Ce qui est intéressant avec le fait d'appartenir à une agence, c'est que les informations sont faciles à obtenir et que le plus mystérieux des hommes se voit vite résumé en quelques phrases. Seulement, il arrive aussi que la nature trop ordinaire d'un homme le rende tellement transparent que même le plus ingénieux des informateurs n'obtienne rien sur lui. Alors quand les stipulations de son contrat mentionnèrent un homme que même son agence n'arrivait pas à identifier, elle comprit vite que si elle voulait mener à bien la mission, elle devrait aller sur le terrain et chercher les informations elle-même.
Et c'est là qu'Eliott entre en jeu.
Policier corrompu, devenu dépressif suite à l'annonce de son divorce avec sa femme, Stella. Élément facilement manipulable. Bonne source d'information.
Le meilleur des amis s'achète.
Il est vrai que quand on pense à une alliance on imagine difficilement un policier et un assassin se serrer la main, et cela malgré l'enveloppe remplie de billet. Mais il y a toujours un "mais", ce "mais" qui met le doute et pousse le plus ingénieux des hommes à se laisser corrompre.
Alors quand l'homme est déjà corrompu, l'avenue obscure l'avale sans difficulté.
Quand on s'attaque à un local, les dossiers policiers sont souvent les plus fournies, on peut y trouver de tout comme la plus inutile des informations.
Et c'est là que Sadie entre en scène.
Un nom et des règles spécifiques, mais un trou dans la base de données.
Parce que Liberty partage son mystère avec ses habitants et que chaque tête y résidant se voit offerte un anonymat sans pareil, mais ça c'était sans compter sur Eliott.
Un bout de papier, un nom, un lieu de rendez-vous et une heure.
"Andrew Stevens, 21st Amendment, 21:00"
(...)
Et il passe la porte, et il commande une bière, et il s'installe à une table libre.
Puis elle arrive et s'assoie face à lui.
Vingt-et-une heure tapantes.
- Bonsoir monsieur Burrows. Je vais vous demander d'être attentif pendant quelques minutes. On se rencontre ici car vous avez besoin d'aide à cause de votre divorce avec votre femme et que je suis proche d'elle. Il y a un homme qui me suit, grand, veste bleue et cheveux blonds, j'ai besoin de vous pour sembler le plus naturel possible. J'imagine que vous avez le dossier avec vous, gardez le caché de tout regard indiscret, on fera l'échange plus tard. En attendant j'vais commander un café. Oh, et c'est vous qui me l'offrez.
Elle lui sourit chaleureusement et se tourne vers la serveuse qui vient d'arriver.
- Un café noir, s'il vous plait.
- Très bien madame.
Une fois la serveuse partie, l'homme qui suit Sadie prend place à la table derrière elle. Elle appuie son sourire pour faire comprendre à Eliott qu'à partir de maintenant, tout ce qui sera échangé devra se porter sur lui et sa femme.
- Je suis vraiment désolée pour toi et Stella. Je ne pensais pas que votre histoire finirait ainsi, sur un papier blanc, après vos deux signatures.
Elle prend un air désolé et pose gentiment ses mains sur celles du policier.
- Alors, pourquoi voulais-tu me voir ?