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Mer 14 Juin - 21:14
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craving wolves
≪ …but the truth is I am terribly weak. And I crave the balm of beautiful and soft things. ≫


☾☾☾


La faible lumière ricochait contre les murs fissurés. Le plâtre s’usait inlassablement, et avec le temps, il creusait ses propres petites tombes. D’étranges cicatrices s’étirant contre le plafond comme des félins paresseux. Haneul les regardait souvent, avant d’entrer dans l’appartement. Les observant, elle tenait de lire ces traces du passé, ces hiéroglyphes de l’usure et la pauvreté. Elle se surprenait même à se demander si son visage ressemblerait à cela, plus tard quand elle aura parcouru de labeurs ses années expirées. Puis se rappelait-elle qu’il fallait appeler le propriétaire des lieux, lui demandait  d’une voix mielleuse quelques réparations au moins, afin que le ciel ne leur tombe pas sur la tête subitement. Elle ne l’avait vu que deux fois. La première fois, caché derrière ses lunettes de soleil, lorsqu’il leur tendit les clés de l’appartement. La seconde fois quand il vint taper à la porte du voisin…porte d’ailleurs ouverte sur une télévision grésillant les restes d’un programme de nuit. Toujours ces mêmes sons sortis d’un écran qui embourbaient toutes les pensées du couloir. Celles que l’on pouvait avoir en descendant les escaliers, les courses à faire, le ménage et le linge qui attendaient. Celles qui s’installaient quand on cherchait son portefeuille dans un sac-à-main brouillon. Celles qui vagabondaient, comme des éclairs de lumière argentée…des réminiscences du passé. La télévision était le meilleur anesthésiant, c’est ce qu’elle s’était toujours dite depuis sa rencontre avec l’engin. Le docteur des cerveaux.
Ses doigts s’emmêlaient au métal froid de ses clés…une pour l’appartement, une pour l’immeuble, l’autre pour la cave commune où elle n’osait jamais rentrer par peur du noir tout simplement. De ce noir qui confinait et explosait sa cage thoracique, la laissant dénudée, asphyxiée…L’humidité embrassant ses poumons, moisissant ses membres et crachant ses vils maladies dans les pulsions de ses artères. Aussi délaissait-elle son vélo dans le hall du bâtiment. Personne n’en voulait, il était vieux et rouillé. Il allait surement la lâcher un jour ou l’autre, un soir ou un autre.
Il y avait les murmures crispants du sachet en plastique dont le contenu au feu atténué frappait contre ses genoux. De simples boites remplies de nouilles qu’elle avait pris sur le chemin du retour. Elle avait l’habitude de rentrer dans ce ramenshop, comme un phare lumineux dans ses nuits mouvementées, elle s’y échouait avant de commencer son deuxième service. Service à la personne qu’elle avait l’habitude de décréter lorsque Bungo le propriétaire lui posait ses questions exaspérantes. Celles qui avaient pour but de venir ronger l’intimité d’une personne, « de faire connaissance ». « Oh une infirmière de nuit ? Voilà un beau métier ! Ça doit être dur aussi, ma pauvre enfant. » Elle pouvait être l’infirmière des chairs, des reins, et d’une libido salie par de noirs désirs. L’infirmière des cœurs rouillés, lorsque, la tête posée contre sa poitrine, ils déversaient leurs chagrins. Haneul avait l’habitude de ces visages encadrés de nuit. Des traits familiers portant leurs drames comme tous les autres sur cette terre. Elle les voyait surement pour la première fois, mais elle avait coutume de penser que les créatures nocturnes étaient toutes reliées…d’une manière ou d’une autre, par les pulsations d’un calme astral. La jeune femme s’était arrêtée en chemin, par simple mécanisme, pensant que le réfrigérateur devait être vide. Parce qu’il le fallait. Parce qu’elle s’occupait d’estomacs criant la faim, et la rage aussi quelques-fois. La haine silencieuse se recroquevillant dans ses tripes à elle…fondant dans les ombres de son indifférence ambiante. Cette chose qu’elle laissait planer entre les quatre murs de pièces quelconques. Elle l’avait abandonné quelques minutes, lui, Jun, prise de cours par la discussion de Bungo à qui elle adressait sans cesse des sourires. Peut-être même une oreille attentive lorsqu’elle n’avait pas d’autres hommes à consoler, à cajoler dans des bras qui avaient l’habitude. Cette vieille habitude qui s’incrustait dans tous ses gestes, qui rendaient ses mots banals, ses respirations ordinaires…qui rendait son existence fade, un monochrome anthracite pendant sous ses yeux éteints. Feignant la marche quand ils étaient à l’arrêt, contemplant le canevas de son esprit.
Ses doigts tambourinaient contre les parois, trébuchaient aux recoins ronds, tant ses émotions la faisaient frissonner intérieurement. Troublant sa vision, sa raison incendiée à présent. Arrivant enfin à incruster la bonne clef dans la serrure, elle tourna l’engin sans pour autant ouvrir la porte. A la place, elle se retourna soudainement, ayant laissé échapper un soupir au préalable, dos à l’entrée. « Ne m’appelle plus jamais Haneul en public. » ses lèvres embrouillées d’un rouge atténué frissonnèrent doucement, laissant sa voix s’échouer contre lui et lui seul. Comme dans une intimité battante, dans une violence étranglée. Haneul l’exécutait toujours…sur la place publique de ses émotions, leur montrant ce qu’il arrivait lorsqu’on osait se montrer. Quand on déambulait la tête vide, remplie d’un liquide…d’une cervelle abandonnée à la chaleur déroutante d’un terrible soleil. Ça se finissait par trois coups portés au poitrail, et d’une flaque de sang écumant le sol en bois. Il faudrait nettoyer par la suite le carnage, et oublier le crime. « Tu sais que je n’aime pas ça. » Je ne suis plus Haneul avait-elle envie de rajouter. Elle n’avait jamais aimé ce prénom de toute manière. Elle préférait celui de sa jolie camarade de classe Naeeun. Le bonheur était dans Naeeun. Elle le portait à bout de bras comme un jour Haneul avait pu porter son panier rempli de nourritures à papa et au frère des rizières. La Naeeun était jolie et ne le savait pas. Sous sa robe de coton, jaunie par l’usure, ses formes fleurissaient doucement. La Naeeun ne savait pas qu’elle était désirée. Par tous les hommes, Papa disait qu’elle était bien belle l’enfant Park. La Naeeun, avec son visage d’ange, ne savait rien de tout cela. Et Haneul lui en voulait, de ne pas connaitre les tords dont elle était l’enchanteresse. La sauvageonne jalousait son prénom qui était vide de sens, tout comme la petite Naeeun qui faisait des ondes sur ses vêtements volages lorsqu’elle marchait. La Kim, celle à la peau tâchée de rousseur, aux pieds écorchés, aux mains trop rugueuses pour son âge, aux yeux trop profonds…reflétant les gouffres du battant déjà si avancé, n’était rien comparée à l’autre. Elle n’était que la boue qui tâchait les godasses à peine cirées, que le chat noir, celui des gouttières, qui tentait de vivre fébrilement des ombres. Elle fuyait à présent, toutes les nuits, l’enfant Haneul, celle-là même qui tentait d’enrouler ses mains contre ses poignets usés. C’était l’ancienne ou elle durant ces moments, et elle se choisissait toujours. Car qui était l’autre après tout ? Un rien-sur-pattes. Une chose déambulant sans passé, sans voix, sans opinion. Seira…Haneul…toutes les identités restaient en suspens comme des astres dans son esprit égaré, illuminant ses mensonges, sa tristesse, cette tornade au fond de son être qui ne pouvait être calmée par de simples attentions. Les émotions, elle ne les ressentait pas…antipathique. Derrière sa vitre, le monde bougeait et existait. Les enfants ? La reproduction. L’amour ? Une question. L’attachement ? Un piège. Oui tout le monde faisait les bonnes choses. Les bonnes conduites face à ce que la société désirait. On les perdait toutes…dans le silence de la vie, quand leurs voix ne