I. Derrière le calme se cache la folie.

- Quand tu veux écrire à propos de quelque chose, il faut d'abord que tu l'aies vécu.
- Et tu veux écrire à propos de quoi ?
- La mort.

Sem vous teste, vous observe et retient. Ses phrases sont des appâts et vos réponses la prise au piège. Il est rusé, astucieux, redoutable. Un sourire peut dire énormément de choses et le sien se traduit par un mot : la satisfaction. Satisfait de quoi ? De tout. De vous et de rien. Son esprit papillonne, guette et note. Des centaines de mots, des vérités désirées secrètes, des secrets désirés vérité. Et tout reste gravé sur le papier.


Qui est-il ? D'où vient-il ? Que sait-on de lui ?
Beaucoup parlent mais peu savent.

Sem, celui qui fait parler le bois, l'homme aux mains caleuses mais pourtant si douces. Successeur d'un ébéniste regretté assassiné par une habitude déplorable. Habitude reprise par son fils.

Sem, l'écrivain désemparé au succès chimérique, atteint du pire préjudice possible pour un romancier, le syndrome de la page blanche. Résolu à déménager, quitter cette ville, trouvant ce qu'il clame être un message de son père. Une maison, construite par les mains de ce dernier, dans une ville aussi énigmatique que fascinante. Liberty.

III. Derrière les portes du garage se cache l'inspiration.

Croisée au coin d'une rue, l'inspiration. Un choc et les bouquins sur le sol, éparpillés. Une main généreuse et un secret dévoilé, entre Huxley et Camus, la suite. Par ce qu'il l'avait prévu, cette rencontre.
Les retrouvailles, la muse en combine bleu, ignorant les mots embrassant le papier. Le chambranle des portes du garage comme appui et des idées plein la tête.
Abram.
Et il aime l'observer bosser, Sem, il voit plus qu'un gars en combi bleu, c'est carrément un univers qui s'étale, des syllabes qui dansent sur le capot des voitures, une symphonie pour le plus chanceux des spectateurs. Et les lettres, elles valsent sur son manuscrit, les mots se font l'amour, c'est charnel, c'est puissant.