[a lot on my mind]
lost in hell, without clue from why I'm here - Piqué par le démon à sa naissance, on lui a assimilé le rôle de Satan terrestre. Ses sourires doux et délicats ne sont qu'une façade de la haine intense qu'il peut sentir bouillir entre ses entrailles. Ça tourne en boucle dans son esprit : il voudrait voir le monde crever, le voir mourir sous ses yeux, un verre de champagne à la main en s’enlisant d'un de ses vieux vinyles. Ils ne méritent que ça. Le monde entier ne mérite rien d'autre que du mépris et l'air hautain qui poursuit sa vie a chaque pas. Ses chaussures brûlent le sol, son entrée transforme son aura de gentilhomme en charbon acide. Rien de mieux que de sentir la puissance agripper ses tripes, lui faire lever la main haut et haut, essayant de toucher le ciel divin du bout des doigts, pour enfin la faire redescendre en un sourire mesquin. Bonne conscience ? Conscience ? En est-il doté ? Satan banni ces mots de son quotidien. Il se forge sa propre conscience, amère et purement méthodique. Contrôler les événements, balancer ses pions sur l'échiquier en gardant deux, trois fous dans sa manche. Jamais sincère dans ses dires, jamais là pour un brin de gentillesse. Ça lui pourrit les entrailles, comme Dieu toucherait un quart de sa peau pour le changer en ange. Il crèverait instantanément. Son âme est noircie, perdue dans les méandres du Tartare sans chercher la sortie. Plus rien ne peux sauver Asher. Sa mort fut signé à l'instant précis de sa naissance.

trapping your life between dollars and you'll stay - Dix-neuf ans et la bouche en cœur. Il l'avait trouvé sublime malgré les présentations radicales : papa et maman Lincoln d'un côté, papa et maman Cox de l'autre. Une table. Un contrat. Deux signatures. Deux vies. Six regards. Six envieux. Et Asher dans tout ça. Ce gosse qui signa le contrat en plantant ses deux yeux dans les siens. « Regarde moi, regarde moi signer pour faire de ta vie un enfer » et il n'avait pas menti. Les premières années ne furent qu'ignorances et mensonges, le cœur libre comme l'air et l'anneau planqué au fond de sa table de chevet. Il ne posait les yeux sur elle que pour admirer ses courbes féminines, soulever sa jupe lors d'une journée près du parc, ou pour vérifier qu'elle ne regardait que lui. Toujours marié. Toujours ensemble. Onze ans qu'elle subit, qu'elle baisse la tête, qu'elle reste cloîtrer dans sa prison d'or et d'argent. Le mariage surnommé Titanic par Asher lui-même, gisait dorénavant dans les profondeurs noires de l'océan. Ils partagent la même maison. Pas la même cuisine. Pas la même chambre. Pas la même salle de bain. Une maison pour deux êtres qui ne vivent qu'en colocation. L'un s'efforce de croiser son visage une fois dans la semaine, l'autre baisse la tête lorsque les yeux d'Hadès se posent sur sa peau laiteuse. Elle reste, car un pied à l'extérieur et elle n'a plus rien. Plus de toit, plus d'argent ni même son fils. Leurs fils. Ce truc qui gambade sous son toit, qui porte ses yeux, qui confond intelligence et insouciance, ce monstre qui n'est pas foutu d'avoir des bonnes notes. Asher n'en as fait qu'une bouché. Pensionnat depuis ses huit ans. Son ''fils'' ne lui manquent pas. Peut-être à elle, mais son bonheur ne compte aucunement. C'est lui, lui et lui. Le reste du monde et son mariage peuvent aller se faire foutre. Le Lincoln tente de garder une bonne image. Pourtant, on entend des pas le soir dans d'autres contrées, d'autres jupes qu'il défait d'un air ignare. Tous des putains.