retentissaient plus…on perd tout de toute manière. Et alors ? Qu’est-ce que la foule avait à dire face au cadavre d’un gamin dans les bras d’une mère ? Et alors ? La morveuse laissait les images…les visages se noyer dans les gouffres amères de son inconscient. Ses mains repoussaient avec crainte, dégoût, les corps qui s’échouaient contre elle, sous l’écume blanche des draps immaculés. Ses paupières se fermaient sur les frétillements qu’elle éprouvait, elle ne devait les ressentir. Elle étouffait le petit moineau sous un coussin, qu’il se taise le battant malin ! Elle allait migrer, et lui resterait dans le village ! Il crèverait sous la chaleur…ou se ferait emporter par le fleuve. « Et je me fiche de savoir que personne ne parle coréen là-bas. » Elle allait ouvrir la porte, laissant un faible espace, avant de se retourner de nouveau vers Jun. « Avant de rentrer, je veux qu’une fois à l’intérieur tu te taises. Tu as assez fait de dégâts comme ça, ça t’évitera de fauter une nouvelle fois. » Son regard était fixe, cherchant à capter celui du jeune homme comme pour décrypter ses pensées, serpenter dans sa tête et planter ses crocs dans son cerveau. Injecter le poison ultime de sa colère…de sa haine. « Si tu ne sais pas te tenir, tu n’as qu’à partir. Je ne te retiendrai pas, et Hansol non plus d’ailleurs. Tu pourras rester seul. Tout seul. » Ses mots rampaient hors de sa gorge, sonnaient comme des jappements féroces de hyène, des grognements de louve…pourtant toujours teintés de ce silence dérangeant. Elle disait tout et rien à la fois à chaque fois qu’elle ouvrait son gosier. A chaque fois qu’elle lui parlait particulièrement. Voilant son cœur qu’elle ne cessait de ravaler à chaque fois, sentant son poids peser dans tout son cou, le sang moussant à ses lèvres…colorant ses dents, s’incrustant dans ses gencives, dansant avec sa langue. Et parfois crachait-elle tout, dans une ultime requête…qu’on lui arrache cet organe, qu’on le prenne et le déchiquète devant ses propres yeux. Lui faisant dos une nouvelle fois, elle décida enfin à ouvrir l’appartement vierge de leurs émotions épuisées. Laissant rentrer, dans l’ombre de leur présence, une trainée de chimères dépareillées. Des disputes jamais éclatées, des paroles jamais prononcées, des battements…toujours sourds qu’on cachait par pudeur ou par fierté. Se doutant de la présence de Hansol dans le lit, elle retira ses talons et les jeta dans un coin de la pièce. Lieu misérable, faisant salon, cuisine et chambre à la fois. A sa gauche les draps, à sa droite les appareils, devant elle, sa précieuse table d’où se dessinait par la lumière délavée du corridor un vase et des fleurs presque épuisées. Ainsi qu’une pile de journaux. S’y dirigeant, elle y déposa le sachet et déboutonna sa chemise, se laissant simplement respirer en tricot de peau ; comme la gamine qu’elle avait été, les soirs d’été quand les bestioles venaient taquiner ses oreilles, mordre sa peau. S’asseyant, elle arrangea ses cheveux en une queue de cheval dérangée. Il y avait ces mèches qui s’enroulaient sur sa nuque humectée de sueur…ces perles de son eau de corvée. Il y avait ce parfum de jasmin qui n’était qu’un souvenir du début de la soirée, et toujours l’odeur de la nuit s’accrochant à ses vêtements. Prenant possession de son être tout entier. Elle portait le ciel nocturne en elle, dans ses bras, comme elle pouvait porter un nouveau-né. Tendrement, avec l’affection d’une mère nouvelle. Maladroite. Passionnée. Candide. « Viens donc manger tant que c’est chaud. A moins que tu ne décides de faire encore l’enfant. » Il y avait l’écho de ses cris qui se mêlait à la bestialité de Jun. La force de son corps, de son coude, quand il la repoussait de la bataille. Il y avait cette peur qui égorgeait Haneul. Ces bouts de vie que voyait défiler Seira.

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Ven 16 Juin - 1:42
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il avait été tellement simple de céder à l'animosité. de ne se fier qu'aux murmures d'un poing qui se dégaine. jun n'y avait pas resisté une seule seconde.
il avait aggripé l'homme qui s'était aglutiné à haneul, et l'avait tiré en dehors du club, improvisant une areine digne de sa colère. et les coups avait plu l'air de rien, comme une averse passagère, mais cette averse qui creuse la terre, celle qui s'abat soudainement, qui laisse entrevoir un déchirure dans les nuages. et jun c'était l'éclair, il frappait encore un peu mais n'avait rien de si lumineux. juste de quoi faire scintiller les jointures de ses poings d'un rouge clair. ça n'avait servi à rien, comme bien souvent, juste à se donner un rôle pour quelques minutes, feindre une quelconque importance.
rien n'a réellement d'importance quand on est prit dans une tornade de violence. même pas jun, qui n'a l'air de rien, et qui n'avait juste pas envie qu'haneul regarde quelqu'un d'autre comme elle le regarde lui, des fois, quand rien ne compte et qu'ils deviennent nocturnes à deux. mais ça n'était comme ça que lorsqu'ils daignaient se perdre un peu dans la nuit. de jour ou d'habitude, il n'y avait pas de ''eux deux'', il n'y avait pas de ''lui et elle'', il y avait ''toi'', et les regards armes à feu. parce que la colère avait une place plus importante que n'importe quelle autre chose, il fallait faire comme s'il n'y avait que ça, l'amour n'a pas de goût. lorsque jun eu finit de se sentir un peu vivant, les poids qui s'étaient accumulés dans ses bras remontèrent usuellement dans son cœur, histoire de l’ensevelir un peu.
alors, comme un enfant que l'on prévoit de punir, jun se contentait de suivre haneul, comme simple spectateur de sa routine. il l'observait et pestait mentalement, notant le nombre de sourires qu'elle lançait, établissant une liste complète des traits de caractère qui l'insupportait. ça ne servait probablement à rien, mais ça l'occupait, alors qu'elle se montrait toute fleur au commerçant, et que lui devait vêtir le rôle d'un animal de compagnie patient. et tout le long du trajet pour rentrer chez eux, c'était le silence qui régnait, toujours révélateur de la tension qui pouvait imploser à n'importe quelle seconde. il aura fallu attendre d'être devant la porte d'entrée pour pâtir des premiers signes de l'irrévérence d'haneul.
au premier soupir, jun avait pressentit le trombe de reproches qui allait lui éclater au visage. il n'avait pas la moindre envie de devoir subir celle-ci, il aurait juste voulu s'allonger dans un lit et s'y laisser dépérir pendant, au moins, quelques semaines. il devait hocher la tête, dire oui, oui seira, d'accord, oui, je le referais pas, d'accord, comme tu en as envie. et au final, il ne se sentait que de lui cracher toutes les menaces du monde juste par la vision.
heureusement que c'était haneul. avec ce visage construit sur-mesure, ce masque parfaitement ciselé dans un simili de marbre, taillé dans l'arrogance. heureusement que c'était elle. ses paroles et son ton baignés dans un glacial mépris s'infiltraient dans les veines de jun, les secouaient, les électrocutaient, alors qu'il en avait parfaitement l'habitude.
de toute sa vulgaire âme, de toute son existence, il haïssait quand elle commençait à lui parlait ainsi, quand elle s'agrippait d'une telle force aux talons qui la faisait reine. combien de fois, en seulement quelques secondes, il avait désiré la faire choir d'un seul coup de pied. mais il restait sage, il ne disait rien et se laisser marcher dessus, même si ses poings auraient pu se déchirer face à la tension qui prenait possession de son corps. ça tremblait, ça devenait rapidement insupportable, et en quelques secondes, il essayait de transformer toute la colère du monde dans un seul regard.
heureusement que c'était haneul, pas n'importe qui, pas n'importe quelle chose qu'il aurait simplement écraser contre un mur.
