[a lot on my mind]
bancale. une famille aux arrières goût de cendre. une femme instable qui épouse un homme peu fiable. deux beaux enfants, désirés c'est ce qu'on t'a toujours raconté. une mère étrange, un père fantôme animé par des pulsions à jamais incomprises. il y avait les cris, il y avait la rage et les épisodes de silences contraints. il y avait les larmes d'une sœur. puisque le géniteur de pacotille ne remplissait pas son rôle, tu t'étais juré de la protéger.

la lune. faye la partie manquante de ton âme. l'âme sœur que tu ne trouveras nulle part ailleurs. l'amour pur qui habite ton cœur. relation fusionnelle, incomprise de certains. depuis gamins tu joues les grands frères, depuis gamin tu t'es donné la responsabilité de son sourire. la responsabilité de son bonheur. peu importe les conséquences. neufs ans derrière les barreaux, c'était le prix à payer.

double-face. sourire enjôleur, regard d'enfant, blagueur, Don Juan des temps moderne. tu sais y faire pour leur plaire, tu savais y faire. les filles qui perdent leurs mots, les filles qui bafouillent en face de toi. t'as toujours aimé ça. mais t'as toujours été cette bombe à retardement. l'impulsivité au creux des paumes. aujourd'hui le sourire est toujours là, et la rage a prie possession de ton être. tu vis chaque jour comme le dernier, comme le premier.

la démence. et la peur au ventre de n'être qu'une pâle copie du paternel. de n'être que haine et violence. à chaque fois que tes poings ont cogné, que tes phalanges ont craqué, à chaque fois que tu avais ce sourire en coin après une baston bien menée. t'avais l'esprit tremblant, pourtant tu n'as jamais su t'arrêter, c'était une obligation dans cette cage. tu es devenu un fauve.

pourriture. il te ronge de l'intérieur. écrase tes cellules les unes après les autres, fatigue ton corps mais ranime ton âme. il te bouffe de jour en jour, ils ont appelé ça cancer, tu prétendras qu'il s'agit du karma. tu as ôté la vie à ton père, et la vie te le rend bien.

tic tac. tic tac.
les énièmes cris, les énièmes coups de sang. une dispute banale. l'homme hurle des paroles insensées, ta mère comme à son habitude n'ouvre pas sa bouche. elle hoche la tête. t'es toujours d'accord d'toute manière. que tu lâches les dents serrées. toujours, quoi qu'il arrive. malgré les atrocités du paternel, malgré les cicatrices de sa fille. il est devant toi, à quelques centimètres. de quel droit, tu me donnes des leçons gamin. son haleine alcoolisée caresse tes narines, ses doigts boudinés s'appuient avec force sur ton épaule pour te faire faillir, en vain. j'veux plus que tu t'en prennes à elle. d'une voix calme, une menace déguisée en demande. tu veux plus la trouver en pleurs, tu ne veux plus rentrer et le voir lui assis sur son putain de fauteuil, ta sœur en larme sur celui opposé. mesure toi à quelqu'un de ta taille, pour une fois. il ricane avant d'exploser d'un rire gras qui fait vibre tout ton être. tu serres les dents. tic tac. tic tac. et voilà qu'il se fout de ta gueule. les insultes fusent et tu fais la sourde oreille. il lève le ton, son index qui s'agite devant ton visage fini de faire monter la pression dans tes artères. tu lui tournes le dos et le voilà qui fanfaronne de plus belle. dans la cuisine tu t'empares de la bouteille de whisky, tu avales des gorgées dans l'espoir de te calmer. ta mère s'en mêle, elle est là dans l'embrasure de la porte, elle le défend une nouvelle fois. elle te demande du calme, que tout ce dont votre père à besoin c'est du calme, deux enfants ce n'est pas facile tu comprends, une fille qui plus est, il ne sait pas s'y prendre, ne lui en veux pas. s'il te plait liam. s'il te plait. dans ses yeux à elle aussi tu peux y lire la peur, celle qui s'est transformée en habitude, en amour, putain de syndrome de stockholm. oui, oui. elle se barre enfin. quelques minutes plus tard t'as un flingue entre les mains, chargé. l'adrénaline comme compagne. tic tac. tic tac. quelques secondes plus tard le canon est pointé vers son crâne, tu n'attends même pas qu'il pose les yeux sur toi, tu ne veux pas qu'il te supplie, tu ne veux plus l'entendre.
bang.
le bruit est sourd et la cervelle se répand sur les murs. la mère panique, la mère pleure. et tu entends ta sœur qui se lève.