reste de ta vie, je veux que tu t'en rappelles, que tu le savoures. » Maintenant, ils peuvent à nouveau être ensemble pour toujours, eux contre le reste du monde, comme ils se l'étaient promis. Faye lui a préparé une chambre, dans l'imposante demeure de la famille de Rhys. Une dépendance rien qu'à lui, où il sera le bienvenue aussi longtemps qu'elle vivra. Elle y a déposé les souvenirs collectés de l'enfance, les rares vestiges qu'elle conservait jusqu'alors près d'elle et puis de quoi démarrer, une partie de ses maigres économies mais ... elle n'est pas pressée de rentrer. De mettre un terme à leur solitude à deux, à leurs retrouvailles teintées d'espoir, à ce sentiment jubilatoire qui lui donne la sensation de pouvoir s'envoler toucher les étoiles. Sans savoir que Liam jouit d'une libération anticipée seulement car d'autres démons le dévorent de l'intérieur, en silence...
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
should i stay or should i go ?

you're my everything (liam) Empty
Jeu 6 Avr - 3:29
Invité
le jour j.
les portes se sont ouvertes les unes après les autres et tu es déjà dans ses bras. ceux d'une grande sœur trop longtemps abandonnée. encercle son corps et tu la serres avec force, tu ne parles pas, tu te laisses emporter par son souffle dans sa nuque, son odeur rassurante. l'homme redevient enfant l'espace d'un instant, tu redeviens le petit frère celui que tu étais jusqu'à tes seize ans. ton cœur bat la chamade, tente de s'évader de ta poitrine pour rejoindre le siens. pour qu'ils ne forment plus qu'un. les secondes qui s'écoulent paraissent infinies maintenant que tu peux la tenir contre toi, maintenant que l'acte est concret et non chronométré. Tu m'as tellement manqué... et tu la serres un peu plus contre ton corps, tu ne réponds rien parce qu'il n'y a rien de plus à dire. elle sait ce qu'il en est, elle l'a toujours su. tu lui as répété maintes et maintes fois durant ses visites, par écrit lorsque vous étiez réduit à une relation épistolaire. et c'est faye qui se détache la première, ton regard émeraude se pose sur elle et un fin sourire fend ton visage, tu les vois les larmes qui troublent ses iris, tu vois la peine dans ses yeux mais aussi le réconfort grandissant. celui des retrouvailles. tes doigts glissent sur sa joue tendrement comme pour lui faire comprendre qu'elle n'a plus à s’inquiéter de rien, que tu es là maintenant. parce que tu ne serais pas en mesure de prononcer ces mots, tu ne serais pas en mesure de lui mentir, pas aujourd’hui. tu l'écoutes sans mot dire, c'est un sourire immense qui pare tes lèvres maintenant. ton ressentis est indéfinissable. un nouveau souffle, une nouvelle vie que tu commenceras avec elle, loin de tout ce qui aurait pu vous détruite. alors tu attrapes sa main pour la garder dans la tienne, tu la rapproches un peu de toi, c'est tout ce que tu désires à présent. c'est tout ce qui t'importe. C'est quoi, la première chose que tu rêvais de faire en sortant d'ici ? On a tout le temps du monde, on peut aller où il te plaira, c'est le premier jour du reste de ta vie, je veux que tu t'en rappelles, que tu le savoures. faye elle a toujours voulu prendre soin de toi, elle a toujours voulu le meilleur pour toi, parfois en s'oubliant elle même. nouveau sourire et un je ne sais pas. lâché mollement. manger un cheeseburger et un milk-shake peut-être ? suggestion, puisqu'elle est la seule ici à aimer ces satanés milk-shakes. vouloir lui faire plaisir c'est tout ce qui compte après toutes ces années d’absence. j'ai juste envie d'être avec toi. que tu me montres ta nouvelle vie, ta nouvelle maison. que tu me présentes rhys, que je m'assure qu'il est assez bien pour toi. l'instinct de protection. puis c'est une grimace qui s'empare de ton visage fatigué. je suis désolé, tu sais. pour tout ça. pour ce que je t'ai fait endurer. pour mon absence, pour tout ce que j'ai raté. j'aurai aimé être là, à chaque moment de ta vie, les plus importants comme les plus futiles. mais si c'était à refaire, je recommencerai sans rien changer.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
should i stay or should i go ?

