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the fatal flaw (intrigue)  :: (générique de fin) :: dead end :: v1 :: archives rp
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Mer 5 Avr - 0:08
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"[Her] eyes are sinkholes, she is death / tessellated
into moonlight"


☾sound☽

T E N U E ~ La lune se morcelait sous leurs pieds, projetant l’argent de ses robes sur leurs silhouettes assombries. Portant le voile noir de la nuit, leurs pas s’emmêlaient aux tissus ténébreux d’artémis. Ils s’étouffaient dans le silence qui flottait, ils résonnaient doucement, ricochant contre les façades manufacturées, toutes semblables, jumelles de l’insigne américain. Et au loin, une voiture vrombissait, ronronnant contre le cœur perché de Damaris au grand chapeau. Celui-là même dont elle décorait l’envers d’étoiles holographiques en stickers, de soleils pailletés d’or, de multiples chimères qu’elle accrochait à sa morne vue. La tête dans les astres, l’enfant céleste divaguait dans l’alchimie de ses songes secrets oubliant même la présence de la jeune femme auprès d’elle. Damaris avait toujours rêvé de grandeur, de splendeur, d’une magnificence pouvant lui couper le souffle, parcourir sous sa peau tel le vil serpent de la connaissance. Une seringue enfoncée dans le cœur, l’adrénaline le contenant se déversant à flots….lâchant le kraken…lui dont les tentacules venaient étouffer son corps, encercler son être. Kant. Kant disait que le sublime était ceci : la morbidité d’une falaise se tenant face à l’océan effaré, le gouffre malin dévorant une montagne, la palette de vert, bleu et violet, les teintes funèbres d’un cadavre remarquable. Parfois se demandait-elle si les personnes ayant décroché le Christ de son cercueil boisé avaient ressentis ce frisson salvateur. Les humains étaient tels : ils avaient ce terrible besoin, cette ignoble curiosité de voir la Faucheuse embrasser la vie.  Les files interminables près des accidents de voitures, le feuilleton du samedi soirs sur les crimes les plus terribles du vingt-et-unième siècle, l’envie perverse que ce personnage coincé dans un cimetière découvre subitement un mort. Il y avait ce goût pour ce qui ne pouvait être touché, trouvé, pour ce dont ils n’avaient pas le courage de faire. De provoquer.
« […] j’ai beaucoup aimé sa dernière prose, je trouvais que le dernier chapitre relevait d’un lyrisme parfait. » Les paupières, alourdies de misérables philosophies, clignèrent doucement. Guidant son regard vers la voix fluette qui n’avait cessé de bourdonner dans ses oreilles depuis le départ. Il y avait quelque-chose d’étrange dans l’atmosphère : elles étaient là, au beau milieu de la route,  noyant leur ennui chacune comme elles le pouvaient, l’une plongée dans ses idées, l’autre dans sa cascade de paroles dont les mots s’emmêlaient, s’accrochaient comme une pelote de laine. Elle était semblable à Pénélope. Son Ulysse était la chaleur de son domicile, la sécurité qui pouvait environner ses meubles, son quotidien. Alors elle faisait et refaisait la toile de ses non-sens jusqu’à atteindre ce confort. Damaris, elle, était Circée…elle avait déjà perdu son Ulysse et tourmentait son âme indéfiniment d’espiègles diablotins, d’une malice mature… « Je ne sais pas, je n’ai pas vraiment lu sa dernière œuvre » répliqua-t-elle simplement, détournant ses yeux de la présence. Il y avait de ces conversations qui la déroutaient…non pas par leur contenu mais par l’effet qu’ils produisaient sur elle : c’est-à-dire absolument rien. Elle aurait aimé ressentir quelque-chose, comme de l’intérêt…mais il semblait qu’elle n’était pas faite de la même matière que les autres humains. Lorsqu’elle prenait le bus, elle observait longuement ces personnes qui discutaient de tout et de rien comme si cela était la chose la plus naturelle à faire. Et parfois se surprenait-elle à les envier, ces gens-là qui se contentaient de la banalité des instants. De la parole d’untel qu’ils ne reverront plus jamais peut-être, du sourire de leur voisine, du bonjour du curé…elle était immunisée à tout cela, ses veines ne transportaient que les ruines de ses émotions passées. Pire, les ruines de sa jeunesse volée par un fantôme familier. « Oh je vois, tu es plus attirée par les trucs vieux hein ? » Resserrant ses livres empruntés contre sa poitrine, Damaris baissa la tête, regardant son ombre grandir…ses démons sortir de son corps trop petit pour la contenir, même elle. C’était comme tenter de faire rentrer l’océan entier dans une bouteille. De capturer un éclair de ses mains nues. De dompter la tempête en hurlant contre Poséidon. C’était impossible de vivre en elle sans ressentir le besoin de déchirer ses côtes et laisser son cœur volage partir loin. C’était impossible de vivre en