daddy, I don't want a family only toys - T'entends ? Ce bruit qui raconte que ce fut un gosse pourri gâté. Pas un seul caprice ne suffit. Rien que deux mots. Je veux ; et ça venait picorer dans le creux de sa main. Enfant adoré. Enfant adulé. Enfant idolâtré. La recette pour agiter le poison qui s'endormait dans ses veines. Enfant pourri gâté au visage démoniaque et aux pensées sataniques. Ses bulletins sont remplis de parfaites appréciations, car Monsieur et Madame Linlcoln étaient derrière. On cache la vérité avec quelques billets. « Asher a tenté de faire brûler son camarade car il ne voulait pas lui donner son pain au chocolat ? Combien vous voulez. » c'est comme ça qu'il appris le monde. C'est comme ça qu'il compris que l'argent sauvait les plus riches de la misère du monde. Pilotis plaqués or, pour voir le monde de haut en balançant les billets aux pitoyables mendiants. Parmi ces mendiants, Stella et Leo. Déchets des Lincoln. Aucune fierté à apporter à la famille, qu'un amas d'inconnus avec qui il partage le même sang. Dire qu'il les apprécie est un bien grand mot. Il se contente de ne pas crier sur tous les toits qu'il n'a aucune compassion pour ces deux poids en plus contre l'héritage de papa et maman. Si l'argent n'était pas en jeux- non. Impossible, l'argent faisait tourner le monde. Si les Lincoln n'étaient pas en jeux, peut-être réviserait-il sa liste de bonté. Pour le moment, ils ne font partie de ses priorités. Stella n'est qu'une femme. Leo qu'un gosse perdu. Certainement jamais partis de ses priorités.

make america great again - L'élection présidentielle de cette année fut un franc succès. Sourire aux lèvres, larmes aux coins des yeux, sa meilleure bouteille de champagne avait explosé pour fêter l'occasion. L'Amérique n'est plus ce qu'elle était. Il lui faut revêtir ses anciennes couleurs, monter le drapeau américain bien haut comme il a fait chez lui. Drapeau coincé sur le dessus de sa porte d'entrée, battant contre vents et marées, toujours debout, se redressant avec fierté. Qu'il emmerde les autres et Hillary, Trump vrai prodige d'une nouvelle société qui saura faire briller ses vraies valeurs. Républicain et pro-armes, trois armes cachées à des endroits stratégiques dans sa maison. Avec ou non licence, il sait assurer ses arrières. Mais en plus de ça, sa langue claque au fur et à mesure qu'on le décrit comme raciste, misogyne ou encore homophobe. Chacun sa place dans le monde. Les personnes de couleurs avec les siens, les femmes avec les femmes, les gay avec les gay. Et une tonne de discours qui a tant de fois fait exploser un conflit entre sa sœur et lui. Leurs idées sont opposées. Différentes. Mais il a raison. Elle ne fait que repousser l'échéance de la vérité, se cachant les yeux du monde qu'il est. Qu'importe car il vit sa vie. La sienne. Entre corruption et mensonge. Ça fait passer quelques billets sous la table de son bureau de notaire, fait signer des contrats bidons à ses clients pour ramasser plus d'argent. Ça fonctionne. Toujours le même petit tour de passe-passe, n'hésitant jamais à hausser le ton ou se servir de ses mains. Ça lui fait plaisir. Un peu de violence. Il ne se prive pas sur sa femme, écrasant son poing contre ses côtes, la regardant s'effondrer au sol en chialant et suppliant. Pitoyable et remontant. Plaisirs secrets dont il ne se lasse jamais. Fier de ce qu'il est. Fier de l'ordure qu'il est devenu. Fier de la pourriture qui continue à rendre son sang noir et terreux. Plus de dix secondes dans le creux de ses yeux et l'on peut apercevoir les flammes de l'Enfer brûler notre peau.

