I never tasted your lips but i believe our souls touched each other
and that’s why i still long for your company.

À la lueur matinale recrudescente, la lune cède sa place au soleil. Une nouvelle journée démarre. Pourtant, la poupée vendrait son âme au malin, si cela lui permettait de repousser les assauts de l’astre luxuriant. Et pour preuve, ses doigts s'agrippent désespérément aux épaules du garçon qui arpente à la manière d'un fauve sa chambre d'adolescente. De ses yeux mouillés, elle l'implore en silence de ne pas la laisser dans son sillage. — Lya, tu sais bien que ton père me tuerait s'il me trouvait ici, soupire-t-il. Ô, vérité bien amère qui plane au-dessus de leurs têtes à la manière d'une épée de Damoclès. Malgré tout et sans répit, la gamine se raccroche à l'idée que le jour suivant sonnera la fin de toute cette tragédie. Quel mirage cruel, un rêve qui n'est que folie. Ces deux êtres sont voués aux ténèbres. À se cacher des yeux des curieux afin de toucher, ne serait-ce qu'un instant, l'empyrée tant désiré du bout de leurs doigts avides. Lyanna se pourfend de raisons bien pensées dans le but de justifier cette mascarade. Pour le bien de cette passion enivrante qui l'anime un peu plus chaque jour. — Je sais bien... mais promets-moi de revenir ce soir. D'un commun accord, sans que le jeune homme n'ait à prononcer le moindre mot, un sourire effleure la surface de ses lippes lorsque ces dernières couchent un tendre baiser sur le front de sa dulcinée. Dès lors, le vagabond repart sur son fidèle perchoir. Il est d'une grâce masculine innée quand son corps franchit la fenêtre et s'élance sur la branche éraflant la façade de la maison. Tout un parcours d'équilibriste, dans le but d'uniquement franchir la zone de guerre qu'est l'habitat de la princesse prisonnière.  

Yes, this is a war zone.
Yes, blood has been spilled here.
A warning: It has never been mine..

Les mots se réverbèrent contre les murs, tandis que leur propriétaire frissonne de colère. Ses petits poings sont serrés et ramenés fermement le long de son corps qui tremble sous les relents de l'affront qu'elle vient de lancer. — Cette famille est pourrie jusqu'à la moelle. L'étonnement et l'incompréhension se mêlent dans les regards de ses géniteurs. Un moment de flottement qui permet à chacun d'assimiler la teneur même des propos tenus par cette petite tornade brune. Un échange flou et sordide, qui ne dure guère très longtemps. C'est la fureur qui prend le relai lorsque cette main maternelle s'abat contre la joue de la princesse révoltée. Une fois encore, le silence prend le pas sur tout le reste. Lyanna est tétanisée dans un mouvement de recul, la main posée sur cette chair meurtrie. Avant que sa voix ne tinte une énième fois amèrement, un amoncellement de perles translucides s'amasse aux coins de ses grands yeux de biche effarée. — Je vous ai toujours détesté au fond.. Ces mots sont blessants et visent d'une justesse bien trop précise le coeur pris pour cible. — Bien. Cela ne te dérangera donc nullement d'apprendre les fiançailles de ta soeur.. La sentence est sans appel. Mais c'est avec la tête haute que repart la nymphette, bercée par des illusions désormais avortées. Et surtout, avant même que le nom de l'élu ne soit associé à cette perfide vipère qui partage le même carmin que le sien.