elle. « Ben tu vois, j’adore ça aussi…jtrouve ça marrant tu vois comme les anciens ils savaient tellement de choses et tout. Enfin ils nous ont légué vachement de trucs tu vois ? J’étais en Grèce une fois […] » ça s’estompait sous le bruit de ses ongles contre la couverture d’un vieux livre sur les dionysiaques en Grèce. Damaris a toujours été attirée par les cultes disparus… "Some stranger [Dionysus] has come … fragrant in hair with golden curls, having in his eyes the wine-dark graces of Aphrodite." Ces vers d’Euripide furent les premiers qu’elle réussit à traduire complètement sans dictionnaire…certes après plusieurs heures mais la douceur de la réussite estompa l’amertume du travail. Elle apprécia alors tellement cette phrase qu’elle se la répétait sans cesse en boucle lorsque ses doigts s’accrochaient à un bouquin portant sur les bacchanales ou qu’elle rencontrait un jeune homme blond dans la ville. Elle connaissait la suite : offense, colère divine, punition, folie, femmes, bois, mort, cannibalisme.
Allumant une cigarette, elle l’accrocha à sa bouche, observant la fumée parfumée de feuilles de laurier dessiner les fresques de sa fatalité.
Elle avait rencontré cette jeune fille en sortant de la bibliothèque. Effrayée de rentrer seule, elle avait prétendu une amitié pour suivre Damaris sur son chemin du retour. Etait-ce sa route à elle ? Elle se fichait complètement, elle pouvait la laisser là, seule. Son prénom s’était perdu dans les tréfonds de sa mémoire, et sa personnalité l’irritait au plus haut point. Une fille sans cerveau qui se balançait d’un pied à un autre avec un sourire anxieux accroché au bout des lèvres. Et plus elle fumait, plus elle trouvait sa voix ridicule. Son esprit était de la boue que l’autre conne piétinait sans cesse, arrosant son crâne de pourriture qu'elle priait de ne pas retenir.  Elle ne parlait que pour combler l’espace…que pour se rassurer. Et seulement elle. La Gale releva la tête vers l’objet de ses troubles. Sa bouche se courbait, son flot tentait de la percer mais elle ne savait pas, pauvre chose que la nicotine s’enlaçait du vice. Et très vite, Damaris plongea dans l’autoroute des pertes. Dionysos lui murmurait l’érotisme de sa démence, laissant son souffle parcourir sa nuque telle une brise nocturne…attrapant sa lourde tête l’embrassant sur les deux joues à l’en faire rougir. Haletante sous son manteau à la Jack the Ripper, une fièvre mystique l’emporta. Délirante dans son calme sauvage, un torrent endiablé vint submerger sa raison...;sa conscience défaillante, elle souriait enfin, portée par un bonheur artificiel…une drogue divine. "[…]moi tu vois, je suis plus extra-terrestres et tout mais jme dis qu’y a des merdes qui ont dû se produire. Tu vois genre, jsuis persuadée que les anciens ils communiquaient avec eux tu vois ? Jveux dire ils pouvaient pas être si intelligents, si ? Puis Troie ? Comment ça se fait qu’on ait pas de traces dessus ? " La langue pâteuse, le goût de la semence putride d’Apollon enflammant sa gorge, elle coupa subitement l’inconnue. « Dis moi, c’est quoi ton nom ? » Elle sembla hésiter…du moins, c’est ce que cru distinguer la Gale sous la brume fantasque. « Susie. Susie Taylor. » Tirant une fois encore sur le péché, Damaris hocha de la tête doucement analysant l’information. « Très bien Susie, c’est ça ? » Cette interrogation fut saccadée de sa toux subite. « Tu aimes ça non ? Les mystères … » La dite Susie sembla sourire, les yeux pétillants…peut-être simplement heureuse de voir qu’enfin Damaris lui prêtait un peu d’attention ou qu’elle ne marchait pas à côté d’une morte. Parce que ses mains s’échauffaient sous l’impulsion humaine, une voix futile et elle se sentait ici, présente et non perdue dans les tréfonds de Liberty, des diablotins jouant avec ses sens. « Tiens, prends-la. » Elle lui tendit sa cigarette que l’autre prit avec un peu de réticence, mais devant l’encouragement maudit, elle se laissa tenter. « Tu as de la chance, j’en connais un rayon sur les mystères. Seuls les initiés peuvent déchiffrer la profondeur des choses. » « Menteuse ! » son rire délia ce mot avec tant d’innocence qu’il aurait pu déchirer le cœur de Lucifer. « Viens suis-moi », un rictus amusé peigna son visage électrifié de jouvence volée aux astres. Il y avait ce fleuve qu’elle connaissait. Ce fleuve dont la violence l’avait toujours fasciné…ce monstre de la nature dévorant ses pensées envolées, ses prières abandonnées. Il s’acharnait en des torrents impétueux, emportant les rives, les feuilles, les animaux, les bateaux, les mots, les vies. Il était l’unique bête avalant tout sur son chemin. On disait qu’il semait chez Damaris ce désir sauvage pour la fougue, ces rêveries destructrices qu’elle tentait d’incendier sous le soleil. Et elle aussi venait chercher ses morts.

