☆ âge tout juste désiré, à peine estimé, le fils intrus s'impose d'abord à la façon d'un cauchemar ; avant de devenir un morceau de rêve prenant vie. Ça fait mal, puis ça soulage, véritable existence courbée. Alors le fils perdu tisse des toiles d'araignée dans sa tête – véritables algorithmes depuis vingt-quatre ans déjà, pour éviter de trop y penser.☆ genre gosse qui a peut-être grandi trop vite, trop tôt, trop violemment, alors il se considère comme un homme jusqu'au bout des doigts, jusque dans ses prunelles qui fondent sous une maturité naturelle. ☆ origines il ne sait pas, il ne sait plus, ou ne souhaite plus le savoir ; importance nulle. alors il se proclame chinois, accent presque aussi marqué que sa famille de la seconde chance, parce que même si ça n'est pas inscrit dans ses veines couleur nuit ça l'est dans son palpitant. ☆ en ville depuis qu'il a été ramassé, analysé, réparé --- un peu moins de vingt printemps. Le gamin il se souvient même plus de sa ville de naissance, de sa ville de croissance, de celle qui a abrité ses premiers pas – ni de celle qui l'a guidé pour le faire tenir debout, d'ailleurs. Ça lui apparaît plus, dans ses chimères, ce sont des ruines qui se pointent rarement aux coins des yeux .(il a oublié). alors kay il se considère enfant de liberty. ☆ statut un peu seul, comblé facilement & dépité naïvement, inconsciemment kay il cherche l'affection là où il peut la trouver, petites doses de réconfort chez qui veut bien lui donner. vide constant, vide pathétique mais vide douloureux, tellement que kay il croit pas en l'amour parce que y'a rien qui pourra vraiment le combler. ☆ orientation sexuelle les femmes et leurs rires, les femmes et leurs sourires, les femmes et leurs soupirs. ☆ emploi il amène les tasses de café de ces demoiselles avec étoffe ; monsieur est avant tout serveur dans l'entreprise familiale & comptable avec papa aux heures perdues. Ça fait l'affaire, ça l'épanouit quand il s'attarde pas trop sur la question, même si au fond du palpitant demeure cette envie de faire plus, de faire mieux. ☆ situation financière y'a jamais eu de quoi se morfondre ou se ronger les ongles, de quoi croiser les doigts pour espérer ne pas passer dans le rouge chez les ruan ; tant qu'il le dépense à tord, c'est qu'ils roulent sur l'or. ☆ groupe blue moon.

