01. Tu adores les défis. Frôler la ligne rouge du bout des doigts, sentir la brûlure de l'interdit sur ta peau mordorée. Tu veux prouver à tous que tu peux faire plus, bien plus, toujours plus. Tu as cette réputation de fille insaisissable, présente sur le front auquel on ne s'attend pas, une couche de vernis doré sous une enfance sans figure familiale, qui dégaine instagram à tout photographier comme si sa vie en dépendait. Futile ? Non, fragile... 02. Il faut bien se l'avouer, t'es minable avec un crayon mais l'art, tu adores. Ça te transporte au pays des merveilles en quelques coups de pinceaux, ça te fait rire aux larmes grâce à une pellicule et ça te fait pleurer de joie avec un alignement de touches noires et blanches. D'ailleurs, en parfaite petite riche, tu joues du piano, abonnée aux récitals du dimanche depuis ton plus jeune âge. 03. T'es pas une fille triste, froide, qui se cache derrière des mots durs et des actes barbares. Toi, tu ris, tu éclabousses de ta bonne humeur et de ta volonté tout ce qui passe à ta portée, même si la situation, tu la tournera toujours à ton avantage. Le credo de ton éducation c'était "toi avant les autres" et tu respectes au pied de la lettre. 04. Tu adores la culture française, et plus tard, tu voudrais vivre à Paris, avec la tour Eiffel pour te dire bonjour le matin au réveil. Pourtant, t'es pas fichue de dire "Bonjour" correctement, il faut toujours que ça dérape sur la dernière syllabe. Pas très à l'aise avec les langues étrangères, ton accent laisse franchement à désirer. 05. Le compte en banque jamais à sec, merci papa, tu voyages depuis aussi longtemps que tu t'en souvienne. Canada, France, Suède, Australie, Angleterre, Russie, et tu en passes... C'est ta drogue ces allés retours. Le bruit violent de l'avion qui décolle, la tête qui tourne à cause du décalage horraire - ou serait ce par émerveillement ? - ton regard brun qui parcoure la foule, ça te saoule comme un verre de vodka. À la fin, t'as la gueule de bois, mais tu ne peux pas t'empêcher de recommencer. 06. Sportive, tu l'es évidement. On ne déroge pas si simplement aux stéréotypes de la jeune femme sans défauts apparents. Digne rejeton d'une famille de façade. Équitation, danse, mais aussi échecs. Tu n'es pas la plus douée dans ce domaine, mais quand le roi adverse tombe, tu te sens plus reine que jamais. 07. Ta couleur préférée c'est le rouge. Pas très important à savoir n'est ce pas ? Mais c'est un tic, c'est un peu toi. Tu sors pas sans rouge. Sur les lèvres, dans les cheveux... Un poison rubis qui se distille lentement. 08. Tu écris. Beaucoup. Des nouvelles, des chansons, des ébauches de romans... Tu n'achèves jamais rien. Tout devient trop mauvais, fade, naïf ou vide de sens dès que tu t'attaques à de nouvelles lignes. La confiance, elle est présente en apparence, mais quand tu fais tomber le masques, c'est autre chose... 09. L'eau c'est ton élément. T'as même fait une crise à l'âge de quatre ans, pour que tes géniteurs t'offrent une piscine, enfant gâtée. La mer est ton exutoire, les vagues, une poésie sans fin dans laquelle tu plonges avec la délectation d'un ivrogne en manque de mauvaise bière. Le sable, une immense page blanche ne demandant qu'à être marque de ton passage pour ensuite, l'effacer un peu mieux et tout recommencer. 10. Tu es sûrement... la pire cuisinière que la Terre ait un jour pu porter. Faire brûler du pain grillé ? Paris hautement réalisable. Rater des pâtes ? Déjà fait mon capitaine. Tu n'est décidément pas la femme parfaite mais sérieusement ? T'en à rien à foutre...

C'est froid, blanc et glacé. C'est beau, éphémère et minuscule. Tes toutes petites mains gantées de rouge essayent sans résultat d'attraper les fins flocons de neige qui tombent du ciel et font pleurer tes yeux. Tu n'y arrive pas, ils disparaissent toujours avant, comme si il leur était interdit de te toucher. Pourtant, tu n'abandonnes pas, ces cristaux, tu les veux, pour les mettre dans ton sapin. Gamine qui sait que tout lui est permit, autorisé, donné d'office, les flocons ne te résistent plus longtemps, et une brusque rafale de vent blanchit ta moufle. Les yeux brillants, tu éclates de rire et cours dans la poudreuse immaculée, marquant de tes petits pieds les premières neiges d'hiver. « Charlotte watch it ! I caught pearls of ice ! It would be possible to make jewellery ? » Les iris bruns de ta gouvernante te couvrent d'une tendre émotion. Tu sais ce qu'elle pense, elle l'a déjà dis. Oh, pas à toi non, du haut de tes cinq ans, tu es trop jeune pour les cris adultes, mais à ta mère, oui. Et toi, cachée derrière la porte, tu écoutais en pleurant doucement. Doucement comme une enfant. « You miss her a lot you know ? To your daughter I mean. You' re never present for her. She asks you has length of day, it's frustrating. I can there more, Mrs Swire. She is marvellous, your baby, open your eyes. Please. » Toi, tu ne voyais rien, de ta cachette sans prétention. Mais les sons ne mentent jamais. Charlotte était debout, immobile et tendue comme un arc. Elle risquait gros, à faire des remontrances à la matrone. Ta mère, elle, était assise sur le grand fauteuil, celui qui intimidait tout le monde, sans exception. « You can't understand. I have no time for her, my husband has a job and I must assist him. And I spend time with my daughter, who takes care of her at the end of week to your opinion ? » Ta génitrice s'était levée d'un coup, surplantant de sa hauteur et de ses yeux ivoires la petite rousse auquel tu tenais tant. Celle ci venait de reculer vers la porte, l'ouvrant violemment. Prudente, tu te renfonçais dans le recoin sombre du meuble,  étouffant ton ombre aux faisseaux de lumière. « You know, we don't make children when we have not time for them.. » Et elle était partit, sans prendre garde aux grondements étouffés de celle qui l'écoeurait. Toi ? Tu pleurais doucement. Doucement comme une enfant...

