[story of my life]
Il était une fois ...
Papa qui rencontre maman.
Avant ils ont eu une vie bien sur, mais ça ça compte pas.
Papa il écrit des livres sur les amérindiens, alors il a appelé ses filles Winona et Lulu. Maman elle écrit des livres aussi, mais de recettes de cuisine, elle tient un blog, elle fait des conférences, maman c'est une belle femme occupée se disait Lulu plus jeune, aujourd'hui elle trouve que c'est une belle femme fatiguée.
Quand Lulu est arrivé les médecins ont cru au miracle, maman ne pouvait plus avoir d'enfant, mais Lulu était là, Lulu prenait vie, Lulu grandissait sans un bruit.
Papa a beaucoup prié, tous les dieux de la terre et même ceux du ciel parfois, c'est ce que dit maman, pour que Lulu soit en bonne santé.
Papa a tellement prié qu'il a rendu les dieux fous et ils ont rendu Lulu folle.
Petite on disait d'elle qu'elle était "hyperactive", aujourd'hui on se dit juste qu'elle est chiante.
Mais à la maison on l'aime Lulu, même Winona l'aime, même si elle ne montre pas ses sentiments, même si sentiments ont disparut. Lulu elle, elle aime tous le monde, trop fort, trop vite, elle à s'attache à tout, aux choses aux gens. Elle a mal souvent, les choses ça piques, les gens ça crève le cœur. Pas de bouclier pour Lulu elle est à fleur de peau, elle navigue sur un court d'eau. Paille dans un soda, regard sur le soleil qui tombe à l'horizon, elle agrandit ici, c'est la fille assise sur le muret bleu devant chez elle. Tous le monde connaît Lulu, elle est la fille, la sœur, elle n'est jamais elle seule.
Pas le temps de rêver.
Papa dit "
il faut garder les pieds sur terre!" ... mais pourquoi faire ? Lulu elle aime avoir la tête dans l'espace, elle a besoin d'air, de vitesse, de se créer son propre univers.
Maman dit "
les études c'est important" alors Lulu cravache comme une folle, on l'a prend pour une idiote dehors, mais entre les quatre murs de sa chambre elle veut tout apprendre, travail tard dans la nuit et s'endors sans un bruit sur son dictionnaire.
Et puis la nuit.
Les rêves défilent. Parfois elle oublie, perd le fil, elle attend le miracle, la révélation. Ou alors elle se chauffe contre une autre âme perdue, elle aimerait devenir l'unique, l'ultime, mais Lulu personne ne l'a prend au sérieux, on préfère simplement lui passer des fleurs dans les cheveux et l'embrasser pour un court instant plutôt que de créer son avenir. Parfois elle se sent seule, surtout l'après-midi, alors elle marche et marche et marche encore, parfois elle va trop loin, elle se cogne le cœur contre un mur, elle s’égratigne les genoux sur la route.
Combien de fois il a fallut qu'elle remonte sur son scoot' ...
Elle attend le tendre, le simple, elle attend son avenir, car ici il n'y a rien qu'elle ne connaisse pas, ici il y a sa vie et tous les autres qui croient la connaître, mais ils ne voient pas qu'elle est peut-être un peu plus que son petit corps et son sourire d'enfant.
Sur le chemin de la maison.
Il y a des cailloux, des centaines de trous. Un jour elle partira, mais elle aime l'odeur du salon et ses murs saumons. Lulu sait qu'il est temps, elle espère ne faire de mal à personne, elle ne se bat jamais pour ce qu'elle veut Lulu, elle fait les choses dans son coin. Ça ne dérange personne.
Il espère qu'elle ira loin. Ça ne dérange personne.
Elle regarde par la fenêtre, les autres, ils vivent à cent à l'heure. Ça la dérange, elle est où elle ? Pourquoi elle ne se sent pas elle même ? Pourquoi n'y arrive t-elle pas ? Pourquoi elle ne parle pas plus fort la Lulu ? Est-ce que c'est parce qu'elle ne devait pas exister ? Parce qu'elle est un miracle, elle se dit qu'elle a déjà de la chance et qu'elle ne doit pas faire de vagues ... ?
Ça ne dérange personne de la voir faussement naïve, de la voir faussement elle-même.
Lulu, pas vue
Lulu, parfois têtue
Lulu, pas entendue
Lulu, un jour perdue
Lulu, inconnue.