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where the sun never shines (intrigue)  :: (générique de fin) :: dead end :: v1 :: archives rp
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Dim 2 Avr - 23:15
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you've caused me to weep, you've caused me to mourn, you caused me to lose my home.
Ses yeux sont statiques, rivés sur la paroi jaunie en face de lui. Dans ses mains agitées, un morceau de papier froissé, si froissé que certaines lettres ont disparu par endroit. L'encre bleu a crépité entre ses doigts moites. Son mal de crâne se réveille brusquement, il lâche le mur du regard et contourne son bureau, attrape la bouteille de scotch et s'en verse un fond de verre. La brûlure est agréable sur la langue, tempère l'acidité de la bile qui lui monte aux lèvres. Dans son crâne, les mots se bousculent et cognent, danse menaçante qui s'attarde cruellement. Le verre rencontre le bois dans un tintement sourd ; sur le bureau le rejoint le message chiffonné. Les iris du détective suivent le mouvement des lettres, perdent de leur bleu glacé et deviennent aussi gris et intimidant qu'un ciel d'orage. Je sais où est Rose, retrouvez-moi dans les hauteurs du lac ouest, près de la grosse pierre. Vingt-trois heures samedi, ou il sera trop tard.

***

Plus loin, une chouette hulule à la recherche d'une proie, ses yeux brillent d'une lueur redoutable dans la nuit sans lune. Le ciel est sombre et triste, pleure une bruine si fine qu'elle en devient brouillard. Sous ses pieds, après l'escarpement abrupte, s'étend l'infinie noire des eaux du lac, une petite rivière coule non loin, il en perçoit la redondante mélodie. Cobb passe une main sur son visage en exhalant une fumée addictive et analgésique. D'un geste mécanique, il essuie sa paume humide sur son jean ; automate aux mouvements contrôlés. Il jette un coup d’œil à sa montre, ses doigts tremblent. Retard de cinq minutes. L'espace d'un court instant, il songe à une mauvaise plaisanterie. Une blague de mauvais goût perpétrée par une âme tourmentée, avide de sensationnalisme. Mais, bientôt, une silhouette sombre coupe la brume environnante et s'approche de lui. Il jette son mégot, sa respiration s'accélère. C'est une femme. Elle s'immobilise à quelques pas.

"Qui êtes-vous ?" l'accueille-t-il, violence dégoulinant d'entre ses lèvres, en dévisageant ses traits. Il ne la connaît pas. Petite, frêle, brunette, un brin jolie, et définitivement une inconnue. Jamais vue en ville. Il plisse les yeux, fronce les sourcils. Comment pourrait-elle avoir connu leur fille ? "Où est-elle ?" Rose. Son bébé. Cette petite fille aux boucles dorées comme les blés mûrs et au sourire renversant. A sa naissance, c'était comme s'il avait appris à respirer. Calmement, profondément, l'oxygène nourrissant son sang et le rendant vivant, enfin vivant. Et en ce matin pluvieux où elle avait disparu, on avait alors atrophié ses poumons. Depuis, il n'inspire plus, l'air demeure bloqué quelque part dans les tréfonds de sa gorge, ce ne sont plus que quelques bouffées qui le maintiennent en vie. Alors, la perspective d'être si proche d'elle, d'avoir un semblant de piste, le rend fiévreux. "Où est-elle ?" Plus ferme, plus forte, sa voix brise le silence, si lourd qu'il semble éclater en mille morceaux autour d'eux. Face à lui, statue immobilisée dans sa paralysie, la femme ne bronche pas tout de suite. Elle lève la tête, l'analyse. Puis, sa bouche s'ouvre. "Je suis désolée." Elle a soufflé si faiblement que Cobb se demande s'il a bien compris. Il tend l'oreille, fait un pas en direction de l'inconnue. Celle-ci, en réponse, recule en hochant la tête. Elle baisse les yeux, le silence les enveloppe jalousement d'une chape de plomb. Les secondes s'égrènent.

Il ne tremble pas, le geste est assuré. Il a soulevé le pan de son blouson et attrapé la crosse. Le canon laisse une marque froide sur la peau de son dos, tandis qu'il pointe l'arme en direction de son vis-à-vis. La femme étouffe un cri, recule encore mais son pied dérape sur des cailloux et elle s'arrête, lève les bras. "Attendez, je —" "Où est-elle ?" Cette fois, c'est un hurlement d'animal sauvage et pris au piège qui fend la brume. Il semble interminable, résonne dans la forêt et rebondit contre la pente sous leurs pieds. Il a les yeux fous et monstrueux de l'homme désespéré, les poils sur sa nuque se hérissent et un frisson le parcourt ; il n'éprouve pourtant pas le froid du vent sur sa peau, seulement le froid que jette le regard affolé de l'inconnue sur son cœur. "Je suis désolée," répète-t-elle. "Ils l'ont tuée." Les rouages de son cerveau se bloquent, l'information tourne en boucle et, cependant, est incapable d'être digérée. L'affliction est telle qu'elle assiège son palpitant, malmène le sang dans ses veines. Ses paupières se ferment, ses yeux papillonnent, scrutent, scannent. Il n'entend plus. Il implose, il explose, sur sa peau, une brûlure si terrible qu'elle laisserait des ecchymoses pourtant invisibles. Tout accélère, les voix éclatent. "Qu'est-ce que vous — ?" "Je suis déso —" "Qui êtes-vous ?" "Ils me tueront aussi." "Où est Rose ? Où est m—" "S'il vous pl—" Ses tempes sont douloureuses, le sang bat à ses oreilles. Il a envie de lui hurler de se taire. De se taire. Silence. La chouette, plus loin, s'envole brusquement. La déflagration lui provoque un sursaut. Détonation lourde pénétrant la nuit. Et, enfin, le silence. Quand le détective reprend ses esprits, un millième de seconde plus tard, son doigt est sur la gâchette. Le coup est parti, le ciel est néanmoins sa seule victime ; le bras tendu, l'arme est pointée vers les étoiles. Mais le cri est réel, l'ombre qui tombe est réelle. Il cligne des yeux, ses paupières se ferment et s'ouvrent rapidement. La silhouette n'est plus. Il s'approche, observe la pente escarpée, plisse les yeux. Il fait sombre, il ne voit rien. Devine néanmoins. Craintive, elle a encore reculé et le sol s'est ouvert sous ses pieds, elle a été avalée. Au loin, la chouette hulule à nouveau, puis le silence retrouve sa souveraineté. Cobb recule, son esprit s'active. Les pensées le traversent, les gestes sont automatiques. Il fouille le sol, soupire quand sa paume rencontre la douille encore tiède. Il se lève. Fait les cent pas. Malgré la température basse, il a chaud. S'approche du rebord, scrute encore. Cherche. Abandonne.

Dans la poche arrière de son jean, ses doigts fourragent. En sortent le morceau de papier et un briquet. La flamme est jaune et chaude, le message s'embrase, s'enflamme, se consume rapidement. Les cendres tombent au sol, comme l'espoir fou, violent, nécessaire, de serrer un jour à nouveau sa fille dans ses bras est piétiné et réduit en lambeaux, disséminés par le vent qui se lève dans la nuit sans lune.
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