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« Why did you do that ? » Emilia, une jeune fille de ta classe aux immenses lunettes rouges qui lui rongent le visage te regarde les larmes aux yeux, le visage consterné, son téléphone à la main. Elle est officiellement la risée de tout le lycée, et ce grâce à toi et à ton arme de destruction massive : facebook. Elle l'avait cherché, à se rapprocher un peu trop de Keegan, le garçon que tu convoitais depuis deux mois. Alors toi, crise d'adolescence oblige, tu avais joué à la peste à la perfection, te calquant sur le modèle familial. Tu es riche, tu as le droit. C'est aussi simple. C'est pitoyable. Emilia s'était faite piégée lors de la soirée organisée pour ton anniversaire, le genre de fête ou les invités étaient fixes sur la statuts sociaux. Tu étais présent ? Tu étais populaire. Recalée ? C'était fichu. Perfect American Cliche. L'alcool coulait alors que vous n'étiez encore que des gamins arrachés au berceau, pleurant dans les jupes de leurs mère au moindre faux pas. Sauf que toi, la jupe de ta génitrice, tu n'en avais vu à peine que l'ombre d'un volant. Bourrés, toi et tes "amis" aviez donc trouvé d'un naturel amusement de balancer l'instruse dans ta piscine. Les images montraient une jeune femme trempée se réchauffant dans les bras... d'une bouteille de tequila. Game Over,  ta réputation est en miette. C'était ça, de défier la princesse Cecylia sur son propre territoire. Ironique, tu lèves les yeux avant sortir ton téléphone et de suprimer les photos mises en ligne. Stupide mais pas au point de risquer une quelquonque sanction. « Why ? Because I found that funny. » Happy Birthday Swire...

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Le soleil couchant découpe son ombre, comme taillée à la serpe. Dieu, qu'il est beau. Ton corps est tendu de désir et de tendresse envers lui. Cem. Le jardinier, le chauffeur, le majordome, l'homme a tout faire de la maison. Vous pouviez remplacer toutes les bonnes tout les mois, Cem, il bougeait pas. Jamais, depuis trois ans. Trois ans que vous vous connaissez, que vous grandissez ensemble, toi admirant en secret les changements opérant sur son corps fin. Dieu, qu'il est beau. Vous aviez sauté le pas hier. Hier, vos âmes, vos sangs, s'étaient mêlés pour la première fois. Espiègle, joueuse, tu avais à nouveau ramené un homme dans tes filets. Mais pas n'importe lequel. Cem. Ses lèvres avaient un goût d'interdit, ses bras, la douceur des plus grands défis. Intouchable, avait édicté ta mère. Depuis quand tu lui obéissait à elle ? Dès sa silhouette mortelle partie, vous aviez plongé dans ces gestes d'amour. Tu ne peux t'empêcher d'y repenser, chaque secondes depuis hier, à méditer sur ta terrasse, des lunettes de soleil te dévorant le visage, l'observant secrètement taille un rosier. Cette scène, à quelques détails près, était semblable à l'autre. Exception faite que tu n'aurai pas à crier comme une folle en danger pour obtenir gain de cause. Relevant tes verres teintés sur tes cheveux dorés, tu quittes ta chaise et avance doucement sur l'herbe, ton regard azuré fixé sur dos nu, du fait de la chaleur étouffante. Il tressaille. Tes mains froides viennent enserrer ses épaules, ta bouche s'approchant dangereusement de son cou. « The most beautiful rose is not on this bush you know? » Sensuelle, sifflante. Souriant, il s'arrête de tailler et sourit. Déjà gagné ? Trop simple...  « Beautiful but prickly isn't it miss Swire ? » Touché coulé Cecylia. Tu l'embrasses, il frissones. « What would be the game without a bit of spice...» Tu le nargues, l'attire, le tente. Vous valsez langoureusement sur un rythme connus de vos seuls deux esprits libres. La belle et la Bête. Le pauvre et la riche. Sérénade du millénaire, traversant les cultures. Posant son sécateur, il se retourne, attrape ta bouche dans un baiser, sauvage et brillant. Déjà ton souffle s'accélère, tes doigts se baladant sur son corps d'Apollon. Il rompt le contact. Ton retour à la réalité est violent, tu le regarde, et dans tes yeux se lisent l'incompréhension. Il n'était pas comme ça hier. Ses pupilles brillent de malice, lorsqu'il se penche pour reprendre son outil, et finir de s'occuper des fleurs. « Pretty flower ... Wait for the moonlight to become the wild lioness. I will be there... » Il te promet l'extase ce soir. Au final, vous raflez la mise tout les deux. Ses mots de cristal, poèmes disparus, résonnent encore à tes oreilles comme des carillons. Tu as trop chaud, et sans bruit, court piquer une tête dans la piscine. Tu n'aura qu'à te noyer, ton chevalier servant, t'as à l'oeil...