(pour qui tu te prends?) hurlait son esprit, alors que seuls ses yeux armés de revolver pouvaient transmettre sa frustration encore trop présente. (sérieusement, pour qui tu te prends, pauvre petite princesse?)
ça devait durer un peu plus longtemps, évidemment, il fallait qu'elle termine sa tirade et qu'elle se hisse encore plus haut. « comme tu veux. ça me fait pas peur d'être seul, moi. j'en ai rien à foutre. » détacha t-il finalement, approchant son visage du sien. il ne sait pas s'il le pense vraiment, parce que la solitude, c'est une ombre qui colle à la peau, qui l'arrache sans ne rien dire, sans se faire sentir. jun soutint son regard jusqu'à ce qu'elle se décide de finalement tourner les talons, pour s’engouffrer dans leur médiocre palace. détaillant sa silhouette pour la dix-septième fois de la journée, il claqua volontairement la porte derrière eux. il se débarrassa de la veste qui avait collé sa fatigue toute la journée en la posant sur une des chaises en piteux état, et se rendit rapidement dans la salle de bain pour asperger son visage d'eau, noyant le feu d'émotions enflammées qui commençait à s'étaler. il retourna presque calmement dans le désordre qui servait de salon, frottant ses poings, chassant ses maux dans le douceur de sa paume.
et, haneul, et ses mots qui s'entassent encore, comme si ça n'avait pas suffit. il la regarde un instant en haussant les sourcils. (fous-moi la paix deux secondes.) sans adresser la parole à haneul, il s'approcha d'hansol et le secoua. il n'avait aucunement envie d'être seul face au dédain. et même si son ventre suppliait la nourriture, il se serait retenu, du moins, il se serait forcé à nier la faim. laissant son corps s'écraser contre la chaise sur laquelle il s'échoua, il croisa les bras sur sa poitrine et ignora encore un peu visuellement l'existence d'haneul. qu'elle ose le qualifier d'enfant lui ressemblait parfaitement, ce genre d'audace lui était propre, et jun était défié en tout points. mais ce dernier valorisait le mutisme, s'il répondait, elle serait sûrement trop fière de l'étouffer sous des mots aussi exaspérant que "puérilité", ou "enfantillages". subitement, l'odeur de la nourriture s'empara de son odorat. ses yeux suivirent les mouvements d'hansol, qu'il considérait silencieusement. étouffant une nouvelle fois les flots de parole qui menaçait de brûler ses lèvres, jun ne dit rien, attendant que son ami d'enfance soit assit avant de faire quoi que ce soit. laissant les tiges de bois glisser entre ses doigts, il amena la nourriture jusqu'à sa bouche, ressentant la même satisfaction à chaque fois qu'il y goûtait.
une sorte de délectation quotidienne, quelque chose de réchauffé, rie de nouveau. une assuétude, qui s'accumule et qui donne parfois envie de frapper quelqu'un qu'on ne connaît même pas.
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Ven 16 Juin - 11:21
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[LA NOUVELLE VAGUE]
"icons by peculiar soldat"
hansol il rêve pas. pas vraiment. pas trop. pas assez. ou alors il se souvient jamais quand il ouvre les yeux, quand il revient ici, entre les quatre murs et qu'il percute l'espace existant. alors il se force, il essaie, même quand ça veut pas venir. il s'implante un décor, des personnages, il se la joue metteur en scène de ses propres chimères - c'est seulement quand il part dans le sommeil que tout s'éteint, que c'est noir de salle et que ça le gave, ça le frustre. il voudrait. voudrait des tas de choses. des mésaventures incompréhensibles, des situations stressantes, pourquoi pas lassantes. il voudrait, hansol. mais il rêve pas. il rêve pas et ça le fatigue encore plus qu'autre chose. il s'enfonce dans le matelas pas gigantesque mais suffisant, il s'enfonce encore plus, comme si c'était des sables mouvants, se roule bien dans la couette fine pour ressembler à un miasme dont on aurait oublié l'existence. il fait genre. il fait genre mais c'est un piaf de nuit qui existe qu'à travers les ampoules craquelées de l'extérieur et c'est presque pas normal qu'il soit encore là, à se prélasser, à sentir ses muscles fondre contre sa peau. il refuse de bouger plus, même quand il entend la porte, même quand il sent les pas s'approcher, s'éloigner, quand il sent l'odeur de la bouffe et qu'on vient le secouer. il réagit pas, joue au mort le plus fort et écoute que d'une oreille. y'a ce genre de silence un peu,
un peu sale, un peu,
un peu dégueulasse.
du genre qui prime une troisième guerre mondiale, de celle dont personne ne sortira certainement indemne. froncement de sourcils, les lions sont rentrés dans leurs cages et ça leur déplaît. il jette un rapide coup d'oeil sur le réveil pourrave qui traîne au sol. il est tard. il a du mal à lire les chiffres, mais il se fait assez tard et pas assez tard à la fois. pas normal qu'il entende deux rythmes totalement différents. il baille à s'en décocher la mâchoire, se retourne pour finir sur le dos, dévisage les compères. leurs visages frappés dans la glaise sont déformés, se traînent, se font face.
soupir.
lourd soupir.
hansol se redresse sur le semblant de lit, se frotte les yeux et passe une main malhabile dans sa tignasse pour la remettre un peu en place. il a un tee-shirt trop grand sur le dos, piqué dans une friperie qu'a rien demandé au seigneur pour une telle infamie. il se pose pas tout de suite les bonnes questions, il préfère se lever, s'étirer et faire craquer ses os.
- vous en tirez des tronches... ce sera jamais pire que dans la flotte. ce sera jamais pire que dans l'attente d'une nouvelle terre aux promesses d'allégresse. ce sera jamais pire que tout ça. et leurs tronches, leurs tronches là, c'est qu'un petit un sur l'échelle de l'effroi, sur l'échelle du désespoir croisé un beau matin. sa voix est rouillée, à hansol, il tousse un peu pour se dégager les bronches - à force de fumer. il jette un rapide coup d'oeil à gauche, à droite. toujours le même appartement. toujours liberty.
toujours pas de superbe baraque,
toujours pas de ticket gagnant.
- hm. le bout de sa langue passe sur sa bouche sèche, il rejoint la zone pentue et minée sans s'en prendre une en plein dans les pieds. il s'assoit entre, croise ses bras sur son torse. dévisage haneul. dévisage jun. refait le tour deux à trois fois avant de pencher sa tête sur le côté - début de torticolis qui s'annonce.
