Elle est comme le touché des rayons de soleil sur sa peau,
il ralentit le court du temps autour d’elle pour se baigner dans son aura irradiant. Avec elle, le monde est un présent, la vie un cadeau, avec elle les jours passent plus facilement, un jour n’est qu’un tourbillon, un mois, deux, trois, le temps file à une allure déroutante.
Il a toujours été convaincu qu’il y avait quelqu’un pour lui. Quelque part.
Il n’est pas comme les gens. Il pense, beaucoup trop, et il se laisse porter par ses voix, qui lui murmurent du noir et du blanc, qui le pousse à briser les codes des conventions, qui le pousse à se démarquer. Qui pousse la foule autour de lui à murmurer qu’il est fou. Elle le calme. Elle façonne ses pensées comme le ciel les nuages. Elle l’aide à rester lui-même. Elle l’aide à se canaliser. Il brûle d’un feu violent. En permanence. Les flammes en lui sont indomptables. Imprévisibles. Elle seule a ce pouvoir de le maîtriser.
Il est le servant de cet amour qui le passionne tant. De cet amour puissant.
Elle peuple ses rêves.
Anita …
C’est un cauchemar qui le réveille. Sueurs froides. Sensation d’étouffer. Ses yeux s’ouvrent subitement et Ace a besoin de plusieurs secondes pour savoir où il est. Il se retourne et son bras brasse du vide. Du vide, là où Anita est censée se trouver.
Il allume la lampe de chevet. Il n’y a que le drap froissé sous le corps d’Anita qui se présente à lui.
Ace se glisse sur le bort du lit et plonge son visage dans ses mains. Il efface les dernières traces du cauchemar dans ses pensées. Il frotte le sommeil qui paralyse encore son visage.
Pour s’assurer il tourne à nouveau la tête vers le côté d’Anita.
Vide.
Du vide. Anita n’est pas là. L’heure qui s’affiche sur le réveil finit de le troubler. Il se lève. Part à sa recherche, mais comme leur lit, la maison est vide. Il remonte dans la chambre. Il vit ce moment pour la première fois. Jamais il ne s’était réveillé au milieu de la nuit sans trouver Anita blottit contre lui. Et ça le trouble. Il n’aime pas ça. Il n’aime pas ne pas savoir où elle est. Anita est devenu une partie si importante de lui que son absence, si inattendue, au milieu de la nuit, le laisse à la merci de ses démons.
Ça le rendrait fou.
C’est son cauchemar qui prend forme. Une vie sans Anita. Une vie sans raison de vivre. Il sait qu’il s’emporte, pour rien, probablement. Il sait qu’il en fait trop, comme souvent.
Il attrape son téléphone.
Anita ?
Et il attend.
Et l’attente le tue.
Doucement.