Une fois de plus, t'as tenté de combattre la réalité. Tu t'es enfoncée tout droit dans le mur. T'as pas eu besoin de qui que ce soit pour y arriver. Comme à ton habitude, malgré la douleur et l'énième fois où tu trébuches, t'avances. T'avances, encore et encore. T'as beaucoup trop accumulé, ce soir. T'as besoin de souffler. Te laisser aller, c'est pas ton trip et pourtant tu t'y apprêtes, là.
Tu marches sans t'arrêter, effectues un pas de plus vers l'enfer. T'es pas capable de te concentrer, tu perds totalement contrôle de toi-même. Et comme t'es sous l'emprise de ce que tu détestes en tant normal, tu n'y vois aucun mal.
Tu remarques au loin de nombreux néons, diverses couleurs semblent se multiplier. Tout s'agrandit, se disperse. T'as qu'une putain d'envie, que tout ça cesse. Et c'est ce qui te pousse à accèder au lieu fréquenté, même un peu trop. T'es blessée, t'as mal au coeur, t'es ivre. T'hésites pas à balancer des insultes à ceux qui t'entourent. Tu te reconnaîtrais même plus si t'avais la possibilité de voir dans l'état que tu t'trouves actuellement.
Or pendant que les blessures t'irritent, quelqu'un te fait une proposition. Un inconnu qui a l'air bien trop abordable. Et tu t'laisses totalement faire. Tu l'accompagnes là où il t'en a fait la demande. Tu fais de nombreux pas avec difficultés. Toi qui es du genre à rentrer dans l'tas, te voilà coincée. “ T'es une belle p'tite slut, tu sais. ” Tu bronches pas suite à ses paroles. T'es comme inerte. T'es une p'tite poupée, incapable de bouger. Il t'a pris dans ses filets et n'est pas prêt de te relâcher.
” Allez là, j'ai l'impression d'sauter un cadavre. Bouge-toi ! ” Alors qu'il te secoue, t'es à bout. Tu n'en peux plus à tel point que tu ne réagis plus. Même pas t'essaies de te défendre, rien. T'es comme un putain de pantin, et le pire dans tout ça, c'est que t'es pas foutue de redevenir toi-même ensuite.
Après quelques minutes dans la pénombre, il t'abandonne. Tu reprends peu à peu tes esprits tout en remarquant d'abord qu'il te manque tes habits. T'es totalement perdue. Tu sembles avoir tout oublier et tandis que la rage te revient petit à petit, tu n'arrives pas à réaliser ce qui a pu se produire. Tu t'sens lamentable, pitoyable et tu regrettes ce qui te brouille l'esprit désormais. Tu restes assise contre l'un des murs délabrés sans crier. T'observes le matelas défoncé, t'es sur le point de chialer mais tu t'en retiens. Après tout ça ne servirait à rien, tu le sais.