[a lot on my mind]
#1 Taylor est le premier d’une famille d’un seul enfant. Merveilleux. Il s’est toujours ennuyé quand il était enfant. Ses parents étaient rarement à la maison, ne l’appelaient pas beaucoup lorsqu’ils étaient en déplacement, ses ailleuls n’habitant pas dans le coin, il a été élevé au rythme des changements de baby sitter. Sans frère. Ni sœur. Bref, personne à torturer, personne à mortifier, que la vie est injuste. C’est bien la seule raison qui le pousserait à devenir altruiste : avoir une fratrie.

#2 Le jeune homme est du genre à se brouiller avec les gens pour pas grand chose et à ne jamais vouloir s’excuser ou faire le premier pas. Trop d’orgueil vous comprenez ? Malheureusement, lorsque la personne avec laquelle il se brouille est son père, connu pour avoir autant voire plus d’orgueil que son fils, on en vient à des situations impossibles ou les deux générations ne peuvent plus se voir. Alors Taylor n’a pas suivi ses parents lorsqu’ils sont allés s’installer définitivement à New York.

#3 Lorsqu’il a une relation avec une fille, son cœur lui appartient. C’est déjà pas mal. Il met toute son âme dans la relation et sait se poser plusieurs mois ou années avec une seule personne. Néanmoins, si son cœur est pris, ce n’est pas le cas de son corps. Rester fidèle est la chose la plus difficile à faire pour lui. Alors maintenant qu’il est célibataire, je ne vous raconte pas les dégâts.

#4 La solitude. Taylor l’aime plus que tout, il ferait même d’elle son âme sœur. A vrai dire il ne s’en plaint pas trop. Il aime entendre le silence lorsqu’il rentre chez lui, il aime sortir seul. Il a trop été déçu par le passé par des amis qui n’en étaient pas vraiment. Mais, au fond de lui, il ne demande qu’à changer. Depuis sa rupture, une nouvelle vie s’offre à lui. Il va lui falloir du temps pour changer mais rien n’est impossible.

Et le cœur de Taylor s’arrêta de battre. Il tenait dans ses mains l’arme du crime, l’objet qui allait lui pourrir la vie pendant une partie de son existence. L’objet était tranchant et aiguisé. Mais point de ferraille à l’horizon. L’objet était aussi lourd qu’une plume d’oiseau mais à la fois bien plus destructeur. Taylor se serait bien taillé les veines avec mais cela lui aurait pris trop de temps. Il préféra déchirer la feuille de papier en deux et la jeter dans l’âtre pour faire disparaître la moindre trace de ce qui venait de l’anéantir.

Ces mots l’avaient frappé, de plein fouet, plus fort que n’importe quel uppercut. Elle le quittait. Et elle le faisait avec classe. Pas par SMS mais par lettre. Par cette fichue lettre, elle venait de mettre un terme à plusieurs mois d’une relation tumultueuse mais passionnée. Taylor avait pour habitude de tout donner en amour et il venait de récolter la monnaie de sa pièce. Il se savait toxique pour les autres. Son amour est crispant, presque malsain parfois. Mais se faire larguer de la sorte, jamais cela ne lui était arrivé et jamais il n’aurait pensé que cela se déroulerait aujourd’hui.

Mais il décida de rester debout, d’être digne comme il savait le faire en toutes circonstances. Après tout, il était un Miller, fils unique d’une longue lignée dont il était aujourd’hui le seul héritier. Une lignée désargentée, certes, mais une lignée prestigieuse tout de même. Demain il se lèverait, descendrait les escaliers de sa maison et prendrait les clés de sa voiture pour se rendre à la fac comme il le faisait tous les jours. Il ne montrerait rien. Mais intérieurement ce ne serait pas la même histoire, évidemment. S’il était le roi pour mentir, dissimuler tout et n’importe quoi (y compris ses émotions), Taylor n’en restait pas moins un être humain, à son grand désespoir. Son rêve serait d’avoir ce cœur de pierre qu’il enviait tellement. Cependant, ce n’était pas aujourd’hui.
Les vacances approchant, il trouverait bien le moyen de s’échapper de Liberty pour rejoindre la Californie. Ah non, pas la Californie, son ex chère et tendre était partie s’y réfugier. Plutôt Long Island alors, où ses parents avaient leurs habitudes la saison estivale arrivant. Ah non, il était brouillé avec eux aussi. Bon. Il resterait ici, à Liberty, à se morfondre jusqu’à ce que cela passe. Peut-être que cela ne sera jamais le cas, peut-être que ce sera le cas la semaine prochaine. Avec Taylor on ne pouvait jamais être sur de rien.