Saul Shiele lost in the world should i stay or should i go ? messages : 13
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| Mar 13 Fév - 11:12 Saul Shiele |
Il s’allume une clope. Ses doigts s’entourant de la chaleur d’une fumée mortifère, le souffle de la géhenne sur son visage émacié par les frasques de la veille. Il a éreinté son corps, lion en cage, entre les cloisons de sa villa mensongère, lorsque ses invités bourgeois désiraient le baiser de la reconnaissance. Saul embrasse le masochisme, follement, presque amoureusement. S’en est dégueulasse d’absurdité. Collé dans l’ombre d’un immeuble usé, où les fenêtres s’ouvrent et se ferment, où les éclats de voix témoignent d’une vie morbide, vide, néant d’une profondeur absolue, idéalisée, quand les pas des jeunes nymphes galopent dans les escaliers pour trouver les bras de leurs copains, lui, il reste figé, visage couplé à l’astre chaleureux versant son sang doré sur sa peau brûlante. Paris lui manque, là, en ce moment. Le Louvre, les ruelles enchantées d’une culture toujours aussi fausse dont il aimait pourtant s’engouffrer, jouant des mots pour affronter l’ennui qui le taraude jour après jour. Après jour. Saul attend que l’autre se montre, dévoile sa face amicale. C’est l’un des seuls qu’il peut enfermer dans son panthéon d’ami fidèle. La fumée s’évapore, le mégot jeté sans ménagement dans une poubelle. Cette poubelle qu’il tire en photographie, le symbole de la société sauvage. S’il avait pris son carnet, pour un peu, il l’embellirait, juste pour l’ironie de Beckett, ces vieux noyés dans une poubelle. Le monde est-il la poubelle de la vie ? Il observe alors l’environnement morne, pâle, bouffeur des vies misérables. Elle, son chapeau de travers, ses boucles blondes s’agaçant sur ses reins. Son ami efféminé, maniéré, les lèvres se mobilisant dans un flot de passion ignoré. Les voitures, rangées, camouflées par une homogénéité à vomir. Tout se ressemble sans la révolte des esclaves harassés par l’exploitation de ces trop nombreuses multinationales, fléau de la paix. « T’en penses quoi de ces gens qui semblent des zombie ? Regarde-moi ça Nolan, ils sont tous obnubilés par des soucis quotidiens dont ils n’arrivent pas à se relever. » Ça le répugne, le rictus sur ses traits lacent des éclaires de cynisme comme protection du maelstrom de son esprit dissipé, indocile. Le gaillard Nolan vient d’arriver et il l’aborde déjà avec un sujet philosophique, en guise de bienvenue on ne pourrait faire mieux. Pas de tape affective sur l’épaule, ils sont élevés au-delà de ces manières stéréotypées vendues dans les films, romans, magazines. Ils commencent simplement à marcher. Et la marche délie les paroles, les questions d’inquiétudes. « Tu t’en sors comment ? » Saul ne s’encombre pas de fioritures. S’il est près de Nolan alors que la misanthropie se love dans son myocarde évanoui, c’est déjà un geste empli d’amour fraternel. Alors il l’emporte vers le bar originel, là où les beuveries s’auréolent d’une beauté éphémère, là où les mots se déchaînent de leur socle de convenance.[/b] |
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