[a lot on my mind]
Send your dreams
Where nobody hides
Give your tears
To the tide
There's no end
There is no goodbye
Disappear
With the night

Dans son vieux cahier bleu, il y a des pages blanches et des pages noircies.
Il en écrit des mots , les uns à la suite des autres. "Papa est encore sorti"
"Papa m'a demandé d'amener une enveloppe à quelqu'un dans une voiture"
"Papa a loupé ma première scène" ... Il est seul. Encore et toujours. Zacharias son père est toujours occupé. Il a l'impression qu'il le fuit. Peut être bien qu'il le fuit. Mais Hansel sourit. Hansel a préparé le repas pour son père et lui. Il a l'espoir de le voir ce soir. Et il sort une cigarette, la fume, comme lui a appris ce père absent.

Les pages défilent, les mots se font plus durs, plus difficiles. Sourd. Il est sourd mais ne le dit à personne. Il lit sur les lèvres, sourit, parle mais n'entend pas sa voix. Il rit aussi, son rire sonne doux comme le vent dans les carillons. Il rêve. Il est normal. Il se souvient même de l'accident. L'explosion de ce feu d'artifice juste à côté de lui. La peur, la douleur. Ses yeux bleus océan remplis de larme. Et papa toujours pas là. Mais heureusement il y avait Soan. Soan et son air inquiet. Soan et son sourire. Soan que Hansel appelle Papa parce que lui au moins, il agit comme un papa.

Hansel parle toujours de papa, parce qu'il a pas de maman. Hansel a perdu sa maman qui est partie sans lui, selon Zacharias. Zacharias a toujours demandé à Hansel de l'appeler par son prénom.  Papa c'est trop ringard. Hansel n'a pas vraiment de papa, il a juste un bon copain avec qui il est en colocation. Alors Hansel, parfois à minuit, il est dans la rue. Avec son Skate et avec Gretel, sa chienne boxer qui veille sur lui pire qu'une maman poule.
Gretel, c'est le cadeau de Zacharias pour ses dix ans. Pour pas qu'Hansel se sente seul.  Gretel l'a adopté. Hansel aussi. Ils sont une famille, avec Soan. Gretel aime pas le skate. Elle grogne toujours quand il en fait. Parce que Hansel tombe souvent.

Un coude éraflé.
Un poignet foulé.
Un pouce tordu.

Il a l'habitude. Il ne crie jamais quand il a mal, parce que la douleur il sait ce que c'est maintenant. Et puis, malgré sa bouille d'enfant, ce n'est plus un bébé. Il est en dernière année. L'année prochaine, c'est le lycée, la cours des grands.

Soan a été son baby sitter. Mais il est devenu un second père et son professeur de danse. Il lui a transmis sa passion de la danse. Même si la musique ce n'est que des vibrations, il lui a appris plein de choses. Soan accepte qu'Hansel l'appelle papa parce que Soan déteste Zacharias. C'est Soan qui va aux rendez-vous des professeurs. C'est lui qui crie quand les professeurs sont méchants avec Hansel. C'est lui qui fronce les sourcils s'il doit venir chercher Hansel dans le bureau du proviseur parce qu'il s'est battu.  Soan c'est le héros d'Hansel.

Et puis il y a aussi Bastian. Hansel l'aime beaucoup, il est accroché tel une étoile de mer à son rocher. Bastian qui a 21 ans, Bastian qui fait croire à un gamin de 14 piges, qu'il l'aime. Il l'aime oui, comme un petit frère qui serait à son service, il le laisse croire qu'il l'aime comme Hansel mais il l'encourage vivement à aller voir ailleurs s'il y est. Zacharias n'aime pas Bastian, Soan n'aime pas Bastian. Mais ils ne comprennent pas.

Hansel est vivant. Il vit, il rit, il joue, il aime les Aristochats, les 101 Dalmatiens et Bob l'éponge. Il est un chaton qui s'aventure dans la vie et parfois joue aux lions.  Il est invité aux fêtes, il va chez ses copains. Mais il a un grand vide qu'il ne comprend pas.