you're my everything (liam) Empty
Dim 9 Avr - 17:34
Invité
Faye ne croit en rien et pourtant, pourtant, elle a si souvent monnayé avec un ailleurs. Enfant, elle passait de nombreux pactes avec quelqu'un, là-haut, qui ne l'écoutait jamais. Elle a promis ses rares jouets, ses robes élimées jusqu'à ce qu'elle n'ait plus le droit d'en porter, ses bonnes notes et son cartable. Elle a tout offert à qui voulait l'entendre, tout pour soigner son papa du monstre qui rugissait en lui et le rendait si cruel. Pour chaque jour de trêve, pour chaque constellation d'hématomes évitée, elle se séparait d'un tout, d'un rien. Faye dispersait des petites touches d'elle partout, sur les bancs, dans les mains avides d'autres enfants, dans l'herbe fraîche. Elle laissait des offrandes à cette lueur là-haut, cette étoile mourante, aveugle, qui veillait si mal sur elle. Mais le temps a passé, le pourpre et les bleus ont teinté sa peau d'albâtre à mesure qu'elle grandissait et la lumière a décru, dans le ciel, dans son coeur et aussi sur le visage de papa si blême le jour de sa mort. Le monstre a gagné et l'astre s'est éteint sur ce frère injustement emprisonné. Depuis, elle a compris qu'il n'y a rien que du vide là-haut et que les étoiles ne veillent pas sur elle comme sur personne. Elles sont jolies mais inutiles, clouées sur la voûte céleste avec des années-lumières de retard et Faye ne les aime pas beaucoup. Pourtant ... elle a recommencé. Comme dans un mécanisme de défense, naïf, cérémonial mais bénéfique, elle a persisté à négocier le bien-être de Liam, sa libération prochaine jamais acceptée jusqu'à sentir son coeur couler au fond de son ventre à chaque nouvel échec accusé. Dans l'enfer syrien aussi, elle s'est raccrochée à la vie, à l'espoir, en laissant son esprit embrumé flotter si haut qu'il en devenait inatteignable. Elle a promis tout et n'importe quoi en échange de la vie de Rhys et de cette exacte même scène, celle qu'elle vit, celle dont elle savoure la moindre sensation : elle, lui, réunis. Alors peut-être bien qu'après tout, Faye croit en son étoile, une étoile à son image, vulnérable, éthérée, effacée peut-être, mais qui fait de son mieux.
Parce que Liam presse son corps contre le sien, l'entoure de ses bras fermes et tout contre lui, ses insécurités et ses craintes étourdissantes disparaissent. Il ne reste que les battements bruyants de son palpitant, la douce chaleur apaisante dans son ventre et la vague de bien-être que la simple réminiscence de son odeur, de ses gestes, de cette familiarité tranquille, organique, réveille en elle. Elle s'infiltre partout, baigne ses os fatigués et répare ses fondations fragilisées, colmate les failles béantes et vient se ficher dans son coeur qui tambourine. Faye, elle est enfin à la maison. Chez elle, ce n'est pas cette mansarde délabrée et humide du Queens, ce n'est pas son logement de fortune en Syrie ni ici, dans le confort ostentatoire d'une famille bourgeoise et généreuse. Son foyer, il est là. C'est Liam, c'est son frère, le ciment d'une famille brisée, celui a qui elle doit la vie et le sentiment de plénitude qui la grise alors que ses doigts si souvent taquins se font tendres sur sa joue est inexplicable. Faye, elle est dopée aux sentiments, camée à une allégresse rare qui l'électrise et lui donne la sensation de pouvoir tout voir, tout vivre, tout accomplir, tant que Liam est là, à côté. Parce qu'elle respire mieux, sans le poids douloureux de son absence. Il attrape sa main entre ses doigts et Faye sent son coeur pulser au bout de ses phalanges comme un chiot ivre de bonheur. Elle le dévisage à nouveau, longuement, le coeur qui renverse face au sourire qui fend son visage teinté d'ombres. Son sourire, à Liam, a toujours été sa carte d'identité, un sésame qui lui ouvrait toutes les portes, un joker à sortir en cas de pépins. Il avait toujours le sourire canaille et l'air fripon du môme turbulent, gorgé de vie, qui refusait les silences