les poings qui s’enfoncent dans la chair molle imaginée.
les poings égratignés, douloureux, à force de frapper.
la gueule du maquereau qu’elle voit à la place de ce sac rempli d’un truc qu’on sait pas quoi mais qui permet d’frapper jusqu’à être épuisé.
sin, elle est arrivée un peu en avance. elle jette quelques œillades impatientes sur l’horloge, fulmine de ne toujours pas voir wrath arriver. wrath, ce frère qui n’en est pas un, ce frère qui ne la porte pas dans son cœur…
mais qui l’apprécie assez pour qu’ils s’embrassent. pour qu’ils s’embrasent. une unique fois, le bras qui vient frotter les lèvres gonflées, les lèvres blasphématrices (sin, elle l’est depuis la naissance, blasphématrice) pour tenter d’oublier.
ils sont liés par un nom qui n’veut rien dire. wrath se doute bien que sin fait du chantage. sin, elle avouera jamais, elle laissera jamais s’échapper son précieux secret… parce qu’elle est certaine que wrath la fera tomber en un claquement de doigts si le moyen de pression n’existait plus.
sin et wrath, ils sont bons qu’à s’hainer.
elle continue de frapper sur le sac noir et bientôt, c’est pas c’mec écœurant qui l’a forcé à ouvrir les cuisses pendant des années qui s’dessine mais bien l’minois de son « frère ». mot qui déchire les lèvres, mot qui déchire les entrailles, la cervelle. alors elle frappe plus fort, et elle revoit la scène dans buffy (maman la laissait regarder un peu sur une vieille télé toute cassée. elle chopait un épisode par mois à peu près, parfois un peu plus mais c’était compliqué. et elle devait brancher son casque à même la télé, s’abîmer les rétines sur les images qui grésillent) où elle frappe tellement fort que le punching-ball se décroche.
mais sin ça fait pas ça parce que sin elle sait pas se battre. elle attend que ça de dépasser wrath en stratégie pour réussir à le foutre par terre, plutôt que d’se retrouver elle toujours la poitrine compressée contre le sol, la face qui dévore le tapis qui sent pas très bon. de toute façon, peu importe la façon dont elle atterris, c’est toujours elle qui finit par terre… et c’est jamais agréable. parce que wrath il perd jamais une occasion d’se gausser, d’se moquer, de lui rappeler que c’est une merde.
deux chats qui font l’dos rond pour montrer qu’ils sont plus puissants que l’autre alors qu’ils sont de force égale.
quand elle le voit arriver du coin d’l’œil, elle fait genre qu’elle a rien vu. elle attend qu’il s’approche, qu’il pose sa… main ? sur son épaule pour faire un jeu d’jambes et le foutre sur le sol. 1-0 pour sin et l’effet de surprise…
sauf que c’est pas wrath. c’est juste un mec lambda qui voulait sans doute lui dire un truc et qui aurait pas dû. parce qu’il galère à respirer, que sin a pas fait du tout attention à la force qu’elle pouvait mettre parce que l’adversaire c’était censé être wrath, qu’il l’épargne jamais.
« oh put… punaise. pardonnez-moi. »
elle demande, elle s’confond en excuses, se donne des manières de lady alors qu’elle fait plutôt bonhomme de la rue là maintenant.
« je vous ai pris pour quelqu’un d’autre… en retard. »
elle peut pas s’empêcher d’préciser, parce que wrath l’emmerde profondément à pas savoir être là à l’heure et à l’engueuler dès qu’elle a une pauvre minute de retard. sin, elle a une vie trépidante et elle s’laisse souvent aller dans ses croquis de lingeries, jusqu’à en oublier l’heure.
c’est dur d’être une nouvelle riche en même temps…