All you have to do is stay a minute. Just take your time. The clock is ticking, so stay. All you have to do is wait a second. Your hands on mine. The clock is ticking, so stay. ♪

La musique est enivrante, magique. C'est la première fois pour elle, mais son corps semble avoir attendu ce moment depuis une éternité. Le rythme prend possession de son bassin et elle se laisse guider. Tout ce qu'elle pouvait avoir en tête jusqu'à ce moment n'est plus, seul le rythme compte. All you have to do is stay. Ses cheveux rebondissent avec le tempo, ses yeux sont clos, mais s'ils étaient ouverts elle se rendrait compte que tous les regard s'étaient posés sur elle. Elle passe ses mains dans ses cheveux, se déhanchant pour un public inconnu. L'audience murmure à son égard, des rumeurs s'échappent des bouches des plus vils.

- Une Gale qui entreprend une danse si dépravée devant des hommes aux idées malsaines ? Quel blasphème ! La seul façon dont son corps devrait servir serait pour prêcher la bonne parole et non pour... exciter les plus vicieux.

La musique est bien trop forte pour lui permettre d'entendre ces propos mais Eve s'y était préparée. De toute façon les gens trouveront toujours une façon de l'insulter, même si elle menait une parfaite petite vie de catholique irréprochable.
Puis la musique change, mais son corps continue de vibrer. Elle ouvre les yeux pour enfin découvrir ce public qui la suit du regard depuis qu'elle est arrivée. Ça l'amuse. Un sourire satisfait ne tarde pas à gagner ses lèvres, alimentant encore plus les conversations des conservateurs l'observant.
Une fois la chanson terminée elle finit de danser et se dirige vers le bar afin de se requinquer. Elle commande une boisson non-alcoolisée tout en balayant la salle du regard. C'est ainsi que son regard gagne celui d'une inconnue. Qu'elle est belle avec sa peau halée et ses longs cheveux. Mais le barman ne tarde pas à la faire revenir sur terre, et quand elle recherche l'inconnue du regard cette dernière semble avoir disparue.
Elle sirote sa boisson, accoudée au  bar quand un homme, visiblement mal-attentionné (vu son regard vicieux), décide de l'aborder.

- Vous dansez très bien.

Elle reste indifférente et roule même des yeux quand il commence à se rapprocher d'elle, se mettant dos à lui, espérant faire passer le message. Malheureusement ce dernier ne lâche pas l'affaire et lui tapote l'épaule. Elle décide de l'ignorer mais il devient soudainement plus brutal et l'oblige à se retourner.

- Vous êtes marrantes vous les femmes. Vous vous habillez comme des p'tites putes et quand on vient vous aborder vous nous ignorez ou nous insultez de gros lourds.

Eve cherche de l'aide du regard mais le barman ne semble pas avoir remarqué la situation.

- Tu fais moins la maligne maintenant, hein ?

C'est pas possible...

Elle déteste l'alcool, Galatea. Elle déteste l'alcool pour ce qu'il a fait à son père. Et surtout parce qu'elle l'aime, un peu trop. Cette divine sensation qui endort ses pensées, qui enivre ses sens. La musique qui rythme ses pas, étouffe ses tympans. La vie paraît bien simple, ici. La danse, l'alcool, les jolies filles, la musique. Il y a plus la réputation de son père, ses problèmes, Lena ou les autres. Il n'y a qu'elle et ses verres qu'elle enchaine les uns après les autres. Le plus souvent, elle reste en retrait, Gala, à observer les autres. À leur imaginer une vie, un passé. Des histoires qu'elle se raconte, à défaut d'être accompagnée. Mais elle aime bien la solitude, Gala. C'est apaisant, parfois. Même si cela lui pèse aussi drôlement sur les épaules. Elle s'en accommode, elle en joue. Elle se noie dans le feu liquide qui lui brûle les lèvres, puis la gorge. Elle sourit. Sans raison. C'est le whisky qui la libère. C'est le démon qui s'empare de sa carcasse fatiguée et lessivée. Et elle se laisse faire. Digne fille de son père.

Elle observe les gens qui dansent. Et dans la foule, une gamine, qui doit avoir son âge, qu'elle a déjà vu en ville. Un visage pareil, ça ne s'oublie pas. Comme touché par la grâce. Mais maudit par les flammes. Un volcan endormi qui menace de cracher. Elle s'oublie sur la piste, répondant à la musique de son corps enivré. Gala n'est pas la seule à se sentir libre. Et de regarder danser cette inconnue, ça la rend presque sereine. Elle se dit qu'il y a toujours du bon dans ce monde, que les gens ne sont pas totalement dictés par les conventions. Qu'il y a encore certaines personnes qui envoient tout valser. Et ça lui fait du bien, à Gala. Le monde est foutu, mais il y a encore quelques lueurs d'espoir, ça lui réchauffe un peu le cœur. Celui qui peine à battre. Mais la danseuse s'échappe jusqu'au bar. L'alcool, le carburant de tous. C'est le dégout qui s'empare de la gamine. Putain de liqueur qu'elle adore autant qu'elle déteste. Mais Gala, elle n'est pas au bout de ses surprises. Son sang ne fait qu'un tour quand elle voit la blonde se faire accoster par un type qui a l'air lourd. Elle se fraye un chemin pour rejoindre le bar, prétextant vouloir un verre d'eau pour calmer sa soif. Mais en vérité, elle tend l'oreille. Le sentiment de justicier qui fait palpiter son cœur. La féministe en elle qui la grise davantage que l'alcool.

- Vous êtes marrants vous les mecs, à croire que parce qu'on existe, ce n'est que pour vous lustrer le manche.

Qu'elle répond en s'interposant entre les deux, accompagnant ses paroles d'un geste obscène de la main. Elle a les sourcils froncés et les nerfs en pelote. Elle sait qu'à la moindre étincelle, le feu va prendre et qu'il s'annonce d'ores et déjà violent.

- C'est pas parce que tu veux te la faire aussi qu'il faut que tu viennes me casser les couilles. Casse-toi, sale gouine.

Elle se lèche le coin des lèvres, hochant légèrement la tête alors qu'elle encaisse le coup. Elle tente de calmer son impulsivité, Gala. Mais c'est dur en face de gros cons comme ça.

-  Ecoute, moi, j'suis pas qu'un tas d'hormones. Je suis capable de réfléchir, j'ai un cerveau, tu comprends ce que je veux dire ? Alors tu ferais mieux de te tirer avant que ça dégénères. Crois-moi.

Et soudainement, une voix féminine se fait entendre. Eve réalise alors qu'il s'agit de la jeune fille qu'elle a aperçue plus tôt. Elle observe la scène, paralysée, quand une tierce voix se fait entendre. Le Barman ! Il a finit par remarquer l'altercation et vu son regard, le fauteur de trouble ne lui est pas inconnu.

- Hé toi, qu'il dit à l'attention de ce dernier, tu vas dégager de cette boite avant que ce soit moi qui m'en occupe.

On sent que l'interpellé souhaite rajouter quelque chose, mais il décide de rester silencieux. Sage décision. Il expire fortement, pour faire entendre son mécontentement, et se dirige vers la sortie.

- Ça va les filles ? demande gentiment le barman.

Eve opine du chef avant de reporter son regard sur sa sauveuse, sa Wonder Woman, sa Supergirl, bref, sa sauveuse.
"Merci beaucoup" sont les seuls mots qui quittent ses lèvres roses. Elle aimerait en dire plus mais son corps n'est vraisemblablement pas du même avis. Ça ne lui empêche guère d'offrir un magnifique sourire à l'inconnue.