should i stay or should i go ?
 | Mer 10 Mai - 11:32 Invité |
Je n'aurais pas dû ouvrir les yeux, cette douleur lancinante est insupportable. Gueule de bois, encore une fois. Un petit gémissement passe mes lèvres pendant que les souvenirs affluent doucement dans mon esprit. Une dispute avec lui, des mots plus haut que les autres et j'ai eu des envies encore une fois interdites. Il était si beau, même si ces paroles étaient plus que douloureuse, que j'ai failli laisser mes sentiments prendre le dessus. Je n'avais qu'une solution, prendre la fuite pour encore une fois oublier. Et voilà le résultat, encore une soirée pour faire semblant, un domaine dans lequel je me débrouille de mieux en mieux. « Salut... » Un sursaut me parcourt quand j'entends cette voix et je tourne doucement la tête pour faire face au type dont je me suis servi du corps. Il est plutôt pas mal, encore chiffonné par cette nuit que nous avons passée ensemble, des yeux qui me rappellent trop les siens. Je vois sa main amorcer un mouvement dans ma direction, mais je me lève avec si peu de grâce que je finis sur le sol. Un petit rire passe mes lèvres, nerveux, avant que je ne remette sur mes pieds avec difficulté. J'ai mal, physiquement et psychologiquement, encore le résultat de ma déviance. Voilà ce qu'on gagne quand on est une fille telle que moi. Maintenant, il faut que je règle ce petit problème. Bête que je suis, il a fallu que je l'amène ici, chez nous. D'habitude c'est ailleurs que je me détruis, que j'abuse de la faiblesse des hommes envers les femmes. Je ne sais pas ce qui m'a pris. « Il est temps que tu partes. » Ma voix n'est pas amicale et je vois ses yeux s'ouvrirent comme des soucoupes. Je n'ai pas le temps pour un mélodrame et je lui lance ses vêtements à la figure avant de me rendre dans ma salle de bain. Le miroir me renvoie cette image qui est toujours la même, cette fille que je déteste. Une prostituée, comme mon grand-père aimerait que je le sois. L'eau qui coule efface rapidement les souvenirs de cette soirée sur mon visage et je me sens presque moi-même. Je passe un vieux tee-shirt et un short avant de retourner dans ma chambre. L'autre est en train de faire les lacets de ses chaussures et je ne lui lance qu'un seul regard pour lui faire comprendre qu'il doit me suivre. « Tu étais certainement plus agréable cette nuit, tu le sais . » Il est juste derrière moi et je sens sa main courir le long de ma colonne vertébrale. Je m'arrête et il se place en face moi. C'est vrai que j'ai eu bon goût, il m'arrive parfois d'être tellement au fond de mon verre que je finis avec des hommes que je ne regarderais même pas en temps normal. « Peut-être, mais cette fille-là est comme un suceur de sang, la lumière du jour lui fait peur et laisse place à une pauvre idiote qui regrette amèrement ses gestes. Alors, ne cherche pas à me dire quoi que ce soit, tu perds ton temps. » Je reprends mon chemin et ouvre la porte d'entrée en grand pour lui indiquer la sortie. Un instant, je me dis que je vais avoir le droit à des insultes mais il passe près de moi avec un petit sourire. Quel arrogant. Alors que je pivote pour le voir s'éloigner, je me bloque quand je reconnais cette silhouette qui est sur le porche. Qu'est-ce qu'il fait ici aussi tôt ? Cet épisode ne va pas rester un petit secret, j'en suis certaine. Un soupir passe mes lèvres, de toute manière, il aurait fini par la savoir d'une manière ou d'une autre. « Salut, tu ne penses pas qu'il est un peu trop tôt pour une visite de courtoisie ? » Mon regard se pose sur l'horloge et je plisse le nez de désapprobation. Il est midi passé. « Rentre, je vais voir s'il est là. » |
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