[a lot on my mind]

[1] Liberty, c'est le bandeau noir sur les yeux de Tabbi, la vitre teintée qui l'empêche de voir plus loin que le bout de son nez. Elle connait chaque recoin de cette putain de cage qui l'asphyxie jour après jour et qui lui rappelle l'époque pas si lointaine où il lui promettait qu'ils partiraient bientôt, dès qu'il aurait amassé suffisamment de blé pour se faire un nom à Vegas. A tout juste dix huit piges, elle faisait déjà semblant d'y croire pour lui faire plaisir. Pourtant malgré tous ses défauts, elle n'a jamais été naïve Tabbi. Toujours lucide, quel qu'en soit le prix. Ils étaient nés pour être les étoiles filantes de Liberty, le roi et la reine du bal de promo d'une petite ville de province en bordure des champs. Pas des Bonnie & Clyde version hollywoodienne. Leur vie, elle était ici, enracinée jusqu'à la moelle dans la bouse et le cambouis. Rien que ce nom, Liberty, c'est un peu comme si le bon dieu leur en avait chié une pelle sur la tronche. L'ironie du sort si vous voyez ce que je veux dire. Mais Em' il était pas comme ça. Lui, il y croyait plus dur qu'à la queue bandée de Rocco Siffredi. Il était de ceux qui vivent intensément, qui gagnent et qui flambent. L'argent lui brûlait les doigts pendant que ses rêves le consumaient.

[2] Elle n'a jamais voulu d'enfant Tabitha, c'était trop de responsabilités. Mais pour Em', c'était différent. Il adorait les gosses et les gosses l'adoraient. Sans dec, il était magnétique le padre, un peu comme un Santa Claus en blouson de cuir. D'ailleurs autour d'eux, tout le monde se demandait pourquoi elle n'était pas déjà en cloque la Tabbi. Est ce qu'elle était stérile ? Pour ces pécnos de première, le polichinelle dans le tiroir, c'était un peu comme le permis de conduire ou la première galoche. Une étape intrinsèque à l'espèce humaine. Et puis de toutes façons, est ce qu'elle avait seulement le choix ? En 79, il n'y avait pas de féministes à Liberty, juste ce putain d'instinct maternel qu'on lui balançait en pleine gueule pour un oui ou pour un non. S'il avait su qu'elle continuait de prendre la pilule en douce, il n'aurait pas compris Em'. La psychologie féminine, ça n'avait jamais été son truc.

[3] Pourtant elle a fini par se laisser engrosser Tabbi. Elle lui a passé la corde au cou et il s'est laissé pendre le sourire aux lèvres. Elle l'a fait pour un million de mauvaises raisons. Un peu par amour bien sûr, et beaucoup pour ne pas le laisser filer dans le lit d'une autre pétasse peroxydée. Faut pas lui en vouloir, elle a vraiment cru qu'elle y arriverait, que c'était ancré quelque part au fond d'elle, et que le jour J ce serrait comme une évidence ou une sorte de 6ème sens. Toutes ces foutaises dont on vous abreuve sans relâche pendant 9 mois. Sauf que ça ne s'est pas passé comme ça. Elle ne s'est jamais vraiment sentie mère Tabitha. Non, elle, cette relation de dépendance absolue, c'était définitivement pas son truc. Alors elle s'est contenté de vivre son bonheur par procuration. Pour Em'.

[4] Sex, alcool & depression

[5] Tig

Et voici la tant attendue histoire. Tu peux l'écrire comme cela t'inspires, sous forme d'anecdotes, de journal ou autre. L'important, c'est de respecter les trente lignes demandées. Cette partie est facultative si tu as détaillé quinze points dans la partie juste avant. Autrement, pas de minimum exigé, faites comme vous le sentez.