elle est là, nur. elle est là et elle se fait entendre. sa voix se mêle à celles des autres, de ceux qui manifestent, hurlent à l'injustice dans ce monde de brutes. il y en a trop, beaucoup trop et il est temps que ça change. alors elle est là, nur. elle est là, entourée d'une centaine de personnes qui font entre leur mécontentement, leur désir de voir le monde évoluer, accepter la diversité. elle a le sourire aux lèvres, les yeux brillants face à un tel élan d'amour et de solidarité. blanche de peau, elle utilise ses privilèges pour aider les minorités. nur, ça lui a toujours tenu à cœur, dès le début de son existence. elle a vu maman se faire discriminer, insulter dans la rue pour porter les traits de la malaisie sur son visage et elle, elle n'a jamais compris. aujourd'hui, elle fait entendre sa voix parce qu'elle en a marre. elle a marre de voir des gens souffrir, mourir à cause de l'idiotie humaine. elle porte fièrement son t-shirt avec les lettres b l a c k l i v e s m a t t e r dessus, poing levé vers le ciel. on en a assez. avec les nouvelles lois, ce rassemblement est illégal mais nur, elle veut bien se retrouver derrière les barreaux si c'est pour pouvoir sa liberté d'expression à des fins solidaires.
– salut toi ! qu'on lui glisse joyeusement à l'oreille. nur tourne la tête vers la demoiselle à ses côtés, sourit de toutes ses dents. – hey, qu'elle répond, tout aussi heureuse. ça lui fait bizarre parce que quand elle s'attarde sur les traits de l'inconnue, il lui semble qu'elle ne lui est pas si inconnue que ça. – tu fais souvent des manifs', non ? et là, là, ça lui saute à la figure. bien sûr. les manifestations. – souvent, c'est le cas de le dire, nouveau sourire qui vient illuminer son visage aux milliers de tâches de rousseur. toi aussi, j'me trompe ? elle n'arrive pas à retirer ce rictus de ses lèvres et elle ne le veut pas. elle est heureuse, nur. heureuse d'être là. juste heureuse.