♪ ♫ ♪tu peux m'embrasser, tu sais, pour nous réchauffer. il y a ce sourire insolent qui s'étire sur ses lippes gercées alors que ses dents claquent à cause de la froideur de l'hiver. il taquine, reiko, même dans les situations les moins propices. même sous ce foutu froid qui leur glace le sang à tous les deux. reiko, il sait qu'il ne le fera pas. ça fait trop longtemps qu'ils tournent autour, se cherchent et que rien ne se passe entre eux. si son partenaire le veut autant que lui, il aurait déjà fait le premier pas, non ? c'est ce qu'il se dit. c'est ce qu'il se répète en boucle pour arrêter de se faire des faux espoirs. reiko et
lui, ce n'est qu'un fantasme d'ado. qu'une phase dans une vie déjà bien remplie.
et pourtant...
et pourtant, leurs lèvres finissent par se rencontrer. se connecter.
et pourtant, le froid est remplacé par une chaleur à en étouffer.
ils se détachent pour reprendre leur souffle. reiko rouvre ses yeux et rencontre les siens. il sourit. encore. il sourit de toutes ses dents - comme un gamin. il rapproche son corps du sien, se cale contre lui et attrape son bras pour le passer sur ses épaules. puis reiko, il embrasse la peau de son cou qui n'est pas cachée.
il était temps, qu'il lâche. il n'a jamais attendu que ça, reiko. n'a jamais rêvé d'autre chose que de ses lèvres sur les siennes, du goût qu'elles devaient avoir. les deux orphelins rient. ils rient jusqu'à s'en décrocher la mâchoire.
♪ ♫ ♪ferme les yeux, que reiko ordonne. comme son petit ami n'obéit pas, il lui lance un de ses regards meurtriers. un qui veut dire que s'il ne fait pas ce qu'il veut, ça va mal finir. alors le concerné termine par les fermer. reiko s'approche de lui, tout sourire. il ouvre ses jambes, s'installe entre elles puis l'embrasse avant de dire :
tu peux les ouvrir. cette fois, l'exécution est immédiate. reiko, il a une boîte ouverte devant ses iris. non, ce n'est pas une bague. non, ce n'est pas une demande en mariage. c'est juste une gourmette à son nom.
sauf que...
sauf que la réaction n'est pas celle qu'il attendait.
sauf qu'il s'est relevé brutalement, a poussé reiko d'entre ses jambes.
t'as dépensé combien pour ça, reiko ? hein ? tu crois qu'on a les moyens ? reiko, il ne répond rien, se contente de rester les fesses par terre et d'éviter son regard de jugement. il n'a pas envie de lui répondre, ni de rester de rester ici. alors, il se relève en s'appuyant au canapé pourri de la maison qu'ils squattent depuis quelques jours. il défroisse ses affaires.
va te faire foutre, qu'il lance. il le pousse pour faire son chemin vers la sortie.
reiko, attends ! il se retourne, le regard plein de mépris et les yeux remplient de larmes. ça le blesse, quand il lui parle comme ça. quand il le prend pour un gamin irresponsable. il voulait juste lui faire plaisir... comme tous ces petits amis dans le monde.
j'm'excuse. t'en vas pas, j't'en prie. à ça, reiko, il craque toujours et revient dans ses bras en moins de temps qu'il ne faut pour dire ouf. il enfouit son visage dans son cou, renifle son odeur. qu'est-ce qu'il l'aime, son odeur.
elle est belle, la gourmette. la façon qu'il a d'essayer de se rattraper fait sourire reiko. toujours.
je t'aime. il relève la tête pour le regarder, pose délicatement ses lippes sur les siennes.
je t'aime, il répond contre sa bouche.
♪ ♫ ♪c'était quoi ça ? qu'il hurle dans la rue. il veut des réponses, reiko. tout de suite. cette fois, ils vont avoir une discussion. il s'en branle de savoir comment ça va se finir.
j'te cause, putain ! il attrape son bras et le retourne vers lui violemment. les passants le regardent comme s'il était fou. il l'est peut-être. à ce moment précis, il l'est vraiment. fou de rage.
t'as rien à dire ? répond-moi ! reiko, il a les poings qui s'abattent sur le torse de son petit ami. il frappe jusqu'en avoir mal aux bras. puis bientôt, son poing se colle à sa joue. il ne se contrôle plus. un deuxième est prêt à partir mais il l'arrête, attrape reiko dans ses bras pour le serrer contre lui. comme ça.
arrête, reiko ! lâche-moi, putain ! lâche-moi ! l'asiatique a beau lui hurler à la gueule, il ne le lâche pas. il le tient encore plus fort.
j't'en prie, calme-toi, il murmure à son oreille. comme si ses mots avaient un pouvoir magique, reiko se calme, arrête de débattre entre ses bras.
t'as cassé la gueule d'un mec et pourquoi ? parce qu'il m'a fait un putain de compliment. faut que t'arrêtes. il soupire, s'extirpe de la chaleur de son corps pour continuer son chemin. ce n'est pas la première fois, ce n'est pas non plus la dernière. et comme d'habitude, reiko lui pardonne. reiko retombe dans ses bras.
♪ ♫ ♪pourquoi tu réagis comme ça ? dans les yeux de reiko, on peut y lire de l'impuissance et de la panique. il ne peut rien faire quand son petit ami, il pète les plombs. il a toujours peur que cette fois, ce soit la fois de trop et qu'il en vienne à le frapper. reiko, il sait se défendre mais face à
lui, ça fera plus de mal que de bien.
j'suis là, tu vois ? j'suis avec toi, pas avec un autre. il tente de le rassurer comme il peut. de lui montrer qu'il l'aime et qu'il n'a aucune raison de réagir de cette manière. sauf qu'avec
lui, il n'y a pas de juste milieu. il se rapproche doucement de lui, pose une main sur sa joue.
calme-toi, bébé. j'suis là. reiko rencontre son regard et ce qu'il y lit, ça l'effraie. il ne recule pas pour autant. il remonte sa seconde main pour encadrer son visage.
je t'aime. toi, pas un autre. toi tout entier. jusqu'à la mort, tu t'souviens ? il ne sait pas si c'est le bon moment mais il pose ses lèvres sur les siennes, le rapproche à lui pour que leurs deux corps se collent. il le sent se détendre, lâcher prise et se laisser aller au baiser. c'est reiko qui termine par le briser afin de pouvoir, encore une fois, le regarder dans les yeux.
me refais plus ça, j't'en supplie. il le serre contre lui et même s'il ne reçoit aucune réponse, il s'en fiche. il est juste soulagé que cette fois, ça ait été si facile de le calmer.