◊ with great power come great responsibility

" C'est toi l'aîné, tu pourrais lui parler, il t'écoutera toi, tu es son frère... " souffla Mr Bernstein l'air consterné et profondément désespéré en remplissant son verre d'un whisky ancien. Il tournait en rond dans le bureau, buvant petite gorgée après petite gorgée du breuvage écossais. Tom était assis sur un des fauteuils devant le bureau et suivait des yeux son père sans trop savoir quoi lui répondre. Il soupira longuement, " Ce n'est pas comme ça que ça marche... Ça n'a jamais fonctionné comme ça, tu le sais très bien, " répondit-il. Il n'avait pas vraiment envie de s'avancer sur ce terrain là, en fait le sujet revenait tellement souvent qu'il était à cours d'argument. Chaque fois qu'il venait voir ses parents il avait droit à la petite parenthèse Lawrence, mais aucun des deux n'étaient prêts à changer d'avis, ils pensaient avoir raison, ils pensaient que Lawrence faisait les mauvais choix, qu'il les avait toujours fait, qu'il tournait mal, qu'ils avaient probablement loupé un truc dans son éducation, ou bien c'était tout simplement lui qui n'était pas normal. Lorsque la conversation commençait à l'agacer, Tom mentait, disait qu'il parlerait à Lawrence. En réalité, il se fichait pas mal de l'avenir de son frère, il estimait qu'à 22 ans ce dernier était assez grand pour faire ses propres choix et qu'il était libre de faire ce que bon lui semblait. Mais il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter par moment, plus pour la santé de son cadet que pour son avenir professionnel. Mr Bernstein termina son whisky et son regard se perdit un moment dans le vide. Il haussa finalement les épaules. " Un jour il se rendra compte de tout le potentiel qu'il a gâché et que nous avions raison. J'espère pour lui qu'il ne sera pas trop tard... " Mr Bernstein releva les yeux sur son autre fils et un sourire se dessina finalement sur ses lèvres. Tom haussa les sourcils en le regardant, se demandant ce qui pouvait bien passer par la tête de son paternel. " Pourquoi je me soucis de tout ça alors que tu es rentré dans le classement des CEO de moins de 35 ans les plus prometteurs du pays ? " cette pensée sembla enchanter le père Bernstein qui reprit subitement plus de contenance et de gaieté. Tom pinça les lèvres dans un mouvement de modestie peu dissimulé, encore embarrassé à l'idée de parler de son succès.

Tom était réveillé depuis un moment, il n'avait pas beaucoup dormi, comme à son habitude, et il avait eu le temps de faire tout un tas de choses depuis son lit grâce à son téléphone. Il avait lu ses mails, consulter des rapports, corriger des lignes de code, lu l'actualité, répondu à ses mails et organiser son agenda pour la journée. Il avait fini par se lever pour se doucher et préparer son petit déjeuner.
Lorsqu'elle arriva dans la cuisine, une douce odeur de bacon grillé planait dans l'appartement. Les fines tranches venaient de sortir de la poêle et Tom, dont l'ordinateur était ouvert au plein milieu de la table, mettait en marche la centrifugeuse dans laquelle se trouvaient des oranges. Le jus coula dans un verre. Lorsqu'il se tourna avec le verre, il sursauta légèrement en remarquant enfin la présence de la jeune femme.  " Hey, ça y est, t'es réveillée, " dit-il avec bonne humeur. Il s'arrêta pour la regarder quelques secondes puis il détourna les yeux en pensant à un détail " Est-ce qu'il serait... possible de faire en sorte que ma soeur ne soit pas au courant de ce qu'il se passe ? " lui demanda-t-il finalement l'air sincèrement préoccupé par la question. Tyler roula des yeux avant de hocher la tête et de s'emparer du verre de jus de fruit qu'il tenait dans la main. " Ce qu'il se passe? ...Pas ...Ce qu'il s'est passé ? " demanda-t-elle avec un sourire espiègle. Tom sourcilla avec étonnement,  " T'as très bien compris, ou peut-être que tu considères que ça ne devrait plus se passer... Dans ce cas, si tu pouvais éviter de raconter à ma soeur que tu m'as mis un énorme vent ça m'arrangerait aussi, " ajouta-t-il sur un ton plutôt tranquille. Tyler pouffa de rire.  " Je ne dirais rien à ta soeur... Sur ce qu'il se passe, " fit-elle. Il esquissa un sourire et s'approcha d'elle, " Parfait, Mademoiselle Page, " il déposa un baiser sur ses lèvres pour clore le sujet.