(nahir, douze ans.)

le cul sur son lit, le regard dans le vide, un énième souffle qui franchit ses lèvres. dure journée. phalanges amochées. passées inaperçues aux yeux des parents pour le moment. mais tout finit par se savoir. évidement. nahir ! la voix du paternel qui résonne dans toute la maison. sourcils du gamin qui se froncent. fort. ouais ? sa réponse qui a à peine le temps de franchir ses lèvres que la voix de son père se fait de nouveau entendre. ramène ton cul en bas. et de suite. gamin qui se lèe. vite. ne pas le faire attendre. les escaliers qui ne suffisent pas a trouver la raison de l'énervement du paternel. temps qui passe trop vite. bien trop. et il se retrouve dans le salon. pièce maîtresse. pièce où se trouvent ses parents. maman le regard dans le vide, devant elle. papa, le regard braqué sur nahir qui vient d'arriver. et il se lève. vite. pour venir se planter devant le garçon. donc nous, on t'as élevé de manière a aller frapper les autres ? nous, on nous appelle pour nous dire que notre fils s'est battu à l'école ? le ton qui grimpe au fil des mots. nahir qui ne bouge pas. qui comprend de quoi il parle. qui comprend que le téléphone posé sur la table du salon n'est pas qu'une coïncidence. pourquoi t'as fais ça nahir ? maman qui le regarde enfin. nahir qui les observe. l'un après l'autre. cherche ses mots. les bons. sauf qu'il n'en trouve pas. pas vraiment. trouve juste une excuse qui n'en est pas une. il l'a mérité. et j'ai même pas tapé fort. une des partie est fausse. il a cogné. fort. au point d'en avoir mal aux poings. mais tu es civilisé, non ? tu sais parler au lieu de frapper, non ? nahir qui garde le silence. mais hausse la tête. lentement. répond. regard au sol. oui. papa qui lui tourne le dos. qui va chercher le téléphone qu'il tend a sa progéniture. tu vas l'appeler et t'excuser. gros yeux du gamin. s'excuser. jamais. non. la main du père qui prend déjà son élan dans les airs. et finalement, les doigts du gamin qui s'enroulent autour du téléphone. regards rivés sur le gamin qui compose le numéro dicté par sa mère. trois sonneries. et une voix répond. le gamin, justement. comme si le coup de fil était attendu, justement. j'm'excuse pour ce matin. les mots qui lui arrachent la gorge. tout simplement. difficiles a lâcher. mais maman et papa s'éloignent. le laisse seul. avec le téléphone dans les mains. demain, t'es mort. j't'avais dis d'rien dire aux profs. menace qu'il mettra en exécution dès le lendemain. gamin qui a voulu faire le malin avec nahir pour ensuite se plaindre. pour qu'au final, ce soit lui qui s'fasse engueuler. sauf que ça ne peut pas fonctionner comme ça.

(nahir, vingt-six ans)

six ans. six années qu'il met ses poings au service de la famille lynch. au service des dirty cruisers. tous les jours. et ce soir ne fait pas exception. surtout pas. des comptes a régler. des impayés, surtout. sweat large sur le dos. jeans noir. baskets. tenue banale. qui s'fond dans la masse. mains dans les poches, doigts qui jouent avec son téléphone, ou ses clés. nahir qui attend. les gars qui doivent être avec lui ce soir. groupe pour l'coup. parce qu'il s'agit d'un truc plus gros. plusieurs types en face surtout. y aller seul, c'est perdu d'avance. tous se retrouvent devant la boite de nuit. l'propriétaire a qui il faut aller rendre une petite visite, pleine de courtoisie. évidement. on rentre ? toutes les têtes qui se hochent. accord de tous. les pas qui commencent. les videurs qui commencent par vouloir les bloquer dehors. le groupe qui se divise. certains qui restent dehors. d'autres qui rentrent. attention focalisée sur le bureau qui surplombe le tout. cinq/six gars qui gravissent les quelques marches pour arriver au niveau du bureau, ça n'passe pas inaperçu. quelques regards qui s'posent sur eux. auxquels ils n'accordent aucune importance. et dès que la porte fut ouverte, c'est là que le tout commence. que le tout merde. petit comité d'accueil pas vraiment prévu. pas comme ça. pas mal de monde. trop de monde. une dizaine de gars. il devait s'attendre a une visite. forcément. et les coups pleuvent. des deux sens. le sang qui coule. à flot. recouvre de petites parcelles du sol. des gouttes qui finissent par former des flaques. coup de poing. coup de boule. coup de pied. tout y passe. du monde qui se ramène. les gars qui étaient restés dehors. ça permet de reprend l'avantage. heureusement. nahir débarrassé des gars. l'visage douloureux. les poings aussi. nez en sang. rapide passage du revers de sa main dessus pour tout essuyer. l'gros au moins. et il s'approche. s'approche du patron, encore soigneusement installé sur son fauteuil. regard noir. poings serrés. qui t'as dis qu'on allait venir ? question qui lui brûle les lèvres. réponse qu'il attend. encore et encore. mais rien ne vient. rien. il sourit c'con. le nargue. les narguent. et finalement, y'a des coups qui partent. poing contre son nez. pile dessus. il devrait pas, il le sait. mais l'coup est partit seul. tout seul. alors qu'l'es autres gars commencent a tout fouiller. tout retourner. pour trouver finalement une liasse de billets. plus que ce qui était du. c'est certain. mais ils prennent l'tout. les intérêts. et finalement, ils s'barrent tous. aussi vite qu'ils sont arrivés.