[a lot on my mind]

(1.) Cash, c'est pas le type bien sous tout rapports. C'est pas le gars à qui on va demander un service, et qui dira oui pour la bonté du geste. Cash, c'est pas un gars qui aideras les petites vieilles à passer sur le passage piéton, il se collera plutôt au mur pour attendre de voir quand elle tombera. Cash, il a sans doute jamais été bon, c'était pas son truc. A la distribution de la bonté, il était parti siffler l'alcool dans les bars.
(2.) Il était prédestiné, ce gamin. Son prénom voulait tout dire, référence pourtant à l'artiste, mais surtout à l'argent. Ça l'a toujours motivé, il en voulait toujours plus. Ou du moins suffisamment pour vivre sans devoir travailler comme un forcené comme ses parents. Cash, il a jamais été bon à l'école, il n'a jamais travaillé assez pour être dans les premiers, les deuxièmes, ou au dessus de la moyenne. Alors du coup il pouvait pas compter sur un métier digne. Non, lui, il s'est plutôt tourné vers l'argent facile.
(3.) L'argent facile, les yeux pleins de rêves. Les Bahamas, l'Australie, les doigts de pieds en éventails et des filles en petite tenues pour servir des cocktails. Les lunettes visées à son regard, la chaleur sur les membres, l'argent qui coule en rivières. C'est pour tout ça que Cash, il s'est mis à braquer des banques. Qu'il est parti faire le tour des grandes banques du pays, comme un road trip malsain. Une petite bande, qui l'ont accepté sans broncher, parce qu'il fournissait les meilleures diversions. Un sacré paquet de fric, qu'il s'est fait ainsi. Sauf qu'il s'est fait prendre, alors que ça tournait mal.
(4.) Le flingue dans la main, la poudre sur les doigts, il a tiré sur l'un des gars de sa bande, une montagne qui voulait pas partager. Des coups de feu tirés ont alerté les flics, alors que le mec s'effondrait, son chargeur vidé avant de clamser. L'une des balles à traversé la cuisse de Cash, et l'autre s'est logée dans l'épaule. Les poulets ont cru à la légitime défense, alors qu'il l'a presque abattu de sang froid.
(5.) Cash, il a tout balancé, payé un avocat une fortune, tout pour éviter la prison. Il avait planqué son fric, senti le vent tourner, mais finalement n'a pu échapper aux quatre murs. Il a pris sept ans, comparé aux autres, c'est rien. Trente ans, pour braquage, pour meurtre, recel et association de malfaiteurs. Cash, il s'estime heureux, avec si peu.
(6.) On peut pas dire que ça l'a changé, la prison. On peut pas dire que ça la rendu plus sage, moins tapageur, moins grande gueule. Il a pris ça par dessus la jambe, Cash, sachant très bien qu'après, il irait se la couler douce sur les îles. Que c'était juste un toit pour le moment, une escapade vers la liberté. Pourtant, il s'en est pris plein la gueule là-bas. Il savait jamais la fermer, savait jamais garder ses poings pour lui. Alors évidemment, la plupart de ses codétenus l'appréciaient pas des masses. Sauf un, Bruce. Enfin, jusqu'au temps où il a plus su le supporter. Où Bruce en a eu assez de voir Cash aller ailleurs, de le voir avec d'autres. Cash, il aimait ça, le rendre jaloux. Le rendre fou. Le voir perdre ses moyens, le voir devenir violent. Mais cette fois-là, ça a été trop loin. Cette fois là, Bruce l'a pas épargné, il l'a cogné comme s'il allait le tuer - c'était probablement le but, d'ailleurs - et les mâtons les ont séparés. Définitivement.
(7.) Il a purgé ses trois dernières années dans une autre prison, bien plus loin que la précédente, ce qui a impliqué des visites plus rares encore de sa famille. De sa petite sœur, surtout. C'était rien pour lui, ça l'a pas démoli, parce qu'il avait fait la moitié de sa peine déjà. Et qu'il continuait à l'appeler de temps en temps. Juste pour rappeler à tout le monde qu'il vivait toujours. C'était pas la joie quand ils étaient petits. Cash adorait emmerder sa sœur, détestais la voir dans ses pattes, disais souvent qu'elle n'avait rien à faire là. Pointe de jalousie, sa propre mère partie vivre ailleurs, alors que celle de Nicki était toujours là. Et son regard a changé, quand les membres de sa bande commençaient à poser sur elle des yeux intéressés. Qu'elle s'intégrait à la bande, tournant autour du même mec pendant des années. Qu'est-ce que Cash le déteste, son beau frère. Même pas foutu de lui offrir une meilleure vie. Alors que Cash, lui, lui envoie régulièrement de l'argent, pour éviter qu'elle se retrouve dans la merde. Alors Cash, il a finit par aimer sa sœur, même si elle lui rends la vie dure. Au moins, lui, il l'aime pour elle, qu'il dit.