partie obligatoire: (LIABILITY) kay, c'est le poison. Le venin paralysant, celui qui vous délègue aux mains impitoyables du destin, de la chance, du karma ; crocs du serpent acérés, pour de vrai. kay, c'est la graine qui s'est plantée au mauvaise endroit, qui a fleuri sans qu'on s'en rende compte assez tôt, peut-être (certainement) au mauvais moment aussi, & qui a fait pourrir les racines d'une relation à peine entamée. Y'a papa qui claque la porte, tôt, qui l'a même pas vu naître, papa le lâche, papa qui laisse même pas de nom comme héritage. Ça efface les traces, ça prend pas les responsabilités, presque aussi malin que le gosse qu'il a mis en route. Y'a maman qui pleure ; puis qui sourit, qui tente de garder les pieds sur terre, qui tient quelques années ; cinq ans, onze mois, et sept jours exactement, juste assez pour laisser une trace dans son cas. Avant de flancher, avant d'entendre les pensées parasites dire que y'a pas d'avenir avec le gamin dans les pattes, que c'était définitivement pas le bon moment, ni une bonne idée d'essayer. Alors ça a b a n d o n n e. (EL DORADO) le gamin il est resté plus ou moins trois ans à l'orphelinat ; il faisait pas la loi, mais il faisait le poids. Juste assez pour se faire entendre, juste assez pour pas s'en prendre. C'était pas la guerre, pas l'enfer, mais il s'y est jamais senti à sa place, parce qu'il savait ce qu'il avait perdu. P'tite âme en perdition qui a pas baissé les bras, qui attendait son nouveau foyer comme on attend noël --- finalement ça a été les ruan, son cadeau du ciel. Les ruan qui l'ont accepté comme il était, pièce rapportée qui s'est assemblée comme si la place était modelée que pour elle. Et c'est tout ce qui compte, au final. (MIDNIGHT) loin d'être amoureux de la lune, mais caprice de silence en quête de tranquillité passagère, kay il a ce besoin de s'éloigner de temps en temps des autres, incapable d'entendre trop de bruits trop longtemps. Voilà là la pause méritée après un service épuisant ; c'était l'argument de choc pour ses parents qui le laissaient gambader sans contrainte sous les étoiles mortes, pendant l'âge bête. il a vite trouver refuge près des bancs frais, sur les rampes glissantes, abîmées & bancales, en fer comme à l'ancienne. Le vieux skate parc de liberty c'est presque son territoire. kay il plane sur la planche depuis qu'il sait marcher ; depuis qu'il sait courir ; depuis qu'il sait ramper ; depuis qu'il sait tomber. Il en est venu à graver à même la peinture écaillée des semi-murs ses initiales, en grosses capitales bien sales, qui s'effaceront jamais à moins de chercher à le faire. Mise en scène un peu étonnante pour quelqu'un qui cherche pas forcément à se faire remarquer. (WEAK BOY) kay possède une santé fastidieuse, habillé de rouge devant le taureau que sont les virus qui se baladent à liberty. à la façon d'un coyote apeuré, il fuit l'hiver & ses températures dégringolantes. Souvent, quand le vent se fait si glacial qu'il en gèle les bourgeons de fleurs, et que le soleil se fait rare derrière les nuages gris, kay est démoli. Sa voix est en proie à des toux déchirantes, son front est aussi brûlant que l'astre, et les migraines l'empêchent de tomber dans un sommeil réparateur ; l'épuisement l'abat en premier. Pour autant il n'a jamais fini dans une chambre blanche, ni manqué un seul service, et comble son manque de chance par un shoot de vitamines, quand il ne préfère pas dépenser son argent autrement. (OVERTHINKING) comme certains se passionnent pour la danse ou pour la peinture, kay il est en plein trou noir, ça lui a toujours plu. Il se noie, parfois, au point de se perdre et de ne plus être disponible pour le monde réel. Esprit de logique, plan à suivre, réfléchir plutôt que foncer tête baissée, c'est tout lui ça. Sûrement qu'il aurait voulu en faire, des études, sorte d'achèvement de toutes ces équations résolues peut-être, mais ça a pas été possible ; alors il se contente d'enfiler la peau du professeur pour des cours particuliers dans la petite ville d'oregon contre quelques pièces, à l'occasion. (PLAYER 2) ancêtres des consoles de jeu, style écran vieillot noir et vert, kay il les collectionne ; en revanche il se contente pas de les nettoyer, il y joue tellement que les marques des boutons sont à moitié effacées, et on pourrait mouler la marque de sa paume au dos des boîtes rectangulaires. Pour autant kay il se refuse à ce que quelqu'un d'autre que lui les touche. (A WORLD ALONE) C'est le mal qui le ronge de l'intérieur, qui commence sa course tout en bas & qui remonte lentement comme un frisson qui avertit du danger --- implosion. Tout le temps & pour toujours, sorte de mal-être qui veut pas se décoller de sa peau, un peu comme du chewing-gum rose définitivement trop tenace. Ça le déchire un peu plus chaque jour de pluie, chaque nuit d'orage, inconsciemment, ce sentiment de pas avoir fait assez, de vouloir faire mieux, de se racheter pour quelque chose dont il est pas responsable ; parce qu'il a rien fait de mal kay, il est juste venu au monde, s'est contenté de pointer le bout de son nez. Circonstances fâcheuses. Manque de chance. Un peu des deux. Kay il en parle pas, jamais, pourtant c'est le manque, gouffre au milieu du cœur, la sensation de ne pas être indispensable, de parfois ne pas exister, et le fait de savoir qu'on aurait préféré qu'il existe pas. Être non-désiré c'est violent. C'est douloureux. C'est étouffant. Et le nouveau foyer, même s'il se livrerait corps & âme pour chaque personne qui le compose, c'est pas assez. (MIGRAINE) Si bien que les insomnies sont vite devenues ses camarades, berçant ses nuits d'un chagrin fou, alors que le jour se levait en même temps que ses cernes larges comme des marques de combats. Les épisodes où les gouttes dégringolaient ses joues, où sa voix s'étranglait avant de pouvoir émettre un son, il ne les compte plus. Ça s'est un peu calmé, ça s'adoucit avec le temps, il s'accroche à ce mensonge qui semble résister, au moins pour un temps. Faut juste qu'il y pense pas trop. (LOYALTY) Le départ de fen, ça a jeté un froid. C'est l'avalanche qui menaçait de s'abattre depuis un mois, mais y'en a pas un seul qui a réagi pour essayer de faire bouger les choses. Kay le premier. Pire, lui il s'est contenté de courber l'échine. Et ça fait grincer des dents, ça fait se lancer des regards noirs sous des non-dits depuis que la porte a claqué. Kay il se sent coupable, terriblement & infiniment coupable. Parce qu'il était au courant avant tout le monde et que ça a pas empêché grand chose. Parce qu'il a eu la frousse, kay, le ventre qui se noue critiquement quand il a pensé que si le fils légitime il se faisait mettre à la porte sans trop de remords, sans foi ni loi, il pourrait y (re)passer aussi. Alors le kay qui réfléchit et qui parle quand quelqu'un doit le faire, kay qui se dégonfle quand on a besoin de lui, il est devenu kay la tombe. Kay le lâche. (ROYALS) le gosse il s'affirme pas mal par ses fringues à moitié déchirées, style vestimentaire brouillon, véritable paradoxe à lui-même. Pourtant c'est souvent le premier tee-shirt qui déborde de l'armoire qui vient lorsqu'il se lève sous les rayons de soleil qui se fraient un chemin à travers les persiennes. Il se pose pas trop de questions. C'est pas souvent coloré, c'est pas très gai, mais ça lui plaît.

