Dave & Elea

fools

Dure réalité, triste vérité. Ce soir, t'avais rien à faire. Seule, encore une fois, sans personne. Tes amies, partie, disparu. Tu n'as pas de nouvelle. Tu veux t'amuser. Extérioriser tes nerfs, te défouler. Ce soir t'était seul contre le monde. La vie, la dureté de ce que tu dois vivre chaque jour. Prendre un verre ou deux ça te fera pas de mal. Voilà ce que tu te disais avant de sortir, avant de partir à l'aventure. La vie ce n'est pas facile, la vie s'est compliquée. Tu savais pas quoi faire d'autre que boire et danser dans cette boîte de nuit qui n'est pas si populaire que ça. Tu n'as jamais mis les pieds là-bas, du moins presque jamais. Ce n'est pas la meilleure boite de la ville, et c'est la seule. On s'amuse plus dans un bar autour d'un bar mais toi,  t'étais seule. Quand tu es seule, tu n'as pas la tête à boire seule dans un bar, quand tu es seule tu veux être avec un tel être humain. Tu veux passer ta soirée avec des personnes que tu ne reverras pas le lendemain. Tu veux pouvoir rencontrer des personnes avec qui tu ne devras pas garder contact, à qui tu ne seras pas obligé de parler. T'as peur de l'attachement, c'est vrai. Ça a toujours été le cas. T'as peur de trop de chose toi, t'es beaucoup trop peureuse pour quelqu'un qui mène une vie comme la tienne. Les paradoxes de Liberty, ceux qui font partie de cette vie de nuit mais qui au fond ne voudrait pas être là.

Robe bleue, talon haut noir. Maquillage et cheveux bouclé. Les classiques, ce que tu portes quand tu sors. Ce que tu fais quand tu veux plaire. Quand tu veux que l'attention soit sur toi ou qu'on te remarque. Tu es fière quand un mec se retourne pour te regarder mais toi, tu vas pas chercher à lui parler. S'il te demande un numéro tu vas lui en donner un faux, tu veux pas avoir de nouveaux potes. T'en pince déjà pour un mec et ça suffit. Il te fait de l'effet, tu'as envie de tenter un truc mais t'as trop peur. Tu n'as pas besoin en plus, que d'autres mecs soit là. Tu passes ton temps à repousser la même et unique personne alors que tu pourrais juste te laisser faire. T'as tous les signes que vous deux ça pourrait marcher mais non, toi tu supporterais pas. Tu pourrais pas supporter de le perdre. Il compte beaucoup trop à tes yeux. Quand tu penses au loup c'est à ce moment-là que tu le vois. Tu danses sur la piste, tu es avec des inconnues, certains mecs que tu connais pas, que t'as jamais vu pendant que celui pour qui tu as des sentiments passe par là, rentrent dans la pièce. Tu savais même pas qu'il participait à ce genre de truc, qu'il allait venir ici. C'était la dernière chose que tu pouvais t'imaginer. "Dave." Son prénom t'échappe entre tes lèvres. Les mecs avec qui tu danses ils te regardent d'une manière étrange. Aucun d'eux ne porte son prénom et tu le sais très bien. Tu t'en serais souvenu si c'était le cas. Tu te demandes ce qu'il fait ici, pourquoi il est là. Tu le regardes de loin, tu réfléchis au fait de t'approcher de lui ou de rester là où tu es et faire comme si tu ne l'avais pas vue. Le problème, c'est que c'est ton ami. Il n'est peut-être rien de plus mais il est déjà ça. Tu peux pas lui en vouloir d'être là. Tu peux t'en vouloir qu'à toi, parce que t'as peur de perdre quelqu'un tu préfères le repousser directement. Tu t'approches de lui, tu souffles un coup, prend un verre. Même deux d'un coup. Tu bois, tu commandes deux autres verres. Cette fois-ci, un pour toi et un pour lui. "Salut toi." Tu lui souris, sourire sec. Sourire amical mais aussi celui qui veut dire "j'voulais pas te voir ici." La gamine que tu es, elle est connue pour ne pas être approché de trop près. Tu es celle qui ce fait peu d'amis, celle qui est seule depuis des années. Tu es la faible, la peureuse. Tu te le répètes sans cesse. Tu as perdu trop de monde pour le perdre lui. Le beau blond qui se tient devant toi. Le beau Dave. Celui qui pourrait être tout à toi mais tu lui en laisses pas l'occasion. "Tu fais quoi ici?" Tu lâches simplement, sa raison sera surement la même que la tienne. Il est en boîte pour s'amuser voilà tout. Mais toi, tu veux lancer la conversation.  

