Babe
 « T'as couché avec Babe ? » L'accusation qui vole, percute, ne provoque pas de dégât, juste un haussement d'épaules. Un connard, voilà ce qu'il était. Un connard. Parce que dès qu'il avait posé les yeux sur elle, il n'avait eu qu'une envie, la souiller de la même manière que la vie l'avait fait avec lui. Pourtant, elle aurait dû rester intouchable, la copine de son petit frère, plus parfait qu'il ne le serait jamais. Ils allaient bien ensemble. Peut-être un peu trop. Alors il avait joué. Il l'avait cherchée, la petite perle trop parfaite. Il avait laissé ses mains glisser, ses doigts se faufiler quand personne ne regardait. Il avait presque brûlé sa peau de ses lèvres, à chaque mot susurré. Il avait flirté avec celle qui n'aurait jamais dû céder. Bousculé sa frêle silhouette entre un mur et lui à quelques reprises. Mais elle n'était pas plus parfaite que lui. Elle n'avait rien de la virginale statue aux traits épurés. Il pouvait le jurer, son bas-ventre se souvenant de la chaleur de ses cuisses, sa peau de ses ongles la griffant. Il ne regrettait rien, pas même lorsque le regard blessé et accusateur de son cadet se braquait dans sa direction. « Comment t'as pu me faire ça ? » vociférait l'ancien adolescent, le gamin qui lui rappelle un peu trop la version de lui avant la mort de papa et la folie de maman. Mais il n'avait rien vu de ces horreurs. Il n'était pas encore rentré, lui. Le sang dans le salon, dans la cuisine, sur le couteau, sur les mains qui rassuraient. « C'est qu'une fille. » répliqua Clyde, menant sa clope à ses lèvres comme si toute cette histoire n'avait pas la moindre importance. Et à ses yeux, c'était bien le cas. Ce n'était qu'une fille. Et si elle avait fini entre ses draps, c'était que leur histoire n'était pas importante, conclusion logique aux déboires de ses pensées. Une fille qu'il avait eu envie de souiller et il y était parvenu, véritablement. Par les tatouages gravés à même sa peau, par ses mains affamées qui avaient dévoré son corps, par ses coups de rein excessifs qu'il avait précipité entre ses cuisses. A plus d'une reprise. Sans remord. Elle était une opportunité, la jeune femme dont il fallait froisser la perfection. Mais si son cadet lui en parlait à cet instant, c'était sans doute parce qu'elle avait dû vendre la mèche d'une façon ou d'une autre. Lui n'avait jamais été du genre très expressif sur l'endroit où il mettait sa queue, parce que cela ne concernait que lui. « Ses parents l'ont mise dehors. » Parce qu'elle en avait parlé à ses parents aussi ? Ce fut ce que son regard renvoya à son cadet, pas une excuse, pas le moindre remord, non, juste cette interrogation accompagnée d'un éclair de surprise. « C'est con pour elle. »

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L'accident, l'homicide involontaire par imprudence
L'appel à deux heures du matin, le voix paniquée à l'autre bout du fil. Il n'y avait que quand plus rien n'allait qu'on oublie qu'on en veut à celui qu'on appelle à l'aide, parce qu'il n'y a que lui qui peut venir sans poser de question, qui saura quoi faire... parce que Clyde est son grand frère. Il ne s'était pas trompé, le Red Devils avait enfilé son blouson, grimpé sur sa moto et roulé jusqu'au lieu de l'accident. Il vit le verre brisé, le sang... il eut comme une vision brouillée quand une autre personne de sa famille avait été liée à un crime. Mais c'était différent, il s'en était rendu rapidement compte. Son petit frère n'avait rien prémédité, il avait simplement conduit en état d'ébriété, renversé la bouteille dans la voiture, imprégnant, empestant tout l'habitacle. Et le cadavre à même le sol. Il plaça ses doigts sur sa jugulaire juste pour confirmer le fait que sa poitrine ne se soulevait plus. L'absence de pouls ne laissa planer aucun doute sur la sentence : homicide involontaire. « Il a débouché... nulle part... j'l'ai pas vu... pas fait exprès... je... merde... je... j'vais aller en taule... j'vais... témoins... ont appelé... » Clyde l'entendait, ce discours à moitié dévoré par ses lèvres engourdies par l'alcool. Il leva les yeux, pour le regarder, sa tête prise entre ses mains, les larmes brouillant sa vue, la carrure presque chétive, recroquevillée face à sa propre culpabilité. S'il allait en prison, il n'en ressortirait pas vivant. Clyde le savait, c'était comme une trace indélébile sur ses rétines, dans son esprit, il allait le perdre s'il le laissait assumer la culpabilité de toute cette merde. Il se redressa, s'avançant vers son cadet. « Écoute... » Mais il continuait à déblatérer, alors Clyde l'a saisi par les cheveux pour attirer son attention. « Ta gueule maintenant. Tu vas m'écouter attentivement. T'étais pas là. C'était moi qui conduisais. Emmène la moto et tire-toi. » La décision la plus conne de sa vie... endosser la faute de son frère. Il avait peut-être baisé sa copine à plus d'une reprise, il lui donnait sa liberté pour le sauver. C'était ça la famille à ses yeux. C'était avoir ce courage débile qui le faisait agir comme il le faisait à cet instant, ne pas craindre la prison, se dire qu'il serait plus fort que le système. « Mais... » « Fais ce que je te dis. MAINTENANT. » Il l'avait interrompu, et si son frère hésita encore, Clyde le poussa en direction de sa chère moto, que son cadet n'actionna pas, mais poussa pour aller se mettre à l'abri quelques rues plus loin, là où on ne le verrait pas. Il l'observa fuir, à nouveau sans remord, c'était ce qu'il voulait, ce qu'il fallait faire, puis il s'assit au volant, les jambes dehors, alors que les sirènes commençaient déjà à se faire entendre. La ville n'était pas assez grande pour leur laisser plus de temps.

