Certains matins sont bien compliqués, surtout lorsqu’il sait qu’il croisera des adolescents en pleine crise. Que certains lui taperont sur les nerfs et que d’autres tenteront de sympatiser avec. Alaric c’est un asocial, un loup solitaire. Il survit seul il a besoin de personne. Mais il se rend compte que certains ont peut-être besoin de lui. Comme Gale, la gamine qui durant son cours a l’ai si perdue dans ses pensées, enfin … quand elle daigne se ramener en cours. D’ailleurs son regard ne cesse de revenir vers elle. De temps en temps, lorsqu’il pose des questions et qu’elle est la seule clairement pas intéressée. Ca le saoule, ça touche son égo. Il y a certains cours où pourtant elle semble captivée et ça le titille.  « Mademoiselle Gale vous resterez à la fin, merci ! » il ne lui demandait pas son avis.
A vrai dire à ce niveau, il se fichait de son avis. Son indifférence, son manque d’implication lui tapent sur le système. Elle adore jouer aux isolantes, peut-être pas directement avec lui mais son indifférence et son manque d’implication peuvent être traduits de cette façon. La fin du cours sonne et il la retient avant qu’elle n’oublie ou qu’une autre idée comme fuir par exemple lui vienne à l’esprit.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » il pose ses fesses sur le bureau, se frotte la nuque et ne quitte pas une seule seconde la lycéenne. « Non ne réponds pas… » terminé le vouvoiement. Sa question est débile, c’est pas en la posant qu’elle y répondra. Il a lui même été adolescent, il sait ce que c’est. On a l’impression que tout le mal s’abat sur nous. Elle a tort, il a envie de lui prouver le contraire. Elle a tellement de chose à voir, à vivre. Les choses ont peut-être mal débutées pour elle, il a l’impression de le voir.
Sarai est trop contradictoire, son visage parle pour elle, du moins pour certaines choses. Il sait lorsque quelque chose la tracasse. Il imagine la vie qu’elle doit avoir en dehors du lycée, peut-être qu’elle a d’autres occupations. « L’école c’est pas fait pour tout le monde j’le sais… » il se redresse et décide de fermer la porte pour qu’ils restent en intimité, pour qu’elle n’ait pas honte de s’ouvrir à lui si l’envie venait, mais surtout pour ne pas la voir s’enfuir sans qu’ils n’aient terminé de discuter. « Ne lèves pas les yeux au ciel, j’imagine que tu as envie de le faire… juste écoutes moi d’accord ? » sa voix est douce, il tente de l’apprivoiser, il la tutoie pour cette principale raison. « Termines le lycée et tires toi… » il se mord la lèvre inférieure se rendant compte du conseil qu’il était en train de lui donner. Pour un prof c’était pas tellement la meilleure façon de faire. « Enfin… c’est compliqué à expliquer, tout comme doit l’être ta vie j’imagine. Juste… laisses la Sarai plus âgée avoir la possibilité d’évoluer et de faire des études supérieures si elle le souhaite, ne pense pas qu’à la Sarai de maintenant. On ne sait jamais ce qui pourrait se passer pour toi. » son regard scrute les quelques détails qu’il réussit à attraper ; des plis de ses yeux aux commissures de ses lèvres. Il est conscient qu’il a aussi été bipolaire avec elle. Lui lançant des regards froids durant son cours lorsque son regard avait le malheur de se poser sur son élève alors que maintenant il lui balance le discours de la vie rose qu’il tente de lui vendre. Il est peut-être pas très fort avec les mots, mais son regard ne lui veut que du bien et peut-être aussi parce qu’elle le captivait d’une façon pas très saine. Il secoue la tête discrètement, quel débile !

sarai ; douce sarai qui griffonne son cahier d'histoire. deux heures qu'elle s'est résignée à ne pas écouter le cours trop long, trop poussiéreux de monsieur v. deux heures qu'elle dessine des robes sans dentelle, sans perles. sarai n'aime plus les perles. les perles sont trop enfantines et sarai n'est plus une enfant. dans ce monde, être une enfant est une faiblesse alors il n'y a plus de perles sur les dessins de sarai.
à ses côtés, mésange ne fait aucune remarque sur les croquis habituels de sarai, cela rassure un peu la douce.
elle n'aime pas se justifier.

plongée dans ses pensées, la sonnerie stridente la fait sursauter. commence alors la routine : ranger les stylos, fermer la trousse, récupérer le cahier, soupirer, ... jusqu'à ce que monsieur v change cela. radicalement. il la retient et les autres se moquent
"bien fait" "elle va prendre cher"
"connasse", ...
sarai laisse les remarques glisser sur sa peau. elle a mis son armure scintillante, son armure de rose.
elle est épineuse.
doucement, elle se dirige vers le bureau de son professeur. elle le regarde s'installer sur son bureau. malgré la rancœur qu'elle ressent, elle ne peut pas s'empêcher de le détailler jusqu'à plus soif. elle ne l'écoute que d'une oreille. elle l'observe en mordillant sa lèvre inférieure.
Termines le lycée et tires toi…
elle fronce les sourcils, à présent bien éveillée. monsieur v est d'autant plus intéressant lorsqu'il se tait. silencieux, il évite au moins de dire des âneries. sarai ricane sans un mot. se tirer où ? les seuls qui se sont échappés de liberty sont revenus la queue entre les jambes. sarai pense à babe (dans son cas la queue ou celle d'un autre c'est pareil)
on échappe pas à liberty après y avoir vécu. et sarai, elle a liberty dans les veines comme une malédiction aigre-douce. alors même si elle se pointait la bouche en coeur dans les rues de paris, elle reviendrait un jour dans sa ville natale à coup sûr. pourquoi partir alors ? pourquoi se donner autant de peine pour retourner à la case départ ? sarai n'aime pas tourner en rond.
depuis quand me donnez-vous des conseils monsieur ?
sarai ne comprend rien à ce type. un jour il sourit, le lendemain il mord et une semaine après il soigne.
mais peut-être que sarai n'a pas envie d'être soignée par son bourreau. peut-être qu'elle veut juste lui rendre blessures pour blessures. si je me souviens bien, hier j'avais plutôt l'impression de n'être qu'une déjection sur vos chaussures... vous avez besoin de faire votre bonne action de la journée ?
sarai renifle avec mépris.
je ne suis pas un chiot mal-aimé en attente de caresses monsieur.

si seulement.