[a lot on my mind]
déterminé ; franc ; protecteur ; sarcastique ; drôle ; joueur ; perfectionniste ; râleur ; pessimiste ; fier ; enfantin ; attentionné.

Il aime se lever le matin et juste sortir trainer, sans but, sans mission, juste libre. Sentir qu'il n'a pas la moindre responsabilité, ou s'en persuader du moins. Il affectionnent les sorties nocturnes aussi, souvent seul. Ou parfois avec le chien. Il aime bien bricoler aussi, n'importe quoi dans la maison, il ne laisse jamais un plombier rentrer, il fait tout lui-même et finit la journée les mains noires et crasseuses, pourtant plus léger. Se permettre un paquet de cigarette et une cannette de bière fraiche en montant au toit, les jambes balancées dans le vide. Il aime le vie au ralenti. L'odeur du café dans l'appartement, il ne le boit jamais, il se contente de réchauffer la même tasse jour après jour jusqu'à ce que la saveur s'épuise. Le café, c'est cher. Il aime le cinéma blanc et noir. Les consoles de jeux sont une sorte de pêché mignon, il économise souvent ce qui lui reste d'argent pour s'en acheter d'occasions.

1 ☾ Au début, ils étaient trois. Ses petites mains s’accrochant à celles de ses parents. L’enfant se balance et sautille. Il se souvient avoir été heureux. Fruit d’un métissage. Déplaisir des grands-parents conservateur. Jules est trop jeune pour y penser. Un souvenir fugace. Un bonheur éphémère. Ces petits instants volés qu’il aime se remémorer quand les temps sont durs.. 2 ☾ Puis ils sont devenus deux. Trois, s’il peut compter le vide aussi. Celui dans son cœur, douloureux, quand il ne peut plus prononcer le mot papa. Il est juste parti. Personne ne s’y est attendu. Une maladie insoupçonnable, il n’a jamais voulu les effrayer malgré les symptômes qu’il ressentait. Après, c’est juste Jules et sa mère. Contre le monde. 3 ☾ Il se souvient du cri de sa mère quand elle ouvre cette lettre. Il n’y a pas que la maladie que son père leur a cachée, mais une dette incommensurable aussi. Accro aux jeux d’argents, il n’a jamais réussi à s’en passer. Eux ont toujours été aveugles, mais à présent il faut payer, de leurs larmes et leur sang. 4 ☾ Jules enchaine les petits boulots, il ne finit même pas le lycée. Pas le temps pour ça. Il accepte n’importe quel job, ne se pose pas beaucoup de questions. Il ne peut même pas profiter du salaire qu’il perçoit à chaque fin de mois, tout va pour éponger la dette. Mais elle ne diminue jamais. Il a presque l’impression que les zéros se rajoutent. Chienne de vie. Il déteste l’argent. Il déteste les riches et leur insouciance. Peut-être même, qu’il déteste son père un peu. Il ferme fort les yeux, écoute distraitement la commande d’un client. Ne pas penser à ça. 5 ☾ Il noue un collier autour du cou fin, dépose un baiser sur la nuque blanche. Trois ans, c’est leur anniversaire. Sa petite-amie lui sourit. Elle est belle, à couper le souffle. Ils disent qu’il a de la chance qu’elle ait même posée les yeux sur lui. Lui ne sait pas. Il ne ressent rien. Il n’y a pas de papillons dans son ventre, d’étoiles dans ses yeux. Elle ne lui manque pas quand ils ne se voient pas plus de deux semaines. Est-ce une sorte d’amour ennuyant ou juste sa lâcheté ? Cette fille, c’est le choix de la facilité, de la norme. Au moins un repère routinier dans sa vie. 6 ☾ « c'est moi l'enfoiré, je me suis amusé avec ta copine. et elle a aimé. » Jules le regarde, son visage dénudé de la moindre expression. Ce n’est pas la première fois. Il sait que sa copine batifole à droite et à gauche. Ce n’est qu’un garçon de plus sur une longue liste. Alors Jules l’ignore. 7 ☾ Sa mère est une épave. Dans cet appartement miteux où elle passe toutes ses journées. Avec ce verre d’alcool peu cher dans les mains auquel elle se saoule à longueur de temps. Jules se souvient qu’elle était belle. Mais aujourd’hui, elle est maigre et triste. Grise. Elle a arrêté de faire semblant d’aller bien. 8 ☾ Il n’est pas censé le revoir. Pourtant, leurs chemins se croisent au moins une fois par semaine. Jules a du mal à croire au simple fruit du hasard. Mais l’autre est toujours là, avec sa belle gueule, ses sourires malicieux et toutes les vérités au bout de ses lèvres. Il voit en lui et il déteste ça. Et Jules s’habitue. Il attend presque la prochaine fois où il le verra, autour d’un verre, sur un toit abandonné ou à la plage, s’il faiblit. Il se déteste. 9 ☾ Un chien errant. Ils n’ont pas besoin d’une bouche de plus à nourrir à la maison, mais Jules le recueille. Il a peur que son karma s’empire s’il laissait ce petit animal dehors dans le froid. Et ça occupe sa mère de ses pensées noires. Il est beau en plus, surement qu’il s’est enfui de chez une quelconque riche famille. 10 ☾ Il le hante complétement. Merde.