[a lot on my mind]

[un] La bataille navale. Un jeu qui l’obsède. Dont il se lasse jamais. Ja-mais. Surtout dans ses moments de tranquillité. Seul'ment, faut trouver des partenaires d'jeu et pour ça, il s'fait pas chier. L'inconnu fera bien l'affaire. Il s'en bat les couilles, le clebs veut juste jouer. Son endroit de prédilection ? Starbuck. Les grilles gribouillées sur des serviettes en papier.
 [deux]  Son animal fétiche ? La licorne. C'pour les p'tites filles les licornes ? Fuck you profondément. Il kiffe et l'reste, il s'en branle. Jugé tâche. Parfois tafiote. Rien à foutre. Les goûts et les couleurs, hein ? Seul'ment, l'clebs, il est certain, il y croit. Ca existe quelque part comme les sirènes et un jour, il en aura une. En attendant, malheureusement, c'est ses pitbulls qui écopent d'déguisement bancale. Pauvre clebs. Crédibilité à revoir. Virilité avorté.
[trois] Suicide vestimentaire. Mad, il attrape la première chose qu'il voit. Rien ne s'assemble. Rien n'va ensemble. Un peu comme sa life. Ouais. Comme sa life. Éparpillé. Détruit. Moche. Homicide oculaire.  Mad, ça ressemble à un clochard la plupart du temps. Y ressemble à quelque chose que lorsqu'il fait des efforts. D'énorme effort parce que l'frangin l'aura fait chier avec ses goûts particuliers. C'est-à-dire inexistants.
[quatre] Mads, il adore les cartes et les plans de ville. Il en a toute une collection tout aussi chiffonnée et gribouillée de toute annotations. Souvent tâchée aussi. Du sang. Du café. De la morve. Oui ça arrive. Il en a pas besoin, le clebs, pour se repérer et errer dans les rues mais il aime ça. Voir les artères des villes sur papier. Un peu comme un journal intime. Un peu comme un tic de taré. Du n'importe quoi. Comme lui ... Comme lui.
[cinq] Le limier. Surnom octroyé. Nom de scène. Pourquoi ? Parce qu'il te retrouverait une aiguille dans une botte de foin avec son flair. Parce qu'il est utile à son frangin quand il s'agit d'éliminer la vermine. Suffit de dire un nom et il te trouve la cible à éliminer. Travail pas souvent propre mais exécuté comme il se doit : sans scrupule et de sang froid.
[six] L'clebs, il aime ses semblables. Son animal préféré après les licornes. Ouaip. Il aime les causes perdues, p'être parce que ça lui rappelle sa médiocre existence. Ouais. P'être bien. Mad, il recueille les chiens de combat mis à la cave. Trop abîmés pour être montrés. Trop vieux pour combattre à nouveau. Alors, Mad, il les sauve du néant et les recueille chez lui ces traumatisés. Ces maltraités. Ces mal-aimés. Utilisés par l'être humain pour ses fins personnelles. Comme lui. Comme lui.
[sept] Mad, il a plusieurs pied à terre. Du squat malfamé allant à la riche demeure luxueuse. Il y crèche là où son humeur lui dit d'aller. A chaque refuge, une flopée de chiens. Cela va sans dire. La plupart des pitbulls, rottweiler et doberman mais Mad, il a de tout. De touuuuut. Mais pas des chihuahua, il trouve ça trop moche. Pouah.
[huit] Son frangin est à la tête d'une organisation mafieuse reliée à la prostitution et la vente de drogue. Sa thune vient de là. Ce qu'il possède est sorti tout droit du trou duc de cette organisation dégueulasse. Le manque de scrupule est de famille mais le plus sombre reste l'aîné de la famille. La manipulation, c'est que Jo' a de plus qu'Mad. Il sait le manier, l'essorer psychologiquement comme une éponge. Plus que tout, il sait invoquer "Bone". Il l'sait le frangin que "Bone"lui fait du mal. Qu'il le pousse à sa perte à chaque immondicité ordonnée par le frangin. Jo' le sait mais il continue à noircir son âme en toute conscience. La famille, c'est du business aussi, non ? Pas d'état d'âme.
