Une soirée classique en soit. Tu aimes bien t’évader, la fin de la journée venue, juste pour boire un verre avec quelques vieux amis. Fréquentations diverses. Jude Williams et sa petite réputation à Liberty. Connu autant en bien, qu’en mal. Populaire, mais pas forcément dans le bon sens. On reconnaît ta belle gueule, ta tête d’ange, bien plus raffiné que ton jumeau, mais on déplore ton comportement. Le gamin qui n’a jamais complètement grandi. L’adolescent attardé qui a tellement joué au con qu’il a fini en taule. Tu t’en aies bien voulu, lorsqu’ils t’ont foutu derrière les barreaux. Mais la sentence à été sans appel. Trop de conneries étant jeune. Un casier judiciaire trop long. Il était temps que tu prennes une bonne leçon. Que tu apprennes, au moins un peu de tes erreurs. Pourtant te voici là, dans ce bar pas forcément bien fréquenté, à rire bruyamment aux côtés de quelques gaillards du coin. Tout le monde te connaît ici, te salue, t’apprécie. Tu as ton cercle, tes amis. Loin de tout les espoirs de ta famille, des remarques de ta belle famille et même du désespoir de ta propre compagne. Mais tu es comme ça, l’insouciance même. La désinvolture prononcée. Là pour profiter, de chaque jour que dieu t’offre. Catholique ? Même pas, tu ne crois qu’en toi même. Tu recommences déjà quelques conneries, même si sur le papier, tu te veux clean. Trop propre sur toi pour un lieu comme celui-ci, avec tes cheveux courts et tes fringues neufs, épousant ta musculature dessinée. C’est presque si tu viendrais ici en chemise, si Blanche te voyais. Mais non, tu es resté un peu plus modeste. Tu as accepté de faire des efforts pour ton couple, pour ta réputation. Pour endormir la méfiance des flics qui pensent que tu t’es enfin calmé. Tu as toujours pris soin de toi, mais à avoir ta propre dégaine, celle du mauvais garçon. Cette image qui là, d’apparence, ne te vas plus du tout. Presque envolée, oubliée, derrière de grands sourires charmeurs et une aisance orale évidente. Le charisme présent. Écrasant celui des autres. Toujours à te faire remarquer, par ta seule présence. Tu en as toujours joué, de ça, même si ce soir, tu n’es là que pour profiter de la compagnie de ceux que tu apprécies, autour de quelques bières et de trop de clopes.

Quittant un instant ton groupe, tu te diriges vers le comptoir pour commander une nouvelle pinte, déjà assoiffé, à peine la première terminée. Tu t’appuies sur le bar de tes coudes, avant de te reculer légèrement, tapotant de tes mains dans une impatience prononcée. Hyperactif, qui a toujours besoin de bouger, de se dépenser, de jouer au con. C’est là que tu le sens, ce regard insistant sur ta personne. Tu tournes le regard vers le responsable qui est en réalité une nana, une petite blonde à la silhouette gracile et à l’air un peu surpris. Sous le choc ? Mais le choc de quoi ? T’es un peu perplexe, à avoir un sourire en coin, entre surprise et amusement. Un de tes potes t’appelle du fond de la salle « Hé Jude, viens voir ! » Tu tournes la tête vers lui, avant de lui faire signe « Oué j’arrive ! » Mais déjà, ton regard se pose de nouveau sur la donzelle à tes côtés, de laquelle tu t’approches, tandis que le barman termine de préparer ta boisson. Certes elle est mignonne, mais trop jeune pour toi et surtout, t’es casé et la fidélité, c’est un truc qui t’a toujours tenu à cœur. Tu n’as jamais trompé Blanche et tu n’es pas prêt de le faire. Même si tu as eu bon nombres de tentations, au cours de tes diverses péripéties. « Y’a un souci ? J’t’ai éblouie ou quoi ? » Tu as un rire nerveux, amusé, taquin. C’ets plus fort que toi, cette espèce d’exhubérance. Aucun tabou, aucun filtre, juste toi et ton comportement de petit con. Toujours.

Evidemment que tu ne peux pas t’empêcher de te faire remarquer. De sortir tes grands airs qui te collent à la peau depuis que tu es gamin. Toi, le jumeau Williams qui se fait toujours remarquer. Dont le charisme ne passe pas inaperçu. Tu aimes en jouer, de ta belle gueule, de tes airs suffisant. Tu as beau essayer de te calmer, le chemin est bien long avant la rédemption. Avant que tu agisses complètement comme un adulte de ton âge. À croire, même, que tu es un cas désespéré. Voilà ce que beaucoup pensent, même si Blanche, elle, veut y croire au fait que tu peux devenir un mec respectable. Alors oui, cette petite blonde, tu l’abordes avec ton franc parler naturel. Tu n’es pas là pour la draguer, juste pour la taquiner un peu à la limite, parce que c’est toujours sympa. Tu as la franchise exacerbée. Ta langue n’est jamais dans ta poche, même lorsqu’il n’y a aucun intérêt à ce que tu tapes quelques réflexions. Mais c’est bien trop amusant pour que tu t’abstiennes. La nana te balance que ton visage semble familier et tu arques un sourcil avant de sourire en coin. « Oué on me l’a fait souvent celle-là, paraît que j’ai une tête qui revient bien » Tu continues sur ta lancée, sur tes conneries, sur ton exubérance prononcée. Les chevilles qui enflent, pour sur. « Enfin sinon j’ai un jumeau, bon on a pas vraiment la même dégaine mais… » Tu hausses les épaules, un peu perplexe. Oui pour le coup, Nolan et toi, au delà des traits de vos visages et de vos carrures, bien qu’il soit un brin plus bâti que toi, vous n’avez rien de semblables. Toi et tes cheveux court, ta barbe bien taillée, tes vêtements serrés et saillants. Lui et son allure bougonne, plus rustre, plus agricole ? Ses cheveux longs et sa barbe en bataille. Cote à côte, personne ne peut nier que vous êtes jumeau, pourtant, il semble y avoir un monde entre vous. Un gouffre, creusé par les années à évoluer dans des cercles différents. A faire des choix différents. À simplement être différents. Radicalement différents. « Mais on a pas vraiment la même dégaine » Finis-tu par conclure, avec un léger sourire en coin.
Le barman pose enfin ta bière sur le comptoir, que tu saisi en même temps que la demoiselle son soda. La jeune femme te balance que tes potes t’attendent et après un bref coup d’œil et quelques taquineries à ton égard, qui te font largement sourire, tu es forcé de constater que c’est le cas. « Oué, ils sont de bonne humeur » Lâches-tu en conclusion. « M’enfin si jamais t’as envie d’un truc plus fort qu’un de ces soda dégueulasse t’as qu’à demander au barman, met ça sur l’ardoise de Jude » Un petit clin d’œil plus tard tu te redresse, t’étant jusqu’ici appuyé contre le comptoir, prêt à rejoindre ceux pour qui tu es venu à la base.