En gros, les sœurs Gale vivent toutes encore chez leurs parents, et pour cause, la famille est catholique (donc stricte de par leur père) mais aussi, il y a quelques années maintenant (4 ans) elles ont perdu une des leurs (suicide) et leur mère tomba dans une terrible dépression cherchant à rassembler toutes ses filles auprès d'elle. Elles tentent toutes de prendre plus ou moins soin de la maternelle et lui éviter toute crise.
pour les filles en elles-mêmes, elles ont toujours été confinées dans leur chambre (qu'elles partagent toutes, dormant deux par deux) et se sont créées un petit monde rien qu'à elles pour surmonter la pression parentale et les règles vraiment rigides. C'est un peu à la virgin suicides et picnic at hanging rock maintenant que j'y pense   ou le téléfilm "l'école de tous les talents"   Elles sont toutes des "phénomènes" dans le quartier, toutes connues pour être les filles mystérieuses qu'on retient captives. Damaris est l'avant-dernière et la plus "à part" du groupe, se plongeant dans des activités occultes etc...enfin des trucs un peu étranges. Je voyais bien les sœurs tirer les cartes de tarot sous son impulsion, la laisser lire leur avenir sur leurs paumes, boule de cristal et tout le blabla. Faire des petits rituels, comme des nymphes dans leur jardin, en robes blanches et couronnes de fleurs, durant les nuits. Elles ne sont pas obligatoirement toutes catholiques, ou du moins, beaucoup moins "traditionnelles" que leur parent. Tout ce qu'elles souhaitent, elles, c'est de pouvoir vivre. Tout simplement. Vivre librement, sans contraintes, sans chaines.
Je n'ai rien de précis quant à leurs activités personnelles, ni pour leur caractère. Néanmoins je les voyais bien toutes avoir des études un peu spéciales comme théologie, botanique, anthropologie, astronomie...des trucs qui marquent, ou bien des métiers assez "simples" comme fleuriste, libraire, bibliothécaire etc...voire ne rien faire et aider la mère malade dans la maison (l'aider à s'occuper du jardin, coudre, le ménage, la cuisine etc...). J'imaginais leurs situations très différentes les unes des autres. Je les voyais aussi un peu...comment dire, comme des fées en gros. Toutes ayant leur propre magie. Damaris, par exemple, est comme l'enchanteresse de la fratrie, elle est celle qui connait des trucs occultes, des trucs anciens, qui agit bizarrement, est détachée de tout etc...
Ensuite, une autre chose non négociable : elles ont toutes un prénom biblique et je pensais quelque-chose d'original pas de simples Marie ou bien Ange (je n'ai rien contre ces prénoms hein ). Mais plutôt des racines hébraïques comme Adah, Delilah, Keren, Ruth, Jemima...
Elles ont des racines irlandaises de leur père (ainsi que des ancêtres français de ce côté là) et croates de leur mère.
Autre chose, c'est que toutes ont été marquées par le suicide de leur sœur Anne (overdose de somnifères). Mais personne n'en parle comme un "suicide", c'est un secret familial, on n'en parle pas, on fuit le sujet lorsqu'il est demandé ou on prétend un accident etc...Mais leurs agissements/attitudes/pensées ont été définitivement modifiés après cet événement. Damaris par exemple, parait froide et éteinte...voire dure. Je voyais l'aînée particulièrement concernée par cette mort, peut-être se sentant quelque-peu coupable.