[a lot on my mind]

quand ton coeur s'immole à la vue de la naiade. quand l'opalescent rideau de ton âme s'embrase sous les baisers de la nymphe. ta nymphe. elle te détruit doucement. tu la laisses faire. tu la détruis violemment. elle s'enfuit. puis tu te perds dans les mille solutions cherchées pour la retrouver. aphrodite t'as maudite et le battant erre à la recherche d'une note perdue sur la partition de vos soupirs.
dans tes enfers tu collectionnes la joliesse des visages croisés dans tes rêves d'éveillée. tu la dessinais, t'en souviens-tu? les traits de son visage tapissait tes par-terres de papiers à croquis. puis tu as arrêté alors l'âme de ta muse s'est enfuie. le froid envahi tes membres lorsqu'elle disparaît trop longtemps; il fait hiver au-dedans et les rosiers à la surface se fanent.
meutrière, tu décoches les flèches de ton carquois pour les loger dans les coeurs des vilain(e)s qui t'ont trahie. es-tu toi même, chasseresse, gardienne de chacun de tes actes et mots? te crèvras-tu le coeur lorsque ta nymphe te trouveras dans les bras d'autres tout comme tu as crevé le sien lorsqu'elle s'en est allée un peu trop loin?
ton coeur se brise et t'en redemandes. la malédiction n'a pas suffi, tu regardais ton ravisseur droit dans les yeux lorsqu'il crevait, le coeur percé par ta lame, par tes larmes. et le regard pétrifié de ta victime demeura sur le tableau de ta vie d'avant. les hommes t'écoeurent; ils t'ont toujours écoeurée. non tu ne pourrais jamais t'éprendre d'un mâle; juste t'abandonner un peu dans leurs bras. pas trop. jamais longtemps. et t'as vu quelques coeurs s'arrêter et tu veux en revoir. t'aimes jouer avec le rythme des battants pendant que le tien étouffe sous le poids d'une autre.

il n'y a rien d'héroïque à vouloir se fondre dans le néant.
il fait froid l'hiver et chaud l'été, dans ce nouveau monde qu'elle n'arrive plus à cerner. il fait sombre le jour et tout brille trop fort la nuit. il fait bon être dans les rues. il fait mauvais à la maison. l'école devient un terrain jeu où s'affrontent ses regards et ceux des autres, ses mots vipérins heurtent les âmes paisibles. tout pour éloigner le retour à la maison. tout pour fuir les repas avec les regards, avec les connards. maman a remplacé le thé par du whiskey, a remplacé papa par de pâles copies dont les yeux, les lèvres, la silhouette rappelait celle de l'être perdu. mais les mots, les voix, les regards, les gestes grinçait contre le tableau noir de la nouvelle vie. puis il y a eu Kai et maman a dit:

sleepover. et après, ori est restée une nuit de plus. puis une autre. et encore. et à jamais, elles ont du fuir. et les bleus qu'ori trouvait sur les hanches, les poignets, les cuisses disparurent un à un. le bonheur à deux vint caresser leur bulle partagée; dans l'épave qui leur servait de voiture, dans les appartements miteux, dans les rues froides. puis ori l'a vue pleurer, partir, revenir, s'arracher des mèches entières de cheveux, grincer des dents la nuit, saogner du bout des doigts, coeur ouvert entre ses mains chevrotantes. mais ori voulait que tout aille bien alors elle lui chuchotait le passé toutes les nuits:

pour du renouveau. alors elles ont choisi Liberty. et si de loin ça semblait aller, ori crevait un peu plus chaque jour. un amour qui meurt, ça existe? c'était pas tant l'amour que leur couple bancal qui se noyait un peu plus chaque jour passé dans la nouvelle ville. ori embrasse d'autres lèvres. ori explose, sa nymphe s'expose. provicatrice, elle griffe la surface. ori a peur. peur de quoi? elle ne le dit pas.