et la noirceur pétrole qui entourait sa triste famille. Il était d'une vitalité prodigieuse et quand il esquissait l'un de ses larges sourires, immense à en avaler la terre entière, il aurait pu éblouir le soleil. Savoir que la prison n'a pas pu lui voler ça, cette lumière, ça l'émeut jusqu'au fond des tripes. Liam ne sait pas ce qu'il veut et son esquisse tendre frémit avant de s'élargir, plus franche. Plus railleuse. Il a eu neuf ans pour imaginer ce moment, lui le roi des idées folles, le chantre de la débrouille, le gosse créatif qui dessinait sur les murs et s'inventait des mondes colorés pour combattre le brouillard de son quotidien. Un burger ... c'est un désir normal, un burger, de la bouffe, y a rien de con à ça mais Faye, elle se marre. D'un éclat de rire carillon qui s'envole dans l'atmosphère, léger et saccadé. Y a un truc qui s'enraye à l'intérieur et elle ne sait plus si elle rit ou elle pleure, Faye. Parce qu'elle fait les deux, soumise à la vague d'émotions qui la submerge, trop vulnérable, le coeur au creux des paumes, pour l'empêcher de la noyer toute entière. Sa vue se brouille et les perles salées s'accrochent à ses cils, au creux de ses paupières tandis qu'elle les chasse bravement de sa main libre, secouée d'un mélange de sanglots trop longtemps contenus et d'éclats de rire primitifs. C'est un sacré mélange qui oscille, funambule, entre touchant et ridicule sans jamais parvenir à se décider. Faye, elle relâche seulement la pression, elle l'expire dans un dernier souffle. Une pression constante, à vous broyer les tempes, maintenue férocement en laisse depuis neuf longues années. J'suis désolée. Je m'étais promis de pas pleurer mais c'est juste ... c'est bon d'être là, avec toi et de retrouver ton sourire, le vrai, celui d'avant. Elle se justifie faiblement, Faye, de sa voix satin qui s'excuse presque toujours de s'élever (à peine), noyée dans un sourire à la douceur ineffable. Depuis quand t'aimes les milshakes ? qu'elle demande spontanément, mutine, avant de renchérir, incapable de laisser le silence les nimber de son aura précieuse dans ce qui ressemblerait davantage à une dévoration. Peu importe, tout ce que tu voudras. Y a un diner qui fait de bons burgers, à Liberty, dont un tellement gigantesque qu'ils te l'offrent si t'arrives à le finir. Je suis certaine que t'en serais capable. L'optimisme farouche des bienheureux, celui que Faye ne ressent jamais, toujours méfiante, toujours craintive, poupée trop fragile pour ce monde, il la transcende pourtant, sous le regard de Liam. Et avec lui, l'univers des possibles. Il évoque Rhys et une tâche sombre souille son regard limpide face au lent délitement de sa plus belle relation, la seule qui ait comptée, vraiment. Liam, il lui a sauvé la vie mais c'est Rhys qui lui en a donné le goût, qui lui en a fait redécouvrir la saveur sous la langue, même au milieu des bombes, même sous un rideau opaque fait de cris déchirants et de sang métallique. Elle élude, Faye, derrière un sourire apaisant, parce qu'aujourd'hui, elle ne veut aucun nuage menaçant au-dessus d'eux, aucune épée de Damoclès. Seulement le bonheur le plus brut, intense, de le retrouver. D'être réunie avec son âme soeur, la vraie, pas un homme, pas un ami, mais son frère, son tout. Rhys est en déplacement, il est désolé, il n'a pas pu faire autrement. Mais ses parents sont pressés de te rencontrer, tu verras, ils sont ... ils sont une famille en fait. Soudés, aimants, généreux, j'ai eu du mal à réaliser que leur façon d'agir était ... normale. Elle se moque de sa propre méfiance au sein de son timbre velours, de son demi-sourire teinté de gêne. Faye, elle a mis du temps à s'ouvrir à eux, à être à l'aise en leur sein. Elle les a pensés hypocrites, opportunistes, elle n'a pas compris qu'on pouvait accueillir à bras ouverts, tout se dire, se soutenir et s'aimer sans double lecture, parce que cette cellule familiale, la vraie, elle ne l'a jamais connue.