- et voici donc pour la très charmante demois-
- J'ai un petit copain.
Sourcil haussé, sourire en coin. Kay il la dévisage encore un peu, juste un peu, pour la voir rougir une nouvelle fois, tout-à-fait amusé de la voir se justifier.
- Je n'en doute pas.
Ou presque.



- non sérieusement, elle est vraiment adorable.
Ça balance les pattes dans le vide assis sur la rampe la plus haute. Il cale ses bras en arrière pour s'appuyer dessus & étire son regard vers les filantes. Soupir blasé.
- y'a les jolies filles, puis y'a les jolis garçons.
Instant suspendu dans le temps, y'a la cigarette entre les lippes qui disparaît pour laisser place à la fumée blanchâtre. Le plus jeune se redresse avec douceur. Puis c'est le silence sûrement angoissant pour l'autre qui commence probablement à avoir la peur du rejet qui lui sert les tripes. Kay il reste muet, Juste un peu, avant de décocher un sourire digne de ce nom, le genre qui reste quand même accompagné d'un rictus amusé. P'tit coup dans l'épaule, histoire de lui assurer qu'il peut enfin se détendre.
C'est pas comme s'il s'y attendait pas, au fond.
(se mentir à lui-même il fait pas, kay.)
Parce que fen, il est comme ça, il se démarque, laisse traîner quelques indices. Et ceux qui le comprennent pas sont ceux qui refusent de le voir. De le percer à jour.
- ouais. m'enfin je préfère quand même les jolies filles.



- attends, il va vraiment le faire ?
- t'as misé 50 dollars, bien sûr que oui il va le faire.
- je ne le pensais pas aussi simple d'esprit.
- ah oui, et qu'est-ce que tu pensais exactement ?
- non mais je veux dire, c'est son tour les sanitaires aujourd'hui.
- je sais ça.
- s'il les bouche volontairement il devra s'en occuper.
- je sais aussi ça --- oh, doux jésus, y'a maman qui arrive.
- nan sérieusement ? où ?
- mais oui ; te retourne pas crétin, c'est pas discret du tout. je crois qu'elle le cherche.
- putain, il va se faire exploser.
- je crois que j'ai une table qui m'attend.
- pareil.



Ça fait crac à des kilomètres.
Ça fait crac à des années lumières.
Kay il se pointe après la bataille, véritable champ de ruines, et il déboule dans l'entrée alors que-
- Fen est parti. Il aperçoit son aîné fuir à l'étage. Claquement de porte furieux.
Fen est parti. Fen est parti. Fen est parti.
ils ont foutu fen à la porte, putain.
Il croise rapidement le regard de ses parents adoptifs et il préfère la boucler, s'abstenir de tout commentaire qui lui reviendrait à la tronche.
(c'est ce qu'il fait de mieux, kay.)
Sortes de revers poisseux. Mérité.
Il comprend vite, ça remue pas très longtemps dans sa matière grise. Fen. pas besoin de schémas fastidieux, pas besoin de relier les évènements un par un, il est unique, le même qui a entraîné la chute de la façade des ruan.
Alors.
Il imite bo, il imite son aîné, en lâchant le fameux rire frustré, le rire qui veut dire c'est vraiment n'importe quoi, et se réfugie rapidement dans sa chambre. Il veut pas leur faire face, parce qu'il sait qu'ils ont fait exprès de le jeter alors qu'ils étaient absents, tous.
(pas tous.)
Parce que y'a pas plus dégueulasse que cette forme de lâcheté. Parce qu'ils savent qu'ils auraient pas laissé faire, pas de doutes, pas de craintes, les ruan ils se battent pour les ruan et pas contre les ruan. Parce que, putain, il arrive trop tard kay, il a rien pu faire ; excuses bidons, excuses sans fond. Il aurait pu mais il a pas eu le cran. C'est ça le problème. Ça lui pendait au nez depuis un mois déjà, mais c'est pas pour autant qu'il a voulu s'en débarrasser.
(il a(vait) la trouille kay.)
(parce qu'il se fera pas jeté deux fois, non, non, non.)
Alors.
Il se contente d'envoyer un message à virgie, parce qu'il sait que c'est là-bas qu'il ira trouver refuge. Et il a plus que sa culpabilité pour le ronger, l'adopté.