- bonsoir et bienvenue au conseil de guerre du... il essaie de se souvenir du jour hansol, il essaie. il y arrive pas. bref. bienvenue au conseil de guerre. monotone, sans teinte rouge ou orange comme celle d'haneul qui resplendit d'une chaleur à s'en contorsionner. sans trop attendre, l'accusation tombe sur l'autre, sur jun qui menace de refaire hiroshima et nagasaki.
- t'as fait quoi encore ?
faites l'amour, pas la guerre.
etc.
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Ven 16 Juin - 23:45
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☾☾☾


Il y avait des orbes de lumières qui imprégnaient sa vision à chacun de ses battements de cils. De pâles couleurs qui embourbaient ses souvenirs. Ceux-là même qui baignaient dans une étrange pellicule solaire. Il y avait la poussière solitaire valsant dans les faisceaux de l’astre, l’odeur de la terre s’incrustant dans ses narines. Et cette chose qu’elle avait appris à détester. Cette maison qui enfermait entre ses murs de silencieuses tragédies. Des amours oxydés. Haneul s’en souvenait parfois…soudainement, lorsqu’un parfum rencontrait le gaz de ses pensées, une étincelle réfléchissante. Maman les avait tous aimé de manière égale et sans aucune exception. Dans ce tous siégeait les crimes du frère, les effluves d’alcool du père, les troubles de la fille. Dans ce tous siégeait la famille universelle. Maman, comme toutes les mamans, avait un cœur engrossé par leur semence à tous. Il grandissait sans cesse en avalant leurs amertumes, leurs cris, étouffant les défauts. Et il prenait tout pour eux, telle une énorme muraille les protégeant de leurs vices-tornades ; il s’était épuisé ce cœur. Ils l’avaient épuisé.
Parfois Haneul se souvenait…de cet amour qui, semblable au terrible fleuve, ravagea les corps, dévora les cadavres, emporta les morts et ces mêmes mots qui s’étaient brisés. Il avait pris les morceaux, s’était crevé. Peut-être en était-elle morte, hurlant à la nuit tombée, le seul prénom qui était resté vivant. Maman était la racine même de cet amour destructeur…parce que c’était une femme, se disait parfois Haneul. Les femmes aimaient égoïstement. Elles s’aimaient parce qu’elles aimaient d’abord. Un homme, ou une autre femme, puis des enfants. Mortellement.
Jun avait peut-être raison…elle ne pourrait survivre seule, elle, parce qu’elle était une femme. C’était inscrit dans ses gènes. Elle était une femme qui aimait. Les hommes trouveront toujours une femme, ou un homme, ils ne comprennent pas cette avarice. Ce rapace qui vole dans toutes les poitrines. Peut-être avait-il raison.
Assise à la lueur de la nuit, seule à cette table vide, elle y repensait. Les images dévalaient son cerveau, le gorgeant de sensations, d’émotions. Des atomes qui collapsaient, qui se tournaient autour, de la chimie, simple et pure animant son être d’un ressenti vague et fugace. D’une nausée soudaine. Il avait claqué la porte, lui causant un léger sursaut et s’était réfugié dans la salle de bain. Elle ne pouvait lui en vouloir, elle aussi tentait de se quitter. De se fuir, sans cesse, courant dans la boue de sa noirceur.
C’était drôle comme maman avait été la cause de tout ça. De sa tête pensante et lourde, de son menton posé contre la paume de sa main usée, de son battant indiscipliné, de ses os qui craquaient doucement la paroi de sa chair. Un faible rictus passa le ciel de son visage à cette idée. Maman avait été la fautive. Depuis le départ, c’était elle qui l’avait poussé à se détacher peu à peu d’elle-même, de détester progressivement le toit qu’on lui avait offert, le pays qui l’avait vu naitre, le village qui avait résonné de ses pas pressés. Elle était l’unique coupable de ce palpitant qui aimait des étrangers. Et qui en cette nuit, se retrouvait seul à se dégouter de boites de nouilles.
Jun était revenu, tempétueux, soulevant sur son passage les draps et les corps. Secouant les tripes et les lèvres. « Tu devrais le laisser dormir. » prononça-t-elle sans aucune animosité, juste une banale vérité faisant frémir ses lippes. Epuisée se sentait-elle lorsqu’il s’assit devant elle, les membres chauffés de venin. De paroles qui résonnaient dans son crâne à en brûler les nerfs. Elle n’avait jamais voulu tirer la première…n’avait jamais voulu voir la plaie s’infester de sa rage bestiale. C’était comme si à chacun de ses coups, l’animal griffait de l’intérieur et s’immisçait dans le monde externe. L’enfant-fauve, avait-elle cousu sur une partie de son cerveau lorsqu’elle était plus petite. Parfois les enfants avaient des vérités brutes.
Et elle le fixait avaler son argent, à elle. Ce pourboire qui lui revenait de droit et qu’il avait coupé court dans son accès de violence. Il avait servi à les nourrir ce soir. C’était la moitié de ce qu’elle gagnait habituellement en une nuit. Quelques dollars glissés entre des mots doux, des mots trompeurs et surjoués, qu’elle usait avec raison et parcimonie. Un petit peu dans son rêve, un peu dans la survie, et une pincée dans la vie. Sous les néons du ramenshop avait-elle abattue la carte de la survie, avec une fissure de déception marquant ses traits. Attrapant dans sa poche de chemise son paquet de cigarettes, elle en prit une et l’enflamma à l’aide d’allumettes pour la porter à sa bouche. Pour voiler d’un masque anthracite la couleur de ses sentiments.
