le ciel est noir. l'appartement aussi. une guirlande de noël survit au dessus de la fenêtre. la lumière est bleutée, comme si elle passait sous un filtre d'eau. c'est jolie et cette lumière apaise nelya dans ces soirée là.
devant elle un tabouret lui sert de table basse, il y en a pleins, d'ailleurs,éparpillés autour du canapé et de ce beau fauteuil où pour être confortable il faut s'asseoir en foetus. nelya est en boule dans celui-ci. il faudrait qu'elle se relève, pour rouler son joint qui l'attend. elle a la flemme et l'esprit déjà embrumé, un deuxième ne lui ferait pas de mal, pourtant il risquerait de l’assommer. elle a rendez-vous, elle ne doit pas dormir. elle pourrait la voir dans ses rêves, sans même hésiter. elle la verra, c'est sur. lorsqu'elles ont rendez-vous, elles se revoient toujours.
la musique tourne en arrière-plan, et en attendant elle traîne sur internet.
comme si elle pouvait tomber sur une autre, une plus jolie. pourtant elle l'attend, son rendez-vous de minuit, du milieu de la nuit.
nyx est connectée et attend.

toujours la même habitude. dans l’appartement partagé avec luz (courbes affriolantes qu’il faut oublier) et cash (le regard noir, la virilité agaçante, le ton bourru), une fois les lumières éteintes, une fois la porte de la chambre verrouillée…
l’écran qui illumine la pièce. lumière tamisée de la lampe de chevet allumée. les ongles bien ronds qui tapotent sur le clavier, la pulpe des doigts qui connaît l’emplacement des touches par cœur.
et le login. et le nouveau mot de passe.
et les inconnus qui se connectent en espérant qu’elle se déshabillera bientôt, vite ou pas, peu importe tant qu’ils peuvent voir la peau laiteuse. tant qu’ils peuvent voir un corps sans visage sur lequel s’aimer en solo.
elle regarde les connectés du moment, et y’a un pseudo qui accroche son œil.
nyx.
la nyx. sa nyx. la personne a qui elle a parlé pendant de si longues heures, celle à qui elle s’est confiée, celle a qui elle a tout raconté.
celle qui n’a pas tardé à l’abandonner. qui a arrêté de passer. celle à cause de qui luz est redevenue un simple corps-objet qui se dévêtit incessamment devant des yeux graveleux, des yeux crapuleux.
alors elle a la rage qui palpite en son sein. alors elle en oublie les vêtements qui entravent la vision des habitués, des envieux. elle débute une conversation privée, arrête la webcam qui clignotait.
« salut, ça fait longtemps. »
elle assène. y’a pas de smileys, y’a rien. luz, elle a pas envie d’être douce.
« c’est bien toi ? »
qu’elle demande. et elle renvoie directement après (parce qu’elle a pas l’temps d’niaiser).
« j’demande hein parce qu’après autant de temps sans s’parler… j’y croyais plus trop. »
elle bombarde. luz, elle attaque toujours. elle a été tellement blessée de plus voir nyx, d’avoir ses messages sans aucunes réponses… vexée d’avoir été oubliée. nyx s’est lassé de voir la peau dénudée. mais luz elle est persuadée que c’est sa nyx. parce que personne s’appelle jamais comme ça. parce qu’elle le sent, au plus profond d’elle-même… même si son intuition, c’est plutôt d’la merde d’habitude.