Le frère et le soeur se mettent en marche, dans une mécanique lente, mal huilée. La distance se creuse entre Liam et la prison, le passé et l'avenir et Faye respire à pleins poumons, sa main dans la sienne, sa peau qui frôle son épiderme. Elle a un besoin d'un contact, constant, de peur qu'il ne s'évapore à la moindre baisse de vigilance de sa part. Comme dans un cauchemar. Et c'est un cauchemar, qu'il évoque à demi-mot, en s'excusant. Faye pile tout net, elle pivote sur ses jambes de ballerine pour déposer un regard blessé ou peut-être bien courroucé sur les traits exténués de son frère, dont elle perçoit la souffrance qu'elle aimerait chasser. La pulpe de son index vient s'écraser contre ses lèvres rebondies pour le faire taire, pour l'empêcher de vomir sa culpabilité qu'il ne doit pas ressentir, jamais. T'as pas à t'excuser. Je veux pas entendre ces bêtises, jamais. Tu t'es sacrifié pour me sauver, moi. T'as eu le courage dont j'ai toujours manqué, c'est à moi de m'excuser, pas à toi. C'était mon rôle d'agir, de faire quelque chose, n'importe quoi. Et je n'ai pas réussi. Chaque mot lui fait l'effet de tesson de verre au fond de sa gorge, contre son palais, lorsqu'ils roulent hors de ses lèvres. Mais c'est la vérité. Faye, elle n'a jamais su endosser un autre costume que celui de la victime et comme toute femme abusée, elle porte le poids de sa propre culpabilité, d'une forme de consentement silencieux qu'elle s'inflige. Elle a dit non, oui. Des non limpides, gutturaux, le non absolu d'Antigone qui ne ploie devant rien. Et à force, avec les mois, les années, l'habitude des sévices et sa faculté à les absorber, elle a cessé de refuser. A New York, comme à Raqqa. Et à cause d'elle, Liam a enduré une captivité imméritée, pour l'avoir sauvée. A cause d'elle, de sa faiblesse, Rhys ne peut plus la regarder, la toucher. L'aimer. Ce n'est pas sa faute, si papa était malade, elle le sait, Faye. Mais elle se sent coupable quand même. D'avoir recherché son amour, toujours, dans un coeur pourtant aride. Je t'aime Liam. Je t'aime et y a aucun mot assez fort pour exprimer ma gratitude. Jamais je t'en voudrai, d'accord ? Ses doigts quittent les lèvres de son frère pour caresser ses boucles brunes, ses boucles de môme qu'elle aimant tant embrasser, à la lointaine époque où elle était tombée irrémédiablement amoureuse de ce garçonnet vagissant. Il ne mérite pas tes excuses, oublie-le s'il te plaît... qu'elle murmure en plongeant ses iris mordorées dans les siennes, beaucoup moins ternes. C'est facile à dire, c'est aussi mensonger. Faye, elle n'oublie pas le croque-mitaine de son enfance, elle n'oublie ni les éclats de cervelle criblant son visage de baryton du cri, ni les stigmates sur sa chair marquée que son reflet lui renvoie, quotidiennement. Le nuage noir qu'elle craignait de voir apparaître trône dorénavant au-dessus d'eux et Faye, elle n'en veut pas. Alors elle glisse une main dans la poche de son jean pour en libérer les clefs de sa voiture, qu'elle agite comme un hochet sous le nez de Liam. Tu nous ramènes ? Son timbre de miel a le goût du renouveau, de l'océan des possibles, il s'accroche à un avenir radieux, à un espoir nouveau qui se reflète dans le sourire qui s'accroche aux lèvres pleines.
Faye, elle s'en souvient encore comme si c'était hier de cet adolescent dégingandé, survolté et brillant, capable de charmer en un battement de cil. Il avait déboulé dans le salon minuscule comme un taureau dans l'arène, manquant briser une lampe, pour brandir son permis provisoire tel un étendard. Il avait réussi. Il devenait grand. Il pouvait conduire, s'offrir une voiture. Et papa, avachi dans son fauteuil, la mine des mauvais jours dardée sur la télé, avait répondu sans même lui jeter un coup d'oeil. de toute façon, qu'est-ce qu'tu vas en foutre, c'pas comme si t'allais t'payer une bagnole. Ils étaient fauchés comme les blés, les Delaney. Papa réclamait soixante pour cent des économies et comme un seigneur, il collectait ses impôts chaque début de mois. Faye, elle donnait tout, elle se pliait toujours aux règles, même les plus absurdes. Et Liam, lui, avait économisé assez pour se payer le permis. Alors, elle, elle savait : Liam, il aurait une voiture bien avant que Papa, lui, ait un travail.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
should i stay or should i go ?

you're my everything (liam) Empty
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
 
you're my everything (liam)
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» la cage (liam)
» ouragan. (liam)
» TEDDYBEAR (liam)
» everything has changed (liam)
» land of the free. (liam)

+

Sauter vers: