[a lot on my mind]
01. Le seul détail dont je me souviens de mes parents sont les crises de colère que ma mère piquait lorsqu'elle trouvait mon père intoxiqué sur le sofa. Ou encore lorsqu'elle le voyait partir avec les red devils sur sa moto pour aller vendre sa cam. Je ne me souviens plus du jour ou elle a décidé de partir mais elle est partie. Comme ça. Me laissant seul avec celui qui est devenu mon pire ennemi avec le temps. J'ignore si mon père m'a déjà aimé mais il n'a jamais été présent pour moi en 29 ans. 02. J'ai du apprendre à être autonome à l'âge de neuf ans. Mon père ne venait pas me chercher à l'école. Je devais marcher sept kilomètres deux fois par jour pour rendre à la maison. Il était jamais là. J'ai passé tellement de nuit seul alors que je n'étais qu'un enfant. J'ai eu peur, j'ai pleuré, j'ai crié tellement de fois sans être entendu. Un jour j'ai abandonné et je suis devenu un homme beaucoup trop tôt. 03. Je n'ai jamais aimé l'école. J'ai tout quitté alors que j'avais 17 ans. J'échouais tellement de cours que je devais me faire à l'idée que je n'étais pas fait pour apprendre. Rapidement à 17 ans, j'ai été engager comme mécanicien au jerry's auto repair. Cela me permettait d'avoir un peu d'argent pour me payer mon propre loyer et quitter l'habitation de mon paternel. Je crois qu'il ne s'est jamais aperçu que son adolescent était partit ce qui était clairement malheureux. 04. Alors que j'ai presque été mis dehors de mon logement, j'ai du trouvé une nouvelle façon de gagner ma vie. Le garage n'était pas suffisant. À 24 ans, j'avais un physique avantageux. J'ai décidé de devenir stripteaseur au undressed desires. Argent facile, sexe facile, alcool facile. C'était le travail parfait pour moi les jeudi, vendredi et les week-ends. J'étais devenu rapidement accro à l'argent que ça me procurait tout comme les contacts physiques que j'avais avec la clientèle. 05. J'ai été diagnostiqué trouble de personnalité limite par le psychologue de l'école à l'âge de 15 ans. Je n'ai jamais été intéressé à aller consulter qui que ce soit. Mais je suis dépendant à trop de chose: le sexe, l'alcool, la drogue. J'ai besoin de proximité. Je suis incapable d'aimer qui que ce soit, j'ai besoin de me déchirer, de me détruire. Je ne suis rien en fait, sinon ma mère serait partie avec moi ne me laissant pas seul avec le démon qu'est mon paternel. 06. J'aime les femmes, les hommes. Tout en fait. Je n'ai pas de critères, faut seulement que tu sois un être humain majeur. Je n'ai jamais eu de relation de couple, trop perdu dans ma vie pour aimer qui que ce soit. J'ignore même si ce sentiment est possible pour moi. 07. Je n'ai jamais revu mon père. Enfin, je ne sais même pas s'il est mort. Tant mieux s'il l'est. J'ignore comment je réagirais s'il serait devant moi. Enfin, je n'aurais qu'une envie et ce serait de le faire souffrir autant qu'il m'a fait souffrir. Il m'a transformé en monstre. Un monstre de pierre, incapable de ressentir quoi que ce soit.

Assis devant le psychologue, mon regard valsait de la fenêtre à son visage impassible. J'étais calme, même si je venais tout juste de frapper un autre élève dans la cours de récréation. Il m'avait fait chier, tout simplement. J'avais galéré mais je m'en foutais, éperdument. Les yeux bruns du psychologue me fixèrent lentement avant de poursuivre sa lecture dans mon dossier qui avait atteint une épaisseur anormale pour un adolescent de quinze ans. Il ouvrit la bouche avant de la refermer et ensuite la réouvrir pour parler d'un ton doux: « Blake... C'est ta huitième bagarre ce mois-ci. » déclara-t-il simplement. Je laissai échapper un petit rire avant de croiser les bras et fixer le plafond. Je n'avais pas envie de parler. Je n'avais jamais envie de parler. Un silence marqua la pièce pendant quelques secondes. « J'ai essayer de rejoindre ton père de multiples fois... Tu sais les tests que nous avons passé la semaine dernière... enfin... ils sont concluants » déclara-t-il, emphatique. Il attisa ma curiosité à ce moment. Je me mordis la lèvre avant de le regarder, interrogateur. « Blake, tu as un trouble de personnalité limite. » dit-il. « C'est un trouble... mental. » dit-il délicatement avec ses yeux doux. Il me regardait, gentiment comme il le faisait toujours. Je pris une respiration en tentant de garder mon calme. Je savais que je ne tournais pas rond. J'étais bizarre, depuis toujours. Enfin, la beuh que je fumais chaque deux jours ne devait pas aussi m'aider... Je pinçai les lèvres avant de laisser un soupir s'échapper de mes lèvres. « C'est quoi cette maladie de merde. » grommelais-je. Le psychologue sourit en coin, heureux de me voir enfin avoir une réaction. Il mis devant moi quelques dépliants avec des images et une grosse écriture mentionnant : TPL. J'évitai son regard. Telle une encyclopédie il m'expliqua le trouble en détail: « Tu sais Blake, le trouble de la personnalité limite est une maladie mentale étant caractérisée par une instabilité émotionnelle. Tout comme toi, les personnes atteinte de ce trouble ont du mal à maîtriser leurs impulsions et à maintenir des relations interpersonnelles... » je soupirai de nouveau. Cherchant du regard un échappatoire. Je ne voulais pas être malade. Je n'avais pas de problème. C'était les autres le problème pas moi. « C'est de la merde tout ça. Je suis normal. Y'a rien qui cloche chez moi! » criais-je avant de jeter par terre ses pamphlets à la con. Je lui attribua un dernier regard méprisant en sachant pertinemment qu'il avait raison sur toute la ligne. C'est sans doute ce qui me faisait le plus mal à ce moment, d'avoir tord. Je tournai les talons avant de quitter le petit local en furie. J'avais besoin de fumer de la beuh, pour oublier toute cette merde.