[a lot on my mind]
Kain, malin
Kain, félin
Kain, malade
Maladie sans fin

Quelques mots griffonnés sur mon cahier
Entre les dessins d’enfants
Et la carte des étoiles
Laissez-moi monter dans le ciel

Je m’ennuie. Je veux mourir mais j’ai peur. Donc je vis, je traîne ma carcasse, longue et droite sur mes pattes. Pour combien de temps encore ? 6 mois environ. Bientôt mes longs membres ne bougeront plus. Bientôt je traînerai mes roues dans les rues de Liberty.

La myopathie, c’est un joli mot qui rongera les muscles sur mes os. Se réveiller un jour et apprendre qu’on est malade. C’est la vie, ou la mort je ne sais pas. Peu importe, je continue à traîner, chantonner entre mes dents dans chansons qui feraient rougir les bonnes sœurs, fumer pour salir mes poumons, boire pour faire nager mon foie et baiser. Oui baiser, parce que l’amour n’a pas sa place dans mon cœur.

Bref, j’essaie de remplir le néant avant que le réel me rattrape et que même mes drogues et mes billets ne m’aident plus à m’échapper. Oui, la drogue, encore une zone d’ombre peinte sur le sombre portrait. Herbe, bonbons, vaccins contre l’ennui, je les aime tous.

Itinéraire d’un jeune perdu
Hybride humain et détritus
Il a de l’argent, ne sait plus quoi en faire
Les dollars ne lui épargneront pas l’enfer

“T’es qu’un connard Kain.”

Joue et porte qui claquent, sourire d’automate. Elle est partie. Elle reviendra, à l’heure grise des chats. Comme les autres, beaucoup d’autres. Comme Lulu, n’en parlons plus.

Je suis un fils à papa. Non, je suis le fils de celui que je vouvoie, que je ne comprends pas et que je déteste. Celui qui me maintient en vie grâce à l’argent. Qui me paye grassement pour que seulement il n’ait plus à croiser mon regard. Et la somme tombe, tous les mois, comme une sentence. 10 000 $ minimum, salaire pour être un fils illégitime discret.

Blanc. Un nom qu’on aurait préféré que je ne porte pas. Un nom que les notables murmurent, un nom imprimé sur les boîtes de médocs. Mais un nom salit, par ma mère et donc par moi. Ma mère, chère et tendre, que j’ai du mal à porter dans mon cœur, ma tendre mère qui a préféré le lit d’un autre homme, surement plus douillé.

Mon père n’est pas dupe, personne de l’est. Mais tout le monde ferme les yeux, plus ou moins. Enfance lisse, sapin garni, école privée. Kain propre et parfait. Jusqu’au moment où les couverts d’argent volent, où les voix montent et où la bulle dorée éclate.

Petit Kain
Bord du ravin
Petit Kain
Fils de putain

Ma mère se casse. Je me brise. Me révolte. Brûle. Ecole buissonnière, homicide volontaire : j’ai tué mon avenir. Père déçu, mère envolé, Kain brisé. Allé simple pour Liberty, mon père ne veut plus me voir dépérir.

Me voici, Liberty, grand comme le vice.
Ennui, connerie, jour après nuit, je pleure, je ris et dépéris.
Mon père m’oublie, j’oublie ma mère. Qui se souviendra ?
De mes erreurs, mes coups bas ?
Toi ?