[a lot on my mind]
[un] cash, il a des marques sur le corps. des cicatrices qui sont venues parsemer sa peau après quelques chutes qu'il n'est pas prêt d'oublier. principalement sur ses genoux. sur ses coudes aussi. et il y en a une sur sa cuisse. un chien qui l'a mordu. salement. [deux] enfant de la communauté mormon. bercé de textes bibliques dès la plus tendre enfance. enfant parmi dix autres. grande famille. famille heureuse. en apparence. cash, il ne s'est jamais réellement fais aux idéologies de la famille. de la communauté en général. enfant déviant. [trois] gamin qui n'a jamais trouvé sa place dans le parcours scolaire. enfant turbulent. qu'on retrouvait toujours au fond de la classe. à discuter avec ses camarades au lieu d'écouter le professeur. enfant qui regardait par la fenêtre ce qu'il se passait dehors. regarder les oiseaux voler. jouir de leur liberté alors que lui se retrouvait enfermé dans cette cage plus ou moins dorée. [quatre] adolescent qui a cédé au pêché. la luxure. la gourmandise. l'envie. sans aucun remord. parce que c'est comme ça que vivent les autres enfants. il le savait. il l'avait vu dans les rues de la ville. un groupe d'adolescent de son âge se comportaient comme tel. alors il s'est dit qu'il pouvait faire de même. erreur. quand on l'a pris sur le fait, il a manqué de se faire renier par ses parents. de peu. de très peu. [cinq] passionné par ce qu'il ne peut avoir. par ce qu'il ne peut faire. il devait se contenter de ce qu'on lui donnait. de ce que ses parents possédaient. mais cash, il a fini par se faire la malle. en douce. y'a cinq ans. moment d’inattention de ses parents. moment de folie du jeune homme à l'époque. combo gagnant.

le soleil est haut dans le ciel. y'a un léger vent. du moins c'est ce que cash observe depuis la fenêtre de sa chambre. pièce partagée entre plusieurs enfants de la famille. mais il y est habitué. il n'y fait plus attention. les gosses font partie du décors. des bibelots dans la chambre. figurine un peu bruyante. de jour comme de nuit. cash, il passe la plupart de ses journées le nez contre la fenêtre de sa chambre. à observer ce qu'il se passe dehors. y'a son regard qui se pose sur les oiseaux. comme toujours. ceux qui volent haut dans le ciel. ceux qui volent à plusieurs avant de se poser sur un fil électrique à quelques rues de là. la porte de la maison s'ouvre puis se ferme. dans un claquement. cash, il observe ses parents s'éloigner. bien habiller. trop bien habiller. alors il sait où ils vont. ce qu'ils vont faire surtout. ennuyer les habitants du coin. quand les deux individus disparaissent au bout de la rue, cash, il se relève de suite. y'a comme un électrochoc. un appel de l'extérieur. de l'inconnu. cash, il sort un grand sac. sac de voyage. qu'il rempli de vêtements. d'affaires quelconques. tu fais quoi cash ? la voix de la gamine retentit. le jeune homme, il tourne la tête vers la gamine haute comme trois pommes. et il lui sourit. doucement. il s'abaisse pour être à son niveau. je vais voir des copains. d'accord ? tu reviendras, hein ? il hoche la tête. pas capable de faire cette promesse à haute voix. de lui mentir à haute voix. il plante un baiser au sommet de son crâne avant de dévaler les escaliers. précipitamment. il prend une feuille et un crayon au passage. il laisse le stylo courir le long de la page. rapidement. écriture pourtant nette.

je pars. je ne peux pas vivre comme ça. comme vous.
cash.

feuille posée sur la table de la cuisine. et il part. il prend son envol. se laisse guider par le vent vers de nouveaux horizons.



la liberté. il y goutait pour la première fois cash. goût amer. parce qu'il s'est retrouvé à la rue cash. à dix-huit ans à peine. lui qu'il voulait la liberté, il l'a eu. un peu trop surtout. il s'est baladé pendant des mois avec son sac dans le dos. ses minces économies en poche. et il est finalement arrivé à liberty. c'était la ville qu'il lui fallait. rien que son nom le prédisait. alors à peine arrivé, il s'est installé. posé bagage. il a eu la chance de connaître l'hospitalité en ville. un vieil homme qui l'a recueillit chez lui. qui lui a même trouvé un boulot. vendeur dans son épicerie. cash, il a attendu d'avoir assez d'argent pour se prendre un logement. une colocation. c'était le bon plan. merci de m'avoir accueilli chez toi. mais je vais te laisser. j'ai trouvé un autre logement, je ne veux pas te déranger plus longtemps. en tout cas, je ne pourrais jamais assez te remercier pour ce que tu as fais pour moi. l'homme d'une cinquantaine d'années à simplement relevé la tête de la caisse de l'épicerie, un sourire venant étirer ses lèvres, laissant quelques rides apparaître au coin de ses yeux. ça m'a fais plaisir de t'aider cash. t'es un bon gars. alors le jeune homme, il est partit. sac sur le dos. nouveau déménagement. nouvel emménagement surtout. son nouveau chez lui. et le gamin, il s'est trouvé un autre boulot. un truc plus adapté à son rythme de vie. qui paie plus surtout. barman. ça s'est ouvert à lui. rapidement. quelques heures par semaine au début seulement. juste de quoi payer sa part du loyer et à bouffer. rien d'autre. le stricte nécessaire.



y'a une gamine qui l'chamboule. qui réussit à l'mettre sur les nerfs en un rien de temps. simple record. gamine qui lui tape sur le système autant qu'elle le fait marrer. gamine qui l'rebute autant qu'elle l'attire. cash, il doit la supporter. quasiment tout le temps. parce qu'elle vit avec lui. dans la colocation. y'a un jeu à la con entre eux. provocation constante. tension palpable la plupart du temps. mais y'a surtout des cris qui fusent. et aujourd'hui ne dérogera pas à la règle. cash ! gamine qui gueule. c'est jamais bon présage. il suit le son de sa voix. la salle de bain. y'a un sourire à la con qui vient prendre place sur ses lèvres quand il passe sa tête dans la pièce. quoi ? tu veux que j't'aide à te doucher ? j'suis sûr que ça pourrait être amusant. la gamine, elle souffle. soupire sûrement entendu depuis la cuisine. mais il n'y prête pas attention. parce qu'il a à peine le temps de prendre parole qu'un vêtement arrive sur son visage. son boxer. il se recule. vivement. le sous-vêtement au sol. qu'est-ce que tu foutais avec mon boxer ? tu renifles mes sous-vêtements maintenant ? il la gonfle. il le voit clairement. les traits du visage de la belle jeune femme en face de lui l'exprimant clairement. j'foutrai jamais mon nez là-dedans. j'veux pas mourir. cash, il hausse les sourcils et la gamine, elle lui indique d'un simple geste de tête la machine à laver. juste derrière elle. j'suis pas ta bonne. cash, il lève les yeux au ciel. exaspération. alors il prend le boxer entre ses doigts et le laisse tomber dans la machine à laver. faisant bien exprès de venir se coller à la jeune femme. si tu voulais juste que je me retrouve coller à toi, il fallait le dire, je l'aurais fais avec plaisir. la gamine, elle laisse sa main venir rencontrer sans aucune délicatesse sa joue. gifle sûrement un peu méritée. mais juste un peu. et la gamine, elle se faufile entre ses doigts. hors de sa portée. comme souvent. quand ce n'est pas lui qui se faufile entre ceux de la demoiselle surtout.