rowan & athénaïs

amanita phalloides

 La vie ici avait l’avantage d’avoir ses moments d’ennuis malgré les tensions entre les familles et les crises entre les uns et les autres. Il ne s’agissait pas maintenant de prendre de décision à la hâte concernant prendre le parti de l’un ou de l’autre. Plus la belle restait neutre, plus elle pouvait jouer ses cartes de la bonne manière si d’une manière ou d’une autre les ennuis venaient taper à la porte de son herboristerie. Il n’agit pas de perdre la face. La journée, et ce début d’après midi, sentait les huiles essentielles et de sauge. Pourtant, il ne s’agissait pas de croire qu’elle préférait un onguent, mais il était l’heure de ravitailler sa petite réserve de belladone, de ciguë et de poisons. Car si elle ne se doutait pas à la curiosité de l’homme à s’intéresser au poison, elle ne s’attendait pas à avoir autant de succès. Peut être devait-elle s’en douter. Après tout, la ville portait sur ce genre de travers. Pourtant, s’il fut un temps où le poison était considéré comme une arme de femme, la vérité d’antan avait aujourd’hui des tons de mensonges. L’arrivage de liane d’Amerique Latine lui permettait la confection de poison bien plus virulent, et bien plus rapide. La minutie faisait partie de ses qualités, et les heures passaient comme dans les films, où le temps passent en accéléré.

C'est seulement plusieurs heures plus tard que la journée se termine enfin. Les clients qui sont passés par curiosité sont repartis, et ceux qui était là par habitude ont obtenu ce qu'ils venaient cherché, que ce soit pour s'endormir, pour soulager des vieilles blessures, ou se faire oublier des peines de coeur, ou d'esprit. Et si c'était pour faire manger votre aïeul par la racine, alors là aussi, vous pouvez repartir avec ce que vous êtes cherché et d'entrer dans le carnet de la belle. Et  c'est de sa manche en soie d'un kimono qu'une petite aurait sur la table. L'endroit désormais désert, et les dernières lumières elle les éteint, après avoir fermé toutes les serrures et tous les cadenas. Elle avait envie d'un tournedos rossini, rien chez elle pour satisfaire cette envie. Elle irait donc rendre visite à un nom dans son carnet. Pourtant, s'il était certains qu'elle se fichait bien de savoir qui avait fait quoi avec ce qu'elle vendait, et qu'elle ne s'y rendrait que pour une recette français, Athénaïs était absolument certaine qu'elle verrait le visage de Magnus Rowan. La présence de l'italienne semblait mettre l'homme mal à l'aise. Et peut être à raison, mais pour l'instant, tout ce qu'elle voulait c'était un tournedos, un verre de vin, et pourquoi pas un dessert dont le chef avait le secret.

Athénaïs se craignait pas la solitude à un table de restaurant. Elle pousse les portes du lieu après avoir jeté et éteint sa cigarette. On lui prends sa veste, et on lui demande si elle attend quelqu'un, sa réponse est négative, et on l'asseoir à une table. « pouvez vous dire à monsieur rowan de passer me voir. je suis certaine qu’il sera ravi de ma visite. » elle s'assoit et commande l'objet de sa venue. Dans d'autres circonstances surement aurait elle décidé de s'éviter une sortie au restaurant, mais ce genre d'envie ne s'envole pas malheureusement. Alors elle était là. On lui sert un verre de vin, et on pose à côté une demi bouteille de san pellegrino. Elle déplore de ne pas pouvoir fumer. Elle déplore une terrasse. Les américains manquent cruellement de terrasse et de patio à l'abri des regards indiscrets. Liberty en tout cas. Mais elle s'en accommodera si le tournedos qu'elle a commandé est à la hauteur de ses espérances.