and then, her - Visage angélique, sourire chavirant, présent calme et nature. Elle. Chaleureuse enfant des Dieux, elle descend sur terre. Sacré cadeau de la vérité et de la beauté, mère nature plomba sa vie de perfection. Jalousie innocente entre femme, jalousie tranchante entre homme. Tous le monde en veux, tous le monde tente sa chance, tous le monde s'écrase le nez contre le champ de force invisible autour de son corps. De ses courbes délicates. De ses jambes longues et blanches. De ses joues rosées. De son visage doux et calme. Ange perdue sur terre à la recherche d'un bon samaritain. Elle tomba sur Asher. Fils de Satan et diable en recherche de victime. Elle & Lui. Mélange dangereux, cocktails explosif. Elle ne peut plus rien faire. Mort d'avance, ses pouvoirs idylliques ne peuvent fonctionner contre cette âme perdue. Il peut faire quelques choses. Prendre cet ange sous son aile. Lui montrer ses complices : passions, violences, trahisons et sang. Il veut l'emmener en bas avec lui, regarder ses ailes blanches fondre sur le sol brûlant des enfers. Il veut. Il l'aura. Elle sera à lui. Elle sera son pantin des abysses. Touché coulé. Un roi. Une dame. Deux âmes. Une palpitante, l'autre branlante sur le bas côté. Deux objectifs. Lumière. Obscur. Asher gagnera la partie, la tentation remporte toujours sur le drap blanc. Il tachera ses vêtements d'un rouge vif, couteau planté dans l'dos. Elle crèvera de ses péchés, elle crèvera entre ses mains. Triste destinée pour un visage angélique.

Lumière de lune qui éclatait une partie de la cuisine, reflet doux et luisant sur le plan de travail qui venait transpercer la moitié de son visage. Sans émotion. Sans sourire. Une statue de marbre qui regardait son verre de vin se remplir de la boisson du diable, de ses acolytes. Qu'il s'en étouffe pour rejoindre les quartiers privés des âmes noires. Ses yeux brillaient d'une lueur malsaine, il était d'humeur à briser des vies. Briser la mentalité d'un ange laissé à l'abandon depuis des années. Comment l'aborder ? Il ne pouvait rentrer dans les quartiers de sa femme sans une bonne raison. Pourtant, une raison cramait le bout de ses lèvres : j'veux juste te détruire encore un peu, jeter la dernière poignée de terre sur ta tombe où tu y règnes six pieds sous terre. Hadès, confortablement assis dans son fauteuil de crâne, entendit sa supplication. L'ange venait à lui. Les bruits de ses pas lui arrachèrent une grimace. Ses bruits de pas délicats, doux, léger, petit et parfait. La lumière jaune le dérangea un instant. Diable s'accommodant à la lumière de la perfection. Elle était de l'autre côté de l'îlot, ses cheveux pendant contre ses épaules, son visage baissé et ses mains n'osant toucher le marbre blanc. Crève, salope. « Asher. » son prénom sortant de sa bouche lui donna des envies de péchés mortels. Crève, crève, crève. Les couteaux de cuisine n'étaient qu'à quelques mètres de lui. Mais ses poings suffisaient. « J'aimerais que nous dormions ensemble ce soir. Si … si vous n'en voyez pas d'inconvénient. » ses yeux brûlants retombèrent sur son verre de vin. Un sourire aux coins des lèvres. Elle connaissait la réponse, malgré son ton implorant et sa soudaine envie de le vouvoyer. Comme s'il n'était qu'un inconnu venu d'entre les morts pour pourrir sa vie. Réalité ou illusion ? « Tu m'fais pitié. » rire gras sortis d'entre ses lèvres, poussé par les entrailles des enfers. Son verre dans une main, sa bouteille dans l'autre. Il la toisa une fois, une deuxième fois, avant d'éclater de rire. Qu'elle se sente ridicule, rien d'autre que misérable face à lui. Elle ne peut vivre sans lui, c'est ce qu'elle devait comprendre. Qu'une femme comme elle, misérable, pitoyable ne peux vivre sans un homme. Dommage. Ce fut lui. « Je l'ai toujours dit. T'es rien d'autre qu'une putain. » son rire se coupa net. Ses yeux changèrent de direction pour quitter la pièce et finir son verre de vin calmement. Pitoyable et misérable petit être, crève entre mes mains dans un dernier soubresaut.