[a lot on my mind]

Il pourrait paraître associable, sauvage. Un mec issu d’Europe qui ne comprend pas encore toute la culture américaine. Et... Ce ne serait pas loin de la vérité, si on devait être honnête. Wes possède cette aura propre aux gens du grand continent.
Ce petit air à demi condescendant lorsque des problématiques bénignes sont évoquées face à lui. Cette rage qui l'anime dès qu'il souhaite avoir son mot à dire lors de discussions sur de grandes causes politiques. Cet étonnement lorsqu'il se rend compte que la culture du spectacle et du « m'as tu vu » est plus que présente. Cet amour qu'il porte au street-art et aux nombreux artistes ambulants qu'il croise dans les rues. Cette addiction à la cigarette, que l'on pourrait peut être apparenter aux origines de sa première petite amie qui était française, si l'on voulait rester dans les clichés européens. Ce qui est absurde, mais passons. Ce cœur torturé, qui décide de profiter des plaisirs de la vie. Ces envies de voyages, qu'il doit maintenant refréner de peur de ne plus rien avoir à manger à la fin du mois. La chaleur qui s'empare de lui lorsqu'il doit fouler les différentes pistes de danse le soir. L'affection qu'il ressent pour les grandes étendues vertes. Roses. Jaunes. Fleuries. Désertiques. Les grands espaces qui lui rappellent cette liberté tant recherchées lorsqu'il dessine. Peint. Sculpte.

Le blond reste un amoureux de l'art et de la vie, même si il lui arrive de sombrer, comme tout à chacun. Après tout, les meilleurs pessimistes sont les optimistes.

Puriste des beuveries, vous le verrez rarement chez lui le soir. Excepté si c'est pour travailler sur l'une de ses œuvres ou écrire des poèmes. Car, bien que son talent en écriture ne soit pas à la hauteur de ceux qu'il possède en peinture, Wes est un adorateur de la plume. Et des livres ! Un cliché ambulant, mais il n'en a que cure. Par contre, point de grands noms d'auteurs belliqueux. Non, il reste depuis tout petit un grand fan d'Heroïc-Fantasy, péché mignon qu'il cache soigneusement derrière ses vinyles.

Il possède des manies peu séduisantes, comme celle de se mordiller le bout des doigts lorsqu'il est angoissé ou bien encore de trier absolument tout ce qui va lui tomber sous la main si il n'a pas assez dormi. Troubles compulsifs vous dîtes ? Wes vous répondra que ce ne sont tout bonnement que des symptômes de la fièvre créatrice.
Vous êtes en droit de vouloir l'interner, oui.  

Il n'est jamais aisé de résumer une vie. Ou pour être précis : un début de vie. Car qui peut dire qu'il a réellement vécu à 23 ans ? On pense avoir tout fait, vécu les pires peines, trimé jusqu'à ne plus en pouvoir, voyagé jusqu'au bout du monde ou bien que l'on ne changera jamais de situation, de vie, de pays. Mais c'est totalement faux. Nous ne sommes que des embryons du modèle que nous souhaiterions atteindre. L'éveil.
Et ce n'est pas grave. Cela étant dit, comment... Résumer la situation d'un bourgeon qui vient à peine d'éclore sur le cerisier, hm ? Sous cette métaphore pompeuse se cache en vérité une question existentielle. Le blond tira sur sa cigarette, le regard noisette perdu sur sa toile qui était encore totalement immaculée. C'était le support qu'il avait choisi pour sa nouvelle thématique artistique : sa vie. Incroyablement égocentrique mais lorsqu'une idée s'emparait d'un artiste... On se fichait bien de son éthique. Tout en expirant, il attrapa un fusain et plissa les yeux. Des bribes de sa courte vie commencèrent doucement à passer, telles des brumes que l'on réussit à traverser. Pour apercevoir des morceaux de mémoires dispersés dans sa tête.
Berlin, son plus vieux souvenir. Il avait trois ans et d'ores et déjà, une multitude de tâches colorées sur le visage. Ses mains enduites de peintures et un sourire béat affiché sur sa face. Sa mère, attendrie, le regarde confectionner ce qu'il appellera plus tard sa première « œuvre d'art ». Un amas grossier de plusieurs couleurs formant une spirale maladroite, mais déjà pleine de passion. Son père vînt s'immiscer dans le souvenir, un rire franc s'échappant de sa bouche. « Futur Picasso ! » qu'il avait dit, le ton joyeux. Le plus ironique dans toute cette affaire, c'est que Wes détestera le travail du grand peintre plus tard. Mais c'était un tout autre sujet.

Rêveur, il décida de crayonner sur un carnet qui traînait non loin de son plan de travail quelques esquisses de ses dessins d'enfant. Il n'en avait gardé que peu lui même, la plupart étaient encore chez sa mère à New York. Son père, de ce qu'il en savait tout du moins, n'en avait gardé aucun. Le blond avait toujours été le genre de môme étrange qui s'asseyait au fond de la classe pour dessiner. Il n'avait que peu d’intérêt pour les cours et ce, jusqu'au lycée. Même les options d'arts étaient risibles pour lui. Il passait sans entrain les classes, se demandant alors quelle pierre il pourrait apporter à ce château étourdissant qu'était la planète terre. Si chaque humain doit apporter une certaine contribution à la vie... Quelle était la sienne ?

C'est à 16 ans qu'il eût un début de réponse. Ses parents, qui jusqu'alors s'étaient toujours jurés de ne jamais se disputer en face de leur fils, commencèrent à briser les liens du mariage qui les unissaient. L'objet de leur colère ? Un infidélité de la mère. Bah voyons ! Plus cliché, on pouvait crever. Agacé, Wes avait décidé de s'enfouir dans l'art et les plaisirs que l'on pourrait qualifier d'adolescents, laissant ses géniteurs tout le loisir de se déchirer comme ils le souhaitaient. Lâche ? Peut être. Mais le peintre n'avait jamais aimé les conflits, bien qu'il lui arrive souvent de se retrouver en plein dedans. Néanmoins, il y avait une autre dimension dans une colère parentale. C'était plus froid... Plus douloureux. Il ne voulait pas en faire partie.