should i stay or should i go ?
| Ven 7 Avr - 21:21 Invité |
[CODY ROY] "pour offrir aux oiseaux tes bouquets en sanglots de roses qui ne tiennent pas sous les marées je crois à trop les arroser sûr qu’on les noie parfois" (YURI PLESKUN) // CARNAVAGE[âge] vingt-trois années à traîner sa carcasse [origines] sang pour sang américain [en ville] depuis toujours, du berceau à la tombe, les pieds dans la fange [statut] cœur volage et solitaire, amoureux des solitudes [emploi] vendeur de rêveries éphémères au coin de la ru (dealer) [$$$] "je m'en allais, les poings dans mes poches crevées / mon paletot aussi devenait idéal" [groupe] black hole keywords: les printemps furieux, les cigarettes, les sachets en plastique, la morsure au fond du ventre, le briquet égaré, nuit noire étoiles mortes, le salaire sale, les mains sales, le faux regard pieux, rictus, où est passé ton sourire, les bières bon marché, la colère, la rancœur, reste de haine, miettes, la fatigue, les cernes, l’errance, la survie, la force des poings, la force des pieds, la force des dents, le feu ardent, la mauvaise pente, comment se relever, la pseudo-force, la jambe qui tangue, la mauvaise assurance, les larmes parfois [a lot on my mind] Je crois qu’il y a une force là-haut qui donne aux hommes la même chance dans la vie : la promesse d’un avenir lumineux, pas triste, la promesse d’un soleil jaune et gros comme un bouton d’or géant dans le ciel. Je crois surtout qu’il y a une force encore plus grande qui se plaît à piétiner tout ça, avec ses grosses semelles et son sourire carnassier, je l’ai vue dans mes rêves alors qu’elle riait en marchant sur mon existence, rouant de coup mon corps faiblard au passage, mutilant les dernières rêveries infantiles, me poussant brusquement dans l’âge adulte. Pourtant j’ai une volonté de fer, celle de ne pas ressembler au paternel, celle qui me fait rafistoler notre vieux rafiot qui nous sert de maison tous les jours. J’ai la force dans les poings, la force dans le cœur. La force qui d’abord m’a poussé à me dresser sur mes deux cannes, à clamer haut et fort « je ne serais pas comme eux, je serais bien meilleur, j’irais construire mon radeau dans la tempête là où eux ne seront que naufragés, noyés, perdus dans la marée ». Je me suis accroché avec mes doigts, en serrant les dents pour encaisser la douleur, parce que les hommes ne pleurent pas – ils boivent la tasse, seulement, parfois. Le père est parti, il a explosé notre rafiot. Alors Cody Roy il ne peut pas être un garçon et aller à l’école et s’occuper de sa sœur, et de sa mère, et être un père, et être un frère, et travailler, et grandir, et apprendre à devenir un homme, et continuer de rêver en plus de tout ça. Il a fallu faire des choix. Comme dans l’Antiquité où la malédiction originelle se transmet de père en fils comme la peste, il a dû verser son venin dans mes veines depuis le début, préméditant la chute du fils, essuyant ses talons dégueulasses sur ma face de bambin. Regarde-moi aujourd’hui : je nage dans les chaudes vapeurs d’alcool, j’effraie parfois les passants parce que l’alcool fait gerber ma colère par tous mes pores et bon Dieu, va essayer de canaliser une tempête, j’ai brisé des nez quand les mains bienveillantes ne cherchaient que l’apaisement. La charogne puante attire les rats. J’ai approché mon museau et ma queue sale de la puanteur, glissant mon nez dans les remontées acides. Maintenant je fais partie de la horde de rats, n’étant qu’une bête infâme de plus, traînant mes mains dans la fange, dans la crasse, qui me remonte jusqu’à la gorge, qui m’étouffe, qui sera mon déclin, peut-être !
[story of my life] Le père est parti, donc, entraînant le naufrage du rafiot. Me laissant seul aux commandes, capitaine ébréché, hébété, tentant de retirer l’eau qui s’accumulait avec un seau fuyant. J’ai plongé mes mains dans l’eau trouble, puis dans la vase, puis dans la fange, caressant des fossiles, déterrant des ossements. Il a bien fallu trouver quelque chose pour remplir les placards, les frigos, payer la télé toujours allumée pour combler la vacuité, pour faire taire la constance du silence. Je suis descendu dans les rues putrides de la ville, moucheron volant de merde en merde jusqu’à m’y enliser jusqu’au crâne. Ils ont su apprécier ma discrétion, mon goût du travail bien fait, le couteau dans la poche comme dissuasion, menace blanche et acérée. Ils ont su apprécier mon silence, mes hochements de tête, ma queue entre les jambes, ma nuque basse, mon jeune âge, ma crédulité, ma peur pour me façonner contre leurs poings de fer. La nuit me donne alors l’errance, les coins de rue, l’odeur des égouts. Je suis le phare dans la nuit des âmes esseulées, des âmes avides de sensations fortes pour un soir ou pour tous les jours, le phare à la lumière diffuse, verdâtre, pourrie, le phare titubant, érodé par le sel des marées. Il y a ceux qui n’achètent rien, qui viennent discuter, parce que la solitude les pousse à parler à n’importe qui de n’importe quoi. Comment s’échapper de ça ? Il me semble que quand je lève les yeux au ciel, c’est de la boue que je vois. La mère elle semble suivre la course de la lune, elle vient, s’en va, râle, pleure, disparait encore. Il reste Noa. L’être issu du même être, du même sang, des mêmes chairs. L’être autrefois solaire, elle me rappelle l’enfance, la douceur des lacs, la chaleur sourde des forêts. Elle me rappelle la candeur infantile, sa paume dans la mienne alors que nous fuyons le trou en courant vers des avenirs radieux. J’étais à elle ce qu’une ancre est à un bateau. Lui offrant une certaine stabilité, sécurité, lui permettant d’essuyer les tempêtes, les roulements violents des vagues sans qu’elle se brise en mille morceaux de Noa. Mais l’enfance s’efface et le creux béant qu’elle laisse derrière elle, la plaie purulente, fait germer l’orgueil et la pourriture. Regarde-nous aujourd’hui, frangin frangine, certes, mais les délices de jadis se sont évaporés avec l’alcool et les flammes de l’adolescence. Avec l’âge adulte sont venus les cris, les coups, les crises de colère, les poings serrés dans la vaisselle explosée, les accusations, les mots qui dépassent la pensée. Et moi, toujours, l’envie d’être le père, le frère, le fils et vouloir garder ma couronne de sable et mon trône de boue et tenter de garder un désordre ordonné, un déséquilibre équilibré, rester l’homme, le mâle dominant, le chien de tête, qui sort les crocs quand viennent les tempêtes.
[NEPTUNIUM 237/KEKE][âge] 19 ans [pays] bleu blanc rouge [personnage] scénario de noa roy [commentaires] aimez-moi svp
Dernière édition par Cody Roy le Sam 8 Avr - 12:02, édité 3 fois |
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