[neuf] Terreur nocturne et hallucination. Mad, il a ses périodes d'pas bien. Ses périodes de folie à lier. Instabilité abrupte. Brutalité démente. La psychose gravée dans les iris. L'âme en divagation. Mad devient vagabond de sa propre existence et ne trouve d'apaisement que dans la violence. Il devient l'ennemi numéro 1 mais aussi son propre ennemi. Mad devient "Bone". Dans ces moments, il lui arrive de recevoir la visite de chaque personne qu'il a buté. Il les confronte et s'prend la gueule avec. Les tue une deuxième fois ou s'fait buter. P'être une sorte d'culpabilité en latence. En sourdine. Celle qui te bouffe sans que tu t'en aperçois. Celle qui te tue silencieusement. Violence retournée contre soi-même. Retour à l'envoyeur. Retour au tueur.
[dix] Maman Boone. La reine. La génitrice. Celle qui a été douceur et amour avant d'être la tarée du coin. L'initiatrice de l'état psychologique de Mad. Ouais. A y mettre la main sur le feu. Mum Boone et ses mauvais choix. S'accoupler deux fois de suite avec un connard violent. Mum Boone et ses yeux mauves. Ses hématomes aux formes originales à chaque fois. Mum Boone et son rouge à lèvre bancale. Fêlure physique. Elle a pas supporté le coup de trop. Le gauche musclé sur Mad. Son chiot, faut pas y toucher. Alors Mum Boone, elle a pris le couteau d'cuisine et a dessiné les années d'acharnement sur la carcasse de Papa Boone. Coloriage de vermeil. Papa Boone, y ressemblait plus à rien. D'la chair à saucisse. Du steak haché. Rage ensanglantée. Pour Mad, sa mère n'a jamais été aussi belle qu'à ce moment là. A se libérer. A s'exorciser de tout c'qu'elle a vécu. Tout ce qu'elle a pris dans la gueule. Puis le désarroi, le désespoir prend la place de la rage. " Je t'aime, Mad " Derniers mots sucrés avant de s'pendre devant le rejeton. Trop peur de la taule. Trop peur de la sentence. Tout l'monde atteint une limite un jour ... Elle, elle l'avait dépassé d'puis trop longtemps.
[onze] Mad, il sait pas dessiner. C'une merde. Et pourtant... et pourtant. Quand il s'agit de dessiner les monstres dans sa tête, dans ses visions. Il est bon le mec. Il est bon. Doué pour retranscrire l'horreur. Greffer sur papelard les créatures tout aussi fantastique qu'horrifique qui peuplent son esprit disloqué. Il décore ses murs avec. Décoration intérieur morbide.
[douze] Dans ses périodes de calme, Mad passe inaperçu. S'fond dans la masse. Certes, il reste l'illuminé. Le bizarroïde avec ses tics et manie. L'autiste parfois. Mélancolie qui fornique avec une sorte de poésie sombre. Par moment ponctué de session de dépression. Spleen d'un artiste sanglant. Douceur éphémère. Marshmallow incapable de faire du mal à une mouche.  
[treize] Mad se drogue pas. La guedro c'pour s'évader d'la réalité. L'addiction vient du besoin de s'en aller, d'quitter c'te vie. Fuir. Il estime, l'clebs, qu'il en a pas besoin. Pas parce que sa life est parfaite mais juste parce que s'évader, il sait l'faire tout seul. Par lui-même. Par l'monde qu'il s'est forgé. D'sa vision du monde par ses yeux révulsés. Gorgés d'sang. D'paillettes. D'hématome. D'pisse. D'violence dégueulée. D'arc en ciel. D'sirène. D'extra-terrestre. D'horreur. D'merveilles.
[quatorze] "Bone" Parce qu'il a une obsession pour l'anatomie humaine. Les prouesses que l'corps peut faire ou dans son cas, subir. Lors de ses "missions", il aime fracture. Ouverte ou pas. Les os qui se craquent. Les ligaments qui se rompent. Sentir le corps lui résister puis lâcher prise. CRAC. Puis le reste, ça l'amuse moins. Le reste, ça l'emmerde. Ca dégueulasse. Ca en fout partout. Avec le temps, le mec, il t'arrive à te briser en deux trois mouvements. Devenu un pro. Craint par les sous-fifres de Jo' pour son art manuel. Personne n'aime "Bone" sauf Jo'.
[quinze] Mad a passé deux jours avec sa mère pendue dans la cuisine avec la cadavre du daron dans le salon avant que Jo' rentre et découvre. Le trouve sous l'ombre dansante de la daronne à chialer pour qu'elle se réveille. Depuis, Jo' et lui ne se sont plus quittés. Jo' a pris soin de lui, a tenté de le réparer d'son mieux. Échec cuisant. Puis "Bone" est né et Jo' a préféré éduquer ce frère. Bien plus utile. Bien plus fort pour c'monde de noirceur.