Et Bacchus déroulait ses charmes dans l’hallucination d’une existence qu’elle pouvait enfin toucher.


« On est où ? » « Là où l’on doit être pour s’initier à l’univers. » « Quoi ? » Damaris lui fit signe de se taire et ouvrant un de ses livres, elle commença la lecture…le même passage. "Some stranger [Dionysus] has come … fragrant in hair with golden curls, having in his eyes the wine-dark graces of Aphrodite." La réalité, évanescence ultime, perdit de sa matière se fragmentant dans le courant brutal de l’eau. Damaris suivit son cours tendrement, la voyant se faire déchiqueter par une force plus grande qu’elle : son imagination. Elle était devenue telle la pluie tardive d’un été épuisé. Violente, maladroite et suffocante sous sa poitrine marmoréenne. « Il lui faut plus d’énergie. » « De quoi tu parles ? » « Allons-nous baigner. » « Mais t’es malade, arrêtes, on va se noyer c’est trop fort ! » Non, Damaris n’était pas humaine. Transcendante sous sa fumée empoisonnée d’hallucinations, elle dépassait les limites de la raison, oubliant avec inconscience les phares du salut. « Vas-y la première il a besoin de chair fraîche. » « Arrête, tu me fais peur là… » Susie ne connaissait visiblement pas les pythies de Delphes, inhalant, furieuses prédicatrices, les vapeurs d’apesanteur…les vapeurs des lauriers qui les enveloppaient. Et les dieux disaient parler à leur place…les cruels dieux observant de leur trône céleste la descente du styx de leur adorée. « Vas-y. » « Non je retourne, t’es folle, t’es une malade, une timbrée, vas te faire soigner ! » Offense, colère divine, punition, folie, femmes, bois, mort.  Il y avait quelque-chose qui existait comme « l’erreur fatale ». Cela ne se retrouvait pas que dans la littérature, perturbant le héros, le menant à sa perte. C’était partout…parsemé par ces étoiles, spectatrices de la déchéance humaine. Et aucune eau bénite ne pouvait l’effacer. Tout se déroula rapidement. Les secondes et les éternités se confondirent. La rage. L’excès. L’incontrôlée. La redistribution de matière. Attrapant le bras de la jeune fille qui tentait de partir, Damaris la tira de toutes ses forces vers elle puis sans plus attendre, la poussa brutalement dans le fleuve. Asphyxiant son cris…asphyxiant sa voix, sa présence, son corps. Un seul coup contre un rocher, et l’Ophelia abandonna la bataille. On ne pouvait rien contre « l’erreur fatale ». Rien contre les dieux.


Dans le reflet du ciel, la lune prit des teintes rouges cramoisies…des teintes de l’ultime péché. "consumatum est" murmura-t-elle aux sauvages passions torturant son âme chamboulée.

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