Dave & Elea

fools

Epuisement, la tête dans les nuages, le cœur toujours au point mort. Agaçante déconvenue qui commençait vraiment à me donner mal à la tête. Qu'importe, je devais passer à autre chose, j'en avais plus que l'occasion depuis quelques temps. Mais comment oublier autant d'années, de sentiments encore présent et des tas de moments partagés... de beau souvenirs.
Effectivement, j'avais le besoin aussi de me changer les idées, les journées ne cessaient de se ressembler dernièrement. J'avais presque hâte d'être appelé par un potentiel client pour pouvoir me concentrer là-dessus, devoir quitter un peu le pays histoire de remettre les choses en place. Rien ne semblait comme avant tout se bousculait dans un méli-mélo infernal. Cette fille hantait ma vie depuis toujours, une autre commençait également à faire son nid et étant plus réceptive, forcément...Cela faisait pencher la balance. La facilité. Je n'avais jamais aimé cela, mais de là à être complètement inaccessible, je n'étais pas fou, pas assez pour poursuivre ma douce torture mentale. Une soirée comme une autre, dans un lieu que je connaissais, avec forcément que je côtoyais au quotidien, qui venait eux aussi se délecter d'une boisson alcoolisée et de la musique enivrante, de quelques drogues pour oublier les lamentations et voilà comment passer une bonne soirée.
Non, moi non plus je ne m'attendais pas vraiment à te croiser ce soir-là. Je ne pensais pas que tu viendrais dans ce genre d'endroit, encore la preuve que tu étais réellement imprévisible, chose qui me rendais fou. Toi l'associable Elea, la mystérieuse Elea, mais aussi la parfaite Elea à mon sens. Tu étais une perle perdue dans un océan de peine et de sang. Tu te noyais depuis des mois, des lustres sans que tu ne veuilles saisir les nombreuses bouées que tes proches essayaient de te lancer. Tu restais là, inerte à tout. Même à moi qui voulait plus que tout, t'offrir ce que la vie avait de meilleur à apporter.
"Elea, quel drôle de surprise. Toi ici ?" Lançais-je un peu surpris, te voyant débouler de la piste de danse, verre à la main. J'analyse un peu la situation, voyant que le verre était plein. Étais-tu avec quelqu'un, Inaya ? Ou un autre type ? Ou alors tu m'avais remarqué depuis un moment et tu avais trouvé une raison pour m'aborder ?
" Sans doute la même chose que toi, je suppose. " Répondis-je avec un air malicieux, ne donnant pas trop de détails, comme j'aimais le faire pour prêcher la vérité dans tout ceci. Je finis par ajouter :
"Tu es avec quelqu'un ?" Demandais-je prudemment, sentant déjà mon estomac se tordre en imaginant que tu pouvais être sortie avec un type, étant jaloux comme un poux, je prendrais mal que tu invites un autre type que moi à sortir, après tous les efforts que j'avais fais pour ne serais-ce qu'un regard de toi, qu'un geste tendre et qu'au final, je n'avais droit qu'a du vent. J"admire d'ailleurs un court instant ton splendide visage, qui me donne encore des frissons, bien masqués sous ma chemise sombre. Je souffle doucement avant de glisser ma main sur ton épaule, pour te faire te décaler, voulant un peu plus d'intimité pour parler.
"J'ai l'impression qu'on se voit plus en ce moment, je me trompe ? " Demandais-je finalement, essayant de crever un peu l'abcès. Etais-ce mon énième tentative de rapprochement douce qui t'avais fais encore plus peur ? Ou simplement quelque chose que tu aurais entendu et mal-interprété ?