(8.) Depuis qu'il est rentré Cash, il vit chez sa sœur. Elle a pas eu trop le choix, alors qu'il débarquait à la porte prenant place dans l'appartement comme un prince. Il est comme ça Cash, toujours chez lui, sans pudeur, sans retenue. Et puis, c'était mieux chez sa sœur que chez ses parents. Il aurait jamais supporté de les côtoyer h24. Déjà qu'il a accepté d'être commis au restaurant, fallait pas trop lui en demander. Alors c'est Nicki qui trinque, qui fais tampon entre les deux gars, le sien et son frère. Elle devrait sans doute le mettre à la porte, mais elle y arrive pas, il parviens toujours à la faire craquer.
(9.) Cash, il se fout de tout, de tout le monde. Il a pas besoin des autres, qu'il a toujours dit. Il veut pas de l'aide des gens, ni de leur pitié. Il préfère qu'on le déteste, en fait. C'est plus simple, surtout pour partir sans se retourner. Surtout pour ne pas partager, pour aller vivre à l'autre bout du monde, où personne ne le connait. Où il pourra faire ce qu'il veut, sans contraintes. Sans ce bracelet autour de la cheville, qui confirme à tous les rumeurs. Oui, il a braqué des banques. Oui, il en est fier. Et oui, il en a rien à faire de l'avis des gens. Bracelet de merde, juste là pour vérifier qu'il quitte pas la ville, le reste on s'en fout : il a purgé sa peine après tout.
(10.) I'm gonna be, il adore. Cette chanson, c'est sa sonnerie, qu'il se lasse jamais d'écouter jusqu'au bout. Il manque tous ses appels, d'ailleurs. Qu'importe, c'est son plaisir coupable, sa chanson honteuse, celle dont personne ne se vante d'écouter, alors qu'elle est à fond dans les hauts parleurs de la voiture.
(11.) Obscène, vulgaire, tape à l'œil, il se conduit comme un gamin. Un mec qui grandit pas, immature, et qui se satisfait d'être le mec le plus emmerdeur de la terre. Son mantra, toujours aller plus loin. Probablement pas l'un des meilleurs, mais il vit comme ça depuis toujours, il changera pas. C'est lui d'ailleurs qui entrainais toujours les autres de la bande dans des coups bizarres, complètement torché. Tellement qu'on était obligé de porter pour le ramener chez lui, ou il aurait été capable de tomber dans un fossé et d'y crever.
(12.) Plus d'une fois aussi, il s'est faufilé dans les vestiaires des filles, appareil photo en main. Il y avait cette trappe, juste au dessus des douches, alors les photos qu'il a récolté sont assez croustillantes. Il les vendait aux autres membres de la bande, sans jamais révéler sa combine.
(13.) Il est incapable d'être en couple, d'être suffisamment stable pour ça. Il foire toujours, et puis les filles le trouvaient trop bizarre, et jamais très clean. Alors il enchainait, s'attachait pas. En fait, c'est un flippé de l'engagement, alors même quand il en a envie, il fait de la merde, il bousille tout. Même quand y'a un truc, même quand il aime vraiment, il finit par se faire jeter. Même les mecs au bout d'un moment le supportent plus. C'est comme ça, il s'y est habitué Cash, même si parfois il s'accroche. Il pousse à bout, cherche la faille. C'est qu'il aime pas qu'on le rejette, Cash.
(14.) Il supporte pas de manger des légumes ou des fruits, il trouve ça fade et sans goût, surtout depuis qu'il est obligé de peler les légumes pour le service au restaurant. Ça le gonfles, de travailler en cuisine. Alors quand il peut, il s'éclipse, prends des pauses clopes tellement longues qu'on le voit jamais. Pourtant il fait des efforts, parce que c'est le restaurant familial. Un jour, il est censé le reprendre, continuer l'affaire. Sauf que tout le monde sait déjà que lui aux commandes, y'a plus de restaurant. Au mieux ça deviendrais une boite de nuit, mais plus probablement un bordel.
(15.) Il a aucune hygiène de vie, Cash. Il se lève jamais à heure fixe, mais surtout pas avant midi. Il va se coucher à 6h du matin après avoir passé la soirée dans des boites de nuits, à coucher à droite à gauche, et à se bourrer la gueule, à provoquer l'un ou l'autre encore. Il profite de la vie, qu'il dit, profite de sa jeunesse, celle qu'il a perdu derrière les barreaux. On dirait qu'il a rien perdu, qu'il a même pas grandit un peu, alors que tout ses potes sont casés, mariés, ou même ont des gosses. Lui, il s'imagine pas avec des enfants, ça serait la pire des erreurs pour lui. Un vrai fiasco. Cash, il est unique, il a pas besoin de versions miniatures.