La silhouette du second étranger vint la tirer de sa vision. Simplement avait-il prit le juste milieu, s’interposant sur le front. Pavanant sa voix entre les tranchées, parlant de bataille ou de guerre. Il ne savait pas lui-même ce qu’il disait, s’amusant toujours de toutes les situations. Le vieux Bonwha, lui, connaissait la guerre et la fatigue. Il avait vu le désespoir lui creuser des tombes pour les yeux, des fossés sillant sa face ramollie par la vieillesse et la solitude. Il racontait parfois aux gamins ses histoires de bombardements et de fusils déchirant la voûte céleste. Et se rassurait de la chaleur humaine. Il avait vu sa femme se faire égorger. Sa fille mourut quelques-mois plus tard de faim, dans ses propres bras. Alors depuis son âge avancé, on le trainait dans le village, de famille en famille. On se le partageait comme une corvée espérant doucement qu’il ne s’éteindrait pas dans nos draps. Qu’il ne faille pas l’allonger pour la dernière fois, le coût en serait trop élevé pour n’importe qui. Pour un simple fou, un vagabond ayant perdu la raison…s’accrochant à sa seule bouée ; ses mémoires. On souhaitait qu’il soit fauché dans son propre lit, dans sa maison délabrée parce que plus personne n’était là pour l’entretenir. Peut-être qu’on pourrait l’oublier ainsi et s’en débarrasser. « Ne dis pas de bêtises, Hansol » sa voix avait pris une note plus grave, plus rauque à cause de la nicotine asphyxiant ses poumons. Attrapant une des boites encore chaudes, elle la lui plaça en face. « Tiens, mange un peu. Tu n’es pas obligé de tout finir, tu pourras te recoucher après. » Puis après quelques secondes d’hésitations, elle le lui présenta la troisième aussi. « Prends celle-ci aussi. » expirant doucement un amas grisâtre de son gosier, elle rajouta qu’elle n’avait de toute manière pas faim. « Il faut que je perde quelques kilo. » un petit sourire alors qu’elle replaça une mèche de cheveux blonds dans la tignasse argentée de l’aîné. Puis des paupières qui tombèrent sur sa propre main boursouflée. Gorgée de labeur, égratignée de souillure, Haneul détestait ses mains. Elle les trouvait horriblement vulgaires et en peignait les ongles pour se paraitre plus plaisante au reflet. Elle avait de petits doigts et la sécheresse embrassait sa peau entre les jointures ; des mains de travailleuse. Elle n’était pas née pour le luxe, on avait bâti sa carrure pour porter les paniers et les nourrissons sur ses hanches. Pour nourrir les bouches, et calmer les chimères. Pour porter l’odeur de la maternité et les vergetures de la grossesse. Alors se déconstruisait-elle, face à la télévision, suivant abruptement le programme matinal de gymnastique. Pour ressembler à une femme plus qu’à maman. Pour ressembler à Seira plus qu’à Haneul. « Je vais me préparer du thé. » se levant doucement de sa chaise, se retirant le plus tôt possible du nucléaire Jun, elle abaissa son visage sur la tête de Hansol, lui délivrant un baiser sur le côté de son crâne. Plongeant son nez dans les parfums chimiques de sa chevelure abîmée. Elle l’inspirait comme une brise nocturne. Il sentait le tabac aussi et le stress noyés dans un amas de confusion. Il sentait comme ces autres. D’autres histoires. Elle s’éloigna alors, pour ne pas les déranger et chauffa l’eau dans une théière, se prenant une tasse dans une mélodie de céramique. Retirant un sachet de thé vert, elle le plongea dans l’eau brûlante et attendit. Attente qui la fit dériver dans le regard de Jun, dans les évènements de plus tôt. Elle aurait voulu tout effacer, subitement. Elle aurait voulu que ceci disparaisse comme Bonwha. Pourtant ça bourdonnait dans son cerveau, empestant sa poitrine. Il fallait réparer les pots cassés, comme d’habitude. « Demain tu rangeras le linge, Jun. Puis tu laveras la vaisselle. Une fois ceci fait, tu iras présenter tes excuses au patron, et fais en sorte d’être le plus aimable possible. » Haneul s’occupera du client. George, un mécanicien du coin. On l’appelait par son prénom parce qu’il le souhaitait, ou par des surnoms cochons qu’elle devait feindre d’aimer. Elle irait se planter au seuil de sa porte, et si cela ne suffisait pas, elle plongerait son visage dans son cou humide de sueur. Il sentirait l’alcool et l’essence. Il sentirait une vie banale et inintéressante. Une vie seule. Les hommes trouvaient toujours des femmes. Et dans ces embrassades, Haneul se perdrait, puis tout serait oublié, elle en était certaine. Il fallait faire, ce qu’il fallait faire. Elle retira le sachet de la théière et versa le liquide brûlant dans le récipient, observant la buée se former contre les façades. Les perles ruisselèrent doucement et plongèrent entièrement. Le thé serait trop amer, elle le savait d’avance. Elle n’avait pas fait attention ni à la température, ni au temps. Puis elle se souvint d’un détail. Etirant son bras derrière le micro-onde posé sur le réfrigérateur, elle en sortit une boite. De chocolats exactement. De ces bons venant de Belgique, qu’on achète après une promotion. Haneul avait économisé pendant deux bonnes semaines pour s’offrir ces gourmandises dont elle raffolait. S’avançant vers la table, elle posa le précieux bien tout en se rasseyant, sa tasse trouvant aussi sa place. « Tu lui apporteras ça aussi, j’espère pour toi qu’il voudra de ta présence encore. Quoiqu’il en soit, si ce n’est pas le cas, tu chercheras immédiatement du travail en tant que balayeur, nettoyeur ou je ne sais comment tu préfères te faire appeler. » Avalant une gorgé de thé, elle continua sur le même ton monotone. « T’es plutôt doué pour nettoyer et récurer les chiottes, tu ne seras pas dépaysé comme ça. » Puis elle porta sa tasse devant le visage, pour en apprécier les arômes et la chaleur venant lécher sa peau. Ça lui rappelait ces temps anciens…Lorsque l’haleine chaude des ciels d’été explosait à son corps étendu sous un arbre. Lorsqu’elle sentait les baisers de l’ombre rafraichir sa chair ébouillantée, et les insectes chanter. Il y avait aussi les cris au loin, d’enfants amusés, que le vent venait lui rapporter par vagues. Ca moussait contre elle, tous ces sons futiles pourtant quand elle se relevait et retournait aider son père et son frère dans les rizières. Maman avait toujours peur. Elle l’observait s’enfoncer dans l’eau terreuse jusqu’aux genoux et en rire amplement avec la joie brute. Papa venait la chercher et lui indiquait du doigt les choses dont elle devait s’occuper. C’était drôle parce qu’en vérité, il ne faisait que lui combler son temps…qu’elle se sente un peu importante. Puis quand elle retournait sa tête, maman était déjà partie s’occuper du dîner. Ils rentreraient tous le soir, Haneul abusant des épaules fatiguées de son frère. Puis dans l’ombre de leur silhouette, papa noierait déjà dans son cerveau la misère par coups d’alcool.
Elle ferma les yeux, profitant encore un peu du soleil de sa terrible contrée. Et quand elle fermait les yeux, elle entendait tout finalement. Tout ce dont elle ne se souciait guère en temps normal. Elle entendait la respiration lente de Hansol, les mâchouillements pénibles de Jun, ses propres gorgées, les vrombissements des voitures dehors et toujours ce grésillement maladif de la télévision voisine. Ces pulsations de petites vies. On oubliait sans cesse que l’on vivait. Par simple habituation. Parce que ça ne ressemblait pas aux vies filigranes des films. Parce que ça n’était plus surprenant de vivre. On vivait en traversant une route, en fermant une porte, en se lavant les cheveux. On vivait, là encore, respirant, se noyant de pensées. Parfois on se surprenait à être là, présent, au détour d’un couloir, d’une rue, dans le reflet d’une vitre. Haneul voulait être surprise, toujours. Horrifiée de ce corps qui ondulait sous ses respirations. De cette bouche qui tremblait de mots indécis. Et puis comme un nouveau-né, pleurer des sanglots de violence, d’existence.


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Dim 18 Juin - 20:57
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il ne savait pas vraiment quand est-ce que ça avait débuté, cette haine naturelle pour tout. probablement entre les griffes acérées de sa mère, qui frôlaient sournoisement chacun des membres de son corps. il suppose que la première chose qu'il a officiellement détestée, c'était la voix de l'étrange femme, qui éclatait dans ses tympans, à n'importe quel instant. il ne sait pas trop, parce qu'à cette époque, tout était sali par des colères qu'on ne peut pas peindre, qu'on ne peut pas écrire ou raconter, parce qu'on est trop petit pour pouvoir les exprimer. parce qu'on n'a pas l'âge pour détester. alors elles grandissent, les colères, sont forme d'ombres anonymes, elles prennent de la place, s'étalent, jusqu'à saisir complètement l'être qu'elles dominent. elles grandissent encore, et seront encore là des années plus tard, tapies sous la peau, prêtes à se déchaîner.
jun, il essaie comme il peut. il n'aime pas dépendre d'une émotion si fulgurante, si négative. ça fatigue, la rage. alors il se focalise sur hansol, hansol et son air encore un peu endormi. il trouve quelque chose d'apaisant dans son existence. sa voix, ses yeux. son détachement naturel pour tout ce qui est en train de se passer. il pose sa question, est jun s'apprête à répondre tout de suite, le ''encore'' l'irrite sincèrement, comme beaucoup d'autres choses dans cette pièce, mais ça va, c'est bon, il peut y arriver. il veut parler, mais la voix d'haneul le pousse en arrière, le fait reculer de deux trois pas et l'incite à garder ses lèvres scellées. elle sonne comme une mère, mais quand ses mots visent hansol, il y a cette douceur. cet aspect attentionné. un contact, du bout des doigts, qui traduit une quelconque affection. et jun regarde brièvement, silencieux, puis se remet à mâcher, parce qu'il n'a que ça à faire. il entend l'annonce de la jeune femme, et ça le fait hausser les sourcils, non pas de mépris, ni d'inquiétude, mais quelque chose qui se situe entre les deux. jun sait bien que ça n'a strictement aucun sens de dire de telles choses. il n'est pas idiot, il a déjà trop laissé ses yeux rouler sur la silhouette d'haneul pour approuver ses propos. et si elle n'était pas si têtue, il lui donnerait sa nourriture, la forcerait à engloutir les trois portions, et ils n'auraient plus à en parler.
mais ça ne se passe pas comme ça, ici. on se tait et on fait comme si ça allait. et quand plus tard, on subira l'horrible sensation que quelque chose est brisé depuis des mois, on fera semblant d'être surpris, comme si les cœurs n'étaient pas détruit.
jun tait son esprit. à peine a t-il eu le temps de faire le vide dans son crâne que le ton d'haneul, évidemment bien plus sec, vient s'y infiltrer. d'accord, peu importe, il fera les tâches ménagères. il inventera des sourires préparés quelques heures à l'avance, il fera exactement comme elle dit, sinon, ses serres s'enrouleraient autour de son cou, encore plus fort. et il aurait du mal à s'en défaire.il ne hoche pas la tête, le regard dans le vide. il n'a pas vraiment envie de s'excuser, il n'a aucune excuses à présenter. pardon de m'être comporté comme je le suis vraiment. pardon, désolé, j'ai dérapé, mais je ne le regrette même pas. pardon, je vous déteste profondément et je n'ai pas envie d'être hypocrite.
non, ça n'est sûrement pas comme ça qu'on s'excuse. peu importe. il trouvera.
jun baissa son regard sur la boîte de chocolat qu'haneul posa sur la table. oh, il aurait vraiment aimé s'en emparer. rien que d'imaginer la forme, le goût, et l'objet fondant sur sa langue, il sentait ses mâchoires reproduire la saveur sucrée. ça n'était, évidemment, pas pour lui. et puis, ses yeux revinrent à haneul. fusillade. vraiment, il essaie. il essaie de ne pas s'enflammer, mais ça lui semble vraiment impossible. il se concentre à toute vitesse, une déflagration dans son esprit, il pense à des choses qui seraient susceptibles de le calmer, mais il n'y, strictement, rien du tout.
il n'a même pas le sentiment qu'hansol est à côté de lui.
« t'as même pas à me parler comme ça. je sais vraiment pas pour qui tu te prends, haneul, seira, ou n'importe quel prénom qui te donne l'impression d'être quelqu'un d'autre. » cracha t-il en éclatant ses yeux contre les siens. ça n'est pas juste, se dit-il, intérieurement. ça n'est pas juste. « mais tes ordres et ton auto-proclamée autorité, que tu balances dans la pièce comme si t'étais une putain de princesse, ça me donne juste envie de vomir. » il ne se lève pas, même si il en brûle d'envie, même si il aurait voulu attraper sa tasse de thé et l'éclater contre le sol. il se contrôle. il se maîtrise, ou il fait semblant d'y parvenir, encore un peu. il reste fixé à sa chaise et termine son repas. ses membres trembles, ses muscles se tendent tous, le feu traversent ses veines et lèche sa peau.
jun ne se souvenait pas quand est-ce qu'il avait commencé à détester les choses. mais dans ces moments, ça lui semblait tellement évident. ce décor, ridicule, mis en place maladroitement. cette ville, et ces gens, et ce goût âpre qui reste dans la bouche. le bonheur prémâché, et les souvenirs qu'on se détruit à construire. et puis, le passé, redoutable et câché dans chaque élément de la routine. et jun, qui a peur, parce qu'il sait que le vulgaire équilibre qu'ils ont crée à trois manque de s'effondrer à chaque seconde. et l'impression que c'est juste de sa faute, à jun, si les autres sont malheureux.
foutue violence.
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Dim 18 Juin - 21:25
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[LA NOUVELLE VAGUE]
"icons by peculiar soldat"
et que ça braille, et que ça lance une pique, et que ça laisse pas ne serait-ce qu'une seconde à l'autre pour en placer une. des gosses. des gosses qui viennent se plaindre chez la maîtresse d'école et qui continuent leur querelle sans qu'y'ait eu moyen de regrouper les morceaux de puzzle ensemble. alors hansol il reste attentif, il bouge pas de sa chaise, il regarde la féline se redresser, lui intimer un ordre et continuer dans sa débandade de compliments houleux à l'égard de jun. alors il se fait un petit plan dans sa tête, il retrace les évènements et en soi faut pas être un big genius pour piger que dans l'histoire c'est monsieur qu'a chié dans la colle plus que madame. elle, elle est irréprochable. haneul c'est comme cette gamine parfaite qui s'acharne au piano et qui se prend une baffe quand elle se loupe d'une note sur la fin, quand elle se relâche. parce que se laisser aller, c'est un truc qu'elle connaît pas, qu'elle connaît plus, qu'elle sait plus comment aborder et dompter. elle flippe. c'est la courageuse apeurée, c'est la dépitée d'un possessif qui sait pas comment retenir ses poings. y devrait l'attacher hansol, choper une chaîne et l'enrouler autour de ses poignets. il saignera, il aura mal, il râlera pas mal aussi, mais ce sera pour son bien - pour empêcher un massacre, une psychose générale qui leur tourne autour de la tête. pour pas y retourner. pour pas filer et se prendre un couteau en plein dans le front. il fronce les sourcils, regarde tout juste la bouffe qui s'étale.
donc. il retient des mots.
des clefs ; pardon, chocolats.
d'autres ; excuses, tu feras.
et pour finir l'ultime provocation qui sort jun de sa zone de confort. ça lui fait grincer des dents et pousse un soupir. il s'est battu, ça a dégénéré sévère au point qu'elle ait été foutue dehors - sans pour autant être renvoyée, faudrait pas dire à une déesse qu'elle peut pas rester dans son temple. il réplique, hansol il a un tic qui se met en place, il chope le genou de jun sous la table, appuie un peu dessus pour pas que ça parte en lattes, pour pas que ça se finisse en soap opéra dont une américaine s'en rongerait les ongles, en rirait, en pleurerait. y'a à la fois et l'un et l'autre, c'est tragi-comique, c'est pitoyable et logique. il jette une oeillade vers haneul.
- j'ai déjà mangé, t'inquiètes. toi t'as la peau sur les os alors cherche pas à me prendre pour excuse. il y joint un sourire de coin de lèvres. la voix elle reste posée, elle peut pas aller plus haut sinon ça servirait un rien. c'est plus un conseil de guerre, c'est une proclamation sous les étoiles. ça le fatigue encore plus. il entend le pieu le rappeler de vive voix, il l'ignore - parce que ça se fait pas d'être égoïste en famille. BON. il serre encore, relâche le jean vieillot puis étire ses longs bras avant de caler ses paluches sur l'arrière de son crâne.
- primo ; haneul, that's not cool le p'tit commentaire de fin sérieux, on dirait t'sais une pompom girl qui s'énerve envers la nouvelle du bahut trop creepy. c'est pas c'que j'dis hein, mais tu vois l'idée. et quand il s'y met hansol, il parle beaucoup. faut croire que liberty ça lui fait un effet d'excitant directement dans les nerfs et que ça le pousse à pas trop rester dans son coin, pas avec eux en tout cas. deuxio ; seira, haneul, whatever elle peut être qui elle veut ici dans l'fond qu'est-ce qu'on s'en cogne de comment je m'appelle. tant que c'est pas mindy ou cindy ou... j'sais pas. ça m'va. il reste positif. à pas trop comprendre les raisons. faut dire qu'hansol il est plus du genre à s'enfoncer qu'à s'en sortir, il caresse dans le sens du poil, il prend parti et il essaie pas d'arrondir les angles. mais c'est pas pareil. c'est jamais pareil.
ça le sera pas.
il peut pas être déprimé. c'est deux morveux lâchés dans une cour qui se lancent du sable sur la gueule, lui son but c'est qu'ils finissent pas aveugles.
- et jun tu es COUPABLE. en tout bien tout honneur j't'évite les travaux d'intérêts heu... généraux. inspiration quand elle arrive à le posséder. il reprend une mine plus ou moins sérieuse - sans trop y arriver. je vais pas en rajouter une couche. mais haneul, j'pense qu'il a compris. et si c'est pas le cas... la prochaine fois j'te marave, right ? tête penchée sur le côté, il se redresse mollement et part à peine plus loin pour trouver son paquet de cigarettes sur un meuble. il en reste deux. faut pas qu'il tarde à en chercher.
- on se caaaaaaalme, on inspire, on expire. pensez à vos chakras et vice-versa. les clients vont pas apprécier si t'as une tête de sorcière haneuli. moi non plus d'ailleurs. le briquet fait jaillir une flamme, il allume, il laisse la fumée végéter dans ses poumons. le pied total, le pied complet. il la sort par le nez. il sourit encore, hansol.
la vie elle est belle pourtant,
nan ?
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Dim 18 Juin - 23:50
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craving wolves
≪ …but the truth is I am terribly weak. And I crave the balm of beautiful and soft things. ≫


☾☾☾


Les grésillements des insectes résonnaient dans ses artères. Ils faisaient vibrer leurs ailes filigranes sous son cœur abondant de maux. Elle y rangeait ses tranchantes désillusions, ses étouffantes colères, ses turbulentes tempêtes…Elle y rangeait les flammes de ses passions interdites, de ses noirs désirs consumant sa chair. La calcinant, cramant sa peau…ne laissant d’elle qu’un souffle hanté d’amour. Une combustion subite menaçait de se déclarer lorsqu’elle plongeait dans leurs yeux. Illuminée de leurs regards rapaces, leurs regards voraces, elle dansait pour survivre. Se dépouillait de tous les poids sur son dos pour avoir un semblant de plaisir. C’était matière à user de son temps affreusement éternel, de le gâcher en futilité, en jeux étranges qui la perdaient dans le sein de la nuit. Contre cette mamelle à laquelle elle s’accrochait, semblable à une enfant, les paupières lourdes de chimie sentimentale. Haneul vivait la nuit, et une partie du jour. Elle s’endormait quand le soleil était trop haut ou trop bas ; une vie déréglée c’est tout ce qu’elle collectait au final. Elle préférait les soirs aux matins ou après-midi, parce que le vent y était plus vivant. Il pouvait la gifler sans qu’elle ne bronche, emmêler ses cheveux, les attraper et les tirer, faire pleurer ses yeux par sa délicieuse violence. Brouiller son visage de rouge et de bleu, la faire oublier dans ses bras froids et distants. Elle s’oublierait contre lui. Inspirant son parfum sauvage, ces autres odeurs qu’ils ramenaient d’autres corps, d’autres existences avec lesquelles il s’amusait aussi. Elle le remerciait à chaque fois. Elle le remerciait de faire couler ses larmes épuisées. Ces mêmes larmes qui ne trouvaient plus la force de rouler par elles-mêmes.
Haneul était faiseuse de silence. Tissant de ses doigts des mots morbides qui assassinaient d’un coup d’aiguille le battant de tout son, toute voix. Rien ne vibrait dans la pièce, si ce n’est ces insectes penchés au-dessus de la marre de ses souvenirs. Maman était dentellière, quand elle avait encore du boulot. Quelques pièces lui roulaient des paumes et servaient à leur préparer de bonnes soupes à base de riz et de pousses de soja. Puis parfois, quand les cris devenaient trop perturbants, elle trompait ses enfants en faisant une toute autre soupe. Une soupe aux cailloux…et elle leur disait que le repas était bientôt prêt. Les enfants s’épuisent très vite. Ils finissent par porter leur attention sur autre chose que la bête terrible ravageant leurs tripes asséchées. Ils s’endormaient dans la crasse et les pleurs. La morve et la faim. C’était la crise, que papa disait tout simplement, on y pouvait rien. On ne faisait rien. On s’allongeait au sol et on attendait. Le courant du temps n’avait jamais été rapide dans les veines de la famille. Il avait cette langueur terrifiante et creusait des sillons de désespoir dans leur cervelle ramollie par l’été. Il tirait sa faux lentement sur leur visage dépité, sur leur corps souillé de fatigue et de sueur. C’était la crise. On n’y pouvait rien, alors on regardait les cadavres se faire transporter hors des maisons doucement, sans un bruit pour ne pas éveiller de nouveau la mort. Elle frappa tout de même chez les Kim. « t'as même pas à me parler comme ça. je sais vraiment pas pour qui tu te prends, haneul, seira, ou n'importe quel prénom qui te donne l'impression d'être quelqu'un d'autre. » C’est pour oublier les Kim, qu’elle se prenait pour Seira. Pour cette fille qu’elle voyait dans les magazines, dans les séries télévisées, au détour d’une rue, dans le visage d’une autre. Autre qu’elle et sa face coréenne. Et sa petite silhouette. Et ses mains horriblement usées. Et ses yeux perdus et vides.
Dans le reflet du miroir, ses cernes reposaient. Les doigts brûlés par sa tasse, elle la déposa sur la table, lentement sans geste brusque. Comme par peur de briser quelque-chose…en elle. Son calme haletant. Son joli minois. Parce que c’est seulement ça qui importait, la beauté qu’elle aurait pu être, ou pouvait être. Les garçons n’aimaient pas les filles qui parlaient trop et réfléchissaient trop. Les garçons ne comprenaient pas ce que c’était d’avoir une envolée d’oiseaux migrateurs dans sa poitrine. De n’écouter que les bruissements de leurs ailes et rêver d’ailleurs. Elle suivrait alors leurs traces effacées. N’ayant pas peur de se perdre en chemin…de toute manière, il n’y avait jamais rien eu de concret dans ses démarches, rien de normal, juste de l’air…du vent. Et elle s’en irait avec, comme en cette nuit de fuite. Elle ne savait faire que cela : abandonner et fuir. Si bien que parfois se surprenait-elle à ranger ses affaires alors que les autres habitants de son cœur n’étaient plus là. Les ranger avec cette envie furieuse, cette gangrène qui l’avait prise là-bas dans le village, et qui l’avait poussé à tout quitter sans même regarder en arrière. Son cerveau était malade, elle en était sûre. Il y avait du plomb à l’intérieur qui le tirait vers les bas-fonds de ses sales pensées. Ces trainées de pensées et de mots qui faisaient mal à tout le monde.
Il y avait sans cesse une guerre civile contre elle-même, une révolution, et elle attendait que sa tête tombe. « mais tes ordres et ton auto-proclamée autorité, que tu balances dans la pièce comme si t'étais une putain de princesse, ça me donne juste envie de vomir. » elle avait envie de rire et de recracher toute l’amertume de son thé. Elle ne fit que sourire à la provocation. « T’es pas obligé de le faire. » déclara-t-elle dans un ton des plus neutres. « Non, personne ne t’a jamais obligé à faire quoique ce soit. T’es grand. Tu sais très bien te gérer. » elle n’avait jamais imposé son autorité, ils la prenaient eux, parce que c’était plus simple que de réfléchir par eux-mêmes. Que de faire l’effort de penser pour soi, on se donnait aux ordres d’une autre personne. « Je saurai me démerder, j’ai pas besoin de toi ou de qui que ce soit dans cette pièce. Si t’as pas le courage de présenter tes excuses, il suffit de me le dire et j’irai les faire à ta place. » Il y avait ce monstre en elle, ce chaos impénétrable qui cancérisait toutes ses cellules. « Si tu veux ni faire la vaisselle, ni le linge, je le ferai aussi. » Juste rappelle-toi qu’on vit en groupe et que rien ne tourne toujours autour de toi. Voilà ce qu’elle avait envie de lui cracher à la face. Parce qu’il se comportait comme un soudain savant, un espiègle rebelle qui se déchainait contre une quelconque royauté. « D’ailleurs… » elle allait rajouter quelque-chose lorsque Hansol se mit à parler…assoupi encore sur sa chaise, administrant par sa figure des doses d’anesthésiant. Et il avait l’air tellement détaché…comme toujours, à regarder cette scénette pratiquement quotidienne comme si c’était un feuilleton à la télévision. Ca l’agaçait. Cette paresse dans ses sentiments... - on se caaaaaaalme, on inspire, on expire. pensez à vos chakras et vice-versa. les clients vont pas apprécier si t'as une tête de sorcière haneuli. moi non plus d'ailleurs. Elle s’adossa à sa chaise finalement. Cette fois-ci elle en ria…elle pouvait en rire aux éclats mais ça n’était que ce genre de rire dépravé d’humour, rempli d’incompréhension, de points d’interrogation, de questions multiples. « Les clients viennent pas pour ma tête. Et elle n’a aucun rapport avec le sujet. » Croisant ses bras sur sa poitrine, elle sentit sa queue de cheval fouetter sa nuque brusquement. « D’ailleurs rien de ce que tu as dit ne règle le souci. A la fin de toute cette merde, Jun ne s’est toujours pas expliqué sur son comportement. » Il ne montrait même pas une once de regret cet animal. « Tu sais même pas ce qu’il a fait. Tu ne sais rien. Pourquoi tu ne manges pas simplement et pars te recoucher, hm ? » La pluie s’abattait dans son cœur. Cette pluie des chaudes nuits d’été qui réveillait la maisonnée de la famille et embrasait les sens de millions de parfums. Haneul se précipitait dehors par ce temps, alors que Maman lui hurlait dessus, à cette sauvageonne. Et elle laissait les gouttes transpercer sa chair, ronger ses os, désintégrer sa personne. Elle la sentait partout, dans ses cheveux, remplir son crâne, ses narines, entre ses cuisses…elle la sentait ruisseler, et puis lorsque le tonnerre retentissait, le ciel tombait en des millions de grains de sable assommant ses membres. La peine ne l’effrayait plus. Elle l’avait emprisonné dans son battant…Il crèverait sous la chaleur…ou se ferait emporter par le fleuve. Comme la petite fille de quatre ans…et son plumage n’en sera que boueux, quelle sale vermine. Ce cœur.  « Si je comprends bien, d’ailleurs, on va juste ignorer le fait qu’il est peut-être sur le point de perdre son boulot. » Maman l’avait perdu. Y avait les soupes aux cailloux après. « J’ai l’impression d’être la seule ici » elle aurait pu arrêter sa phrase ici. « à penser aux conséquences de tels actes. » Haneul ne jouait jamais à la grande. Ca n’était pas sa faute à elle, si elle était devenue femme trop vite. « J’ai l’impression que ça vous arrange en fait, de ne penser à rien. De se laisser faire. Se laisser aller. » Elle aurait souhaité ne jamais les connaitre…eux et l’autre, l’Amant. Ceux-là même qui la tournèrent en cette chose roulant des hanches pour plaire, battant des cils pour soupirer de plaisir, avoir ce désir insatiable de dévorer les corps et s’engouffrer dans leurs bras. « Ouais, de toute manière vous avez rien à craindre, vous avez qu’à vous asseoir là et vous saurez que Haneul arrangera tout. » Oui, elle aurait préféré mourir sur le sol en bois de sa maison quand elle en avait encore le temps. Mourir lorsque, en descendant les escaliers, elle aperçut la flaque vineuse de sang que Maman s’efforçait de nettoyer. Puis mourir quand on rassembla le village pour sa première exécution publique.  « C’est Haneul qui va faire à bouffer, c’est elle qui va ranger, c’est elle qui va se charger des courses, et de vous trouver un peu d’amour quand vous en aurez envie. » Puis c’est elle qui va présenter son cul en digne d’excuses aussi…mais ça, elle le taisait parce que ça faisait mal mine de rien. Parce que si elle l’annonçait à voix haute, ça ne causerait rien. Rien qu’un silence encore plus profond, encore plus dérangeant, égratignant sa peau. Rien que le son sourd de son palpitant vivant…Et elle le remplissait encore, comme une jarre déjà pleine, de sentiments, de non-dits, de souvenirs…Elle le regardait comme un corps jeté à l’eau, incapable de nager, buvant les vagues, se gonflant d’écume. Elle se demandait si elle allait le recracher un beau jour. Il serait là, au milieu de la table, tel un poisson asphyxiant à l’air libre. Il s’asphyxierait de leurs iris à eux. Haneul deviendrait plus pâle encore, le sang ruisselant le long de son menton, tâchant ses mains qui s’arracheraient les ongles. « C’est votre putain de problème. » m’étouffer sans cesse…me laisser dans le fleuve. Peut-être qu’au fond ils auraient dû le faire. Jeter son être et la voir disparaitre. Ça n’aurait duré que quelques secondes, qu’un petit moment avant qu’ils soient débarrassées de son poids ignoble. Peut-être qu’elle n’aurait même pas crié, ou pleuré. Peut-être qu’elle se serait laissé faire, parce qu’au fond elle aussi souhaitait parfois retourner dans le rien du ventre de sa mère. Ne jamais en sortir…sous le courant apparent, elle aurait retrouvé le calme des eaux maternelles. Puis elle les reverrait tous, dans le noir de ses paupières. La famille Kim. Elle n’aurait pas besoin de leur demander pardon, ils comprendraient les vices de l’esprit qu’ils ont créés.  Ils n’auraient pas besoin d’excuses, eux. Elle regarda Hansol. Elle observa cette fumée envelopper sa tête d’un bandage grisâtre. Elle avait envie d’y poser sa main. De l’enfoncer sur ce visage rieur et de le voir s’épuiser de sourires. De faire peur aux volages vapeurs de nicotine, qu’elles s’effacent sous sa chair. « Quand est-ce que tu vas te réveiller ? » ça n’était plus véritablement un reproche. C’était Haneul. Plus Seira. Plus les autres. Juste Haneul, la petite Haneul à la robe jaunie par la chaleur et l’usure. On a besoin de toi, avait-elle envie qu’il traduise. Jun est fatigué et moi